Victimes collatérales du Covid-19 : Les enseignants du privé crient leur détresse

8 July, 2020 - 23:48

Depuis l’arrêt des cours, le 13 Mars dernier, suite aux mesures contre la pandémie Covid-19, les enseignants du privé sont confrontés au non-paiement de leur salaire. En telle tourmente, d’incessants appels ont été lancés au chef de l’État. Après de vaines rencontres avec leurs employeurs, ils ont multiplié les démarches devant le ministre du Travail : échec tout aussi cuisant. Aucune oreille attentive ce jour. Dernier recours, leur Amicale a sollicité madame Coumba Dada Kane, la députée abolitionniste, de porter leurs doléances. Celle-ci se dit « peinée par la situation des enseignants du privé qui accusent cinq mois d’arriérés de salaires ». Mesurant la précarité de leur situation, elle déplore l’absence de mesures palliatives ou d’accompagnement, et surtout de concertations, en vue de trouver des solutions justes et équitables. Et de dénoncer les salaires de misère et le laisser-aller prévalant dans un secteur où les promoteurs refusent, en toute impunité, de se plier à leurs obligations. Madame Kane entend donc défendre le dossier des enseignants auprès des autorités gouvernementales et au sein de l’hémicycle pour un règlement définitif de ces flagrantes injustices.

 

Urgence humanitaire

Dans une lettre adressée au président de la République, les enseignants tentent, par le biais de leur amicale, de faire part « au gouvernement de notre pays, de la précarité de notre situation et lui demande d’apporter des solutions à l’urgence humanitaire qui est la nôtre. Cela fait cinq longs mois que nous n’avons reçu le moindre salaire de la part des établissements privés d’enseignement pour lesquels nous travaillons. Nous comprenons que les difficultés liées à la crise de la pandémie Covid-19 aient suscité une situation exceptionnelle mais il ne nous revient pas d’en porter le fardeau.

Nous sommes des chefs de famille ne vivant que de nos maigres salaires d’enseignant et il nous était déjà difficile de joindre les deux bouts. Mais nous nous retrouvons maintenant abandonnés à notre propre sort, sans aucun revenu mais toujours tenus à nourrir nos familles, honorer nos engagements vis-à-vis de nos bailleurs, payer nos factures », déplorent-ils. « La situation devient intenable et il devient plus qu’urgent d’y mettre fin ».

Et Moustapha Mohamed, président de l’Amicale des enseignants du privé, de marteler : « l’État doit prendre ses responsabilités en rappelant aux établissements d’enseignement privés qu’ils ne sont pas au-dessus de la loi et doivent s’acquitter de leur devoir. Il est inconcevable, dans un pays de Droit, de priver des citoyens, à la moindre difficulté, de leurs moyens de subsistance. C’est non seulement contraire aux enseignements de notre sainte religion mais aussi une violation de tous les engagements de notre pays en matière de droits, notamment de Droit du travail. […] Nous attendons également de l’État qu’il s’emploie, compte-tenu de la précarité où se trouvent les enseignants du privé, à ce qu’ils bénéficient des programmes d’assistance initiés en vue de soulager les souffrances des populations ».

Même cri de détresse lancé en direction des élus du peuple et représentants de toutes les catégories socioprofessionnelles, afin que les enseignants puissent faire face aux dépenses quotidiennes de leur famille respective et que soit évitée, à l’État, une crise majeure dans le secteur éducatif. « Face à une situation désespérée pour laquelle nous n’avons et ne voyons aucune issue heureuse pour nos familles en désarroi, nous appelons les autorités de notre pays à se pencher sur le drame que nous vivons, en faire une lecture et évaluation urgente, dans le sens d’une solution qui soulage, ne serait-ce que quelque peu, des centaines de familles d’enseignants du secteur privé acculées à la famine », conclut Moustapha Mohamed.

Thiam