Question et guerre du Sahara mauritanien (suite)

4 December, 2014 - 00:15

(suite des publications de documents diplomatiques français,

voir Le Calame des 14 & 28 Décembre 2010 – 4 & 25 Janvier, 8 & 22 Février 2011 – 22 Juillet,12 Août & 14.28 Octobre 2014 )

 

                                                                                                         

 

 

Les débuts de la contestation de l’anomalie espagnole au Sahara

 

 

 

                       

                        Le « mouvement des hommes bleus » comme beaucoup de phénomènes au désert, même en politique, apparut inopinément et a disparu sans faire part. Pas étudié ni pour son époque ni pour ce que sont devenus ses chefs et ses militants, notamment vis-à-vis du Front Polisario, le MOREHOB est intéressant par lui-même parce qu’il indique la complexité des attitudes et mouvements au Maroc à propos de la question saharienne. L’Algérie, au contraire, est simple à déchiffrer, et habile puisque c’est chez elle que s’abritent les mouvements indépendantistes, feignant de la croire désintéressée territorialement : elle a une stratégie d’Etat voulue par son chef du moment, Houari Boumedienne à qui la vie a été ôtée (Décembre 1978) très vite après sa victoire sur la Mauritanie (Juillet 1978) dont il n’avait pas vu qu’elle était la seule à pouvoir le faire profiter un peu quoiqu’à terme du condominium économique sur l’ancienne possession espagnole. Quoiqu’elle ait évidemment intérêt à éloigner la ligne de son chemin de fer minéralier de toute frontière, la Mauritanie, dans la question puis le drame du Sahara occidental, n’est pas un Etat – qui se révèlera très faible – mais un peuple aspirant à la réunification. La suite et l’actualité montrent ensemble que la stratégie indépendantiste du Front Polisario n’a abouti qu’à une absorption de la possession espagnole par le pays le moins saharien de ses riverains ou voisins.

 

                        La chronologie dans ces années d’avant-guerre fait comprendre fait comprendre que les réunions et échanges de visite entre les trois gouvernements algérien, marocain et mauritanien n’ont abouti ni à une réelle divination mutuelle des objectifs de chacun ni à une relation collégiale avec les mouvements de décolonisation. L’unité de vue et d’actions n’est qu’éventuelle entre les Etats riverains de la possession espagnole. Chacun a d’abord sa dialectique propre qui laisse à Madrid, mais aussi aux Sahraouis, l’initiative. Ce sont donc ces derniers qui, par défaut autant que par la nature du fait « colonial », ont la maîtrise du calendrier jusqu’en Novembre 1975 en réponse aux événements de Juin 1970 – encore mal connus pour ce qui les provoqua.

17 Juin 1970

à El Ayoun, chef-lieu du Sahara administré par l’Espagne, manifestations sahraouies et sanglante répression ; Khattry Ould El Joumani (qui avait participé au congrès d’Aleg) et Be Cheikh Ould Ba Ely sont arrêtés par les autorités espagnoles

           6-9 Juillet 1970

à Rabat, négociations mauritano-marocaines aboutissant à la signature entre Maroc et Mauritanie d’accords de coopération : commerce, transports aériens, transports maritimes et pêche ; une commission mixte est instituée

14 Septembre 1970      

à Nouadhibou, sommet « tripartite » : Maroc, Algérie, RIM

le roi Hassan II, les présidents Boumedienne et Moktar Ould Daddah examinent les problèmes régionaux, et «  après une étude approfondie de la situation qui prévaut au Sahara sous domination espagnole, ils ont décidé d'intensifier leur collaboration étroite pour hâter la décolonisation de cette région et ce, conformément aux résolutions pertinentes de l'Organisation des Nations Unies »

29 Avril 1972

communiqué commun des présidents Moktar Ould Daddah et Houari Boumedienne à Alger : « renforcer les efforts et établir une plus grande coordination dans le cadre des décisions du sommet de Nouadhibou afin de hâter la libération de ces terriroires » espagnols ;

12-15 Juin 1972   

à Rabat, sommet annuel de l’O.U.A. : résolution sur le Sahara ; en marge, accord frontalier entre le Maroc et l’Algérie ; en marge aussi, principe du partage de la possession espagnole entre Maroc et Mauritanie : échange de lettres signées devant Boumedienne

14-15 Juillet 1972            

voyage surprise du président Moktar Ould Daddah à Rabat : « les deux chefs d’Etat ont convenu de procéder à l’avenir à d’autres rencontres de même nature, visant à consolider les relations entre les deux pays et à renforcer davantage leur coopération »

22 Juillet 1972       

le gouvernement espagnol déclare que désormais toutes les nouvelles concernant le Sahara seront considérées comme confidentielles

15 Août 1972        

coup militaire avorté au Maroc : tentative d’abattre l’avion royal à un retour de France du roi Hassan II

20 Octobre 1972  

à Rabat, l’Opinion quotidien de l’Istiqlal publie un entretien d’Allal el Fassi : «  Notre position à l’égard de la Mauritanie n’a pas changé. Bien entendu l’indépendance de ce pays est actuellement légale par la reconnaissance de notre gouvernement, mais elle n’est pas légitime. Lorsque nous parlons de l’unité du territoire marocain, nous parlons du Maroc tel qu’il était au moment du pacte d’Algésiras évidemment. C’est ce Maroc-là que la France a partagé avec l’Espagne et c’est ce Maroc-là que ces deux pays doivent nous rendre. » 

Unité du Maghreb : «  Dans ce cas, le problème des frontières ne sera pas posé. Mais quand nos frères algériens, tunisiens, mauritaniens présentent un esprit national étroit et demandent à récupérer des territoires qui ne sont pas à notre point de vue, les leurs, il ne reste alors qu’une seule voie : celle de défendre notre territoire »

23-26 Décembre 1972   

dans le cadre des consultations périodiques entre l’Algérie et la République islamique de Mauritanie, communiqué commun  relevant « la qualité exceptionnelle des rapports politiques entre les deux pays (examinent) toutes les possibilités d’institutionnaliser leurs relations en vue de leur donner une dimension nouvelle »,  la République islamique de Mauritanie décide de « confier à l’Algérie le soin d’entreprendre les démarches nécessaires en vue de son adhésion aux divers organismes de coopération mis en place afin d’apporter sa contribution à l’édifice de l’ensemble maghrébin » - les parties conviennent de « poursuivre leurs efforts pour déjouer toutes manœuvres colonialistes visant à briser la solidarité des trois pays frères sur le problème du Sahara »

14-15 Février 1973         

le secrétaire d’Etat français à la Coopération, Pierre Billecocq vient en Mauritanie signer les nouveaux accords de coopération

20 Février 1973

la Djemaa du Sahara sous administration espagnole adopte une résolution sur le « droit du territoire à l’exercice de son autodétermination quand il le demandera et sans influence étrangère »

10-13 Avril 1973  

5ème congrès de l’UTM – réunification et intégration au Parti, 73% des travailleurs adhèrent à la nouvelle Union

4 Mai 1973         

à Nouakchott, au cours d’un rassemblement populaire, Ahmed Ould Mohamed Salah fait état de l’existence en Mauritanie d’un mouvement politique clandestin, dit Mouvement démocratique national M.D.N. soutenu de l’étranger et bénéficiant de la complicité de fonctionnaires et agents de l’Etat

10 Mai 1973       

au Sahara occidental sous administration espagnole, dans la clandestinité, congrès constitutif du « Front Polisario » (Front pour la libération de la Seguiet-el-Hamra et du Rio de Oro)

23-24 Juillet 1973        

sommet tripartite d’Agadir = le président Boumedienne, le président Moktar Ould Daddah et le roi Hassan II : intégration de la Mauritanie au Maghreb arabe et réalisation en commun d’un axe routier Agadir-Tindouf-Atar

 

Bertrand Fessard de Foucault - Ould Kaïge

 

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Ambassade de France en Mauritanie n° 217/DAM

RC/LM

Nouakchott, le 26 Juin 1972                                     

Robert ODDOS, chargé d’affaires a.i. de France en Mauritanie

à Son Excellence Monsieur Maurice SCHUMANN

direction des Affaires Africaines et Malgaches

 

A/S.  après les manifestations antiespagnoles du 17 Juin

 

Les manifestations de rues ne sont pas un spectacle insolite à Nouakchott. Elles permettent aux éléments les plus turbulents de l’opposition syndicale ou politique d’exprimer, à l’occasion, par la voie et le geste, des points de vue que la presse et la radiodiffusion ont pour consigne d’ignorer.

La libération du « Sahara sous occupation étrangère » ne figurait pas, toutefois, jusqu’ici, parmi les objectifs déclarés de ces adversaires du pouvoir.

Qu’ils en aient fait, le 17 Juin, le motif exclusif de leur démonstration a donc pu surprendre. Certes, à l’Ambassade d’Espagne, qu’ils ont pris pour cible et où ils ont brisé quelques vitres, on affecte la sérénité. Mais cette action n’était point isolée. Elle s’accompagnait, dans la médina, d’une campagne d’inscriptions et de graffiti stigmatisant la « trahison » dont à Rabat le Président MOKTAR se serait rendu coupable en escamotant le problème ; les slogans étalés sur les murs réclamaient le retour à la patrie du « Sahara mauritanien ».

C’est à l’Ambassade du Maroc que l’événement – malgré ses dimensions modestes – suscite le plus de commentaires, sinon d’inquiétude. On y dissimule mal un certain dépit devant l’ingratitude des Maures, qui, non contents d’avoir rompu tout lien d’allégeance avec leur souverain, se soumettent si aisément aux influences pernicieuses des capitales socialistes les plus intransigeantes. Le Chef de mission lui-même, ne reprochait-il pas récemment à l’Algérie de soutenir, par son intervention, l’action révolutionnaire de Pékin en Mauritanie ? Les relations entre Alger et Rabat sont maintenant au beau fixe. Le Colonel BOUMEDIENE a confirmé solennellement que son pays n’avait aucune visée sur le Rio de Oro. Nos collègues marocains s’en réjouissent, mais c’est pour constater – tombant de Charybde en Scylla que les dirigeants de Nouakchott succombent à l’irrésistible fascination du Colonel GHADAFFI. Celui-ci, invoquant une prétendue pureté islamique, a touché leur point sensible… il a également fait sonner ses écus. Et les missions incessantes qu’échangent les deux pays, l’installation ici d’une colonie libyenne, naguère inexistante, et qui croît au rythme des interventions économiques ou culturelles de Tripoli, sont autant de sujets d’inquiétude pour l’Ambassade marocaine.

A l’en croire, le Colonel GHADAFFI, dans sa frénétique exaltation, n’hésiterait pas à saisir toute occasion, à user de tout moyen, pour ruiner les bons rapports qu’entretiennent la Mauritanie et le Maroc : sensibiliser la jeunesse au problème du Sahara espagnol, exacerber sur ce point ses sentiments nationalistes, amener finalement le Président MOKTAR à se départir de son attitude conciliante, servirait son dessein. En inspirant une manifestation antiespagnole, inimaginable sans leur intervention, les agents libyens auraient découvert leur jeu.

Il convient, certes, d’accueillir avec beaucoup de réserve une hypothèse qu’à notre connaissance aucun fait précis n’a jusqu’ici confirmée. Séduisante interprétation, cependant, que le Président libyen ne fait rien pour démentir. Ne s’en est-il pas pris, dans son discours du 11 Juin, à la réaction au Maroc », qui «  tente de comploter pour vendre une terre arabe ». N’a-t-il pas menacé de lancer « une guerre de libération », si cette terre n’était pas, dans les six mois, débarrassée de l’occupation étrangère.

Dans les tribunes, relate notre Ambassadeur à Tripoli (dépêche n° 353/ANL du 15 Juin 1972), le représentant de Nouakchott « « s’inquiétait des promesses inconsidérées en armes et en argent qui peuvent réveiller… les Reguibats de la Seguiet el Hmra… et refaire du Sahara la grande zone d’insécurité qu’il était hier ». Cette inquiétude, certains ici, Marocains, mais aussi Mauritaniens, la partagent, à tort ou à raison, et la manifestation du 17 Juin n’aura en rien contribué à l’apaiser./.

 

 

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AFP 31

Maroc : création du « mouvement de résistance des hommes bleus » (MOREHOB)

Juillet 1972

 

Un Mouvement de résistance des hommes bleus (MOREHOB) pour la libération des territoires marocains occupés (Sahara et les présides de Ceuta et Melilla), vient d’être créé dans la clandestinité au Maroc.

Selon son président, M. Edouard Moha, ce mouvement s’est fixé pour but « de lutter par tous les moyens, en connexion avec les sujets marocains opprimés de Ceuta, Melilla et du Sahara, pour la libération des territoires marocains spoliés par le colonialisme espagnol ».

Dans une déclaration à la presse, M. Edouard Moha a précisé que son mouvement « qui n’entend pas s’ingérer dans la politique poursuivie jusqu’ici, ou plus tard, par le Maroc à l’égard de l’Espagne, sera amené à déclencher, à partir des territoires occupés, des représailles contre les piliers de l’occupant… à entreprendre toute action contre les autorités coloniales… et à entraver, par tous les moyens dont il dispose, l’appareil économique, administratif et militaire de l’ennemi ».

M. Moha, qui a refusé de révéler l’appui qu’il compte obtenir des autorités marocaines, mauritaniennes et algériennes auxquelles il a adressé des messages leur annonçant la constitution du « MOREHOB », n’a pas voulu non plus préciser l’importance et les ressources de ce mouvement. Il s’est borné à indiquer que celui-ci continuera de recruter des commandos qui seront formés militairement et techniquement « pour devenir aptes à participer à des opérations organisées tant au Sahara qu’à Ceuta et Melilla ».

Le « MOREHOB » qui demeurera dans la clandestinité, aurait, selon son président, mené une active campagne d’action et de propagande, fin juin dernier, « contre les occupants espagnols à Melilla et à Ceuta où il fait exploser plusieurs véhicules appartenant à des officiers espagnols, et avait placardé sur les murs des deux cités, des effigies du souverain marocain ainsi que des slogans hostiles au général Franco ».

M. Edouard Moha, qui est âgé de 35 ans environ, est originaire de la Saguiet El-Hamra (nord du Sahara administré par l’Espagne). Il parle parfaitement le français et l’espagnol.

Dans sa déclaration, il a indiqué que son mouvement a adressé jeudi des lettres aux secrétaires généraux des Nations Unies et de l’Organisation de l’Unité africaine (OUA) pour leur annoncer la création du « MOREHOB », dénoncer « l’indifférence observée jusqu’ici par les colonialistes espagnols  à l’égard des revendications des populations sahraouies » et les avertir de la lutte que ce mouvement entreprendra contre l’occupant.

 

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Les étudiants Sahraouis : « pas d’organisation clandestine pour la libération du Sahara »

Rabat 19/7 (AFP)

 

Les étudiants saharouis de Rabat – qui ont quitté le Sahara sous administration espagnole pour poursuivre leurs études au Maroc – ont exprimé mercredi à l’AFP, leur étonnement à l’annonce par certains journaux français de la création au Maroc d’une « organisation clandestine ayant pour but la libération du Sahara espagnol et qui aurait pris pour dénomination « MOREHOB – les hommes bleus ».

Réaffirmant leur « attitude inébranlable en faveur de la décolonisation rapide du Rio-de-Oro et du Saguiet El-Hamra », les étudiants sahraouis, tout en indiquant qu’ils suivent de très près, tout ce qui touche à la situation dans leur pays, réclarent tout ignorter de cette organisation. Ils assurent en outre avoir une position commune à l’égard du problème de libération de leur pays, mais qu’ils n’envisagent pas de la matérialiser sous la forme d’un parti ou d’une organisation quelconque.

Les jeunes sahraouis relèvent par ailleurs « le côté folklorique » d’une semblable dénomination (MOREHOB) qui, soulignent-ils, n’a de signification, ni en arabe classique, ni en dialecte marocain ou sahraoui, et qui n’a par conséquent pas d’équivalent en français.

 

 

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Ambassade de France au Maroc n° 154/ANL

JM/AB STRICTEMENT CONFIDENTIEL

Rabat, le 24 Juillet 1972                                             

Claude LEBEL, Ambassadeur de France au Maroc

à Son Excellence Monsieur Maurice SCHUMANN

direction Afrique du Nord et Levant

 

a.s. : Mouvement de résistance pour la libération des territoires « occupés »

 

Pour la première fois un article, signé de Louis Gravier, paru dans « Le Monde » du 18 Juillet, avait fait état de la création d’une organisation clandestine ayant pour objectif la libération du Sahara espagnol.

La dépêche AFP du 21, reprenant la déclaration faite à la presse par Edouard Moha, qui s’attribue la paternité et la direction du « Mouvement de Résistance des hommes bleus » (Morehob), a apporté quelques précisions sur cette organisation. De son côté, cette Ambassade a pu recueillir les informations complémentaires suivantes auxquelles il convient, compte tenu de leur origine, de conserver un caractère strictement confidentiel.

Si la lettre envoyée aux Secrétaires Généraux des Nations-Unies et de l’O.U.A., mentionnée dans la dépêche AFP, date bien du 20 Juillet, elle a été précédée, le 20 Juin, donc juste après la conférence de l’OUA, par une correspondance, adressée au Directeur du Cabinet Royal avec copie au Premier Ministre et aux Ambassadeurs de Mauritanie et d’Algérie à Rabat. M. Edouard Moha portait à la connaissance de M. Osmane les structures et les buts de l’organisation clandestine dont il annonçait la création.

De ce texte, dont l’un de mes collaborateurs a pu prendre connaissance, je retiens les points suivants :

1°) Il y est précisé que la formation des commandos devra s’effectuer en territoire algérien ou mauritanien, ces bases constituant les points de départ de toute opération. L’implantation au Maroc de ces centres de formation étant exclue, dans un premier temps tout au moins.

2°) La devise chosie par l’organisation est celle du Royaume : Dieu, la Patrie et le Roi.

3°) Le texte souligne que les membres doivent fidélité au Roi du Maroc. Il indique également que le mouvement cessera toute activité si le Souverain l’exige.

4°) Le but poursuivi est non seulement la libération du Sahara espagnol, mais aussi celle des Présides de Ceuta et Melilla. Aucune allusion n’est faite à un quelconque droit de la Mauritanie sur le Sahara espagnol ; bien au contraire, le caractère spécifiquement marocain des territoires mentionnés est fortement souligné : seul est envisagé le retour pur et simple à la mère patrie.

A ce jour seul le quotidien de l’Istiqlal de langue arbabe « Al Alam », dans un éditorial, à la déclaration de M. Moha. Pour son rédacteur « la seule solution est celle à laquelle l’Organisation qui vient de se manifester a l’intention de recourir ».

Il apparaît en tout état de cause que ce nouveau mouvement n’a aucun lien avec les étudiants sahraouis de Rabat, qui étaient à l’origine des événéments de Tan Tan de Mai dernier, dont l’action se situe  dans le cadre de groupuscules hostiles au pouvoir et qui ont pour objectif l’indépendance du Sahara espagnol.

On ne peut qu’être surpris de la véritable inconscience manifestée par les dirigeants d’un groupement, se disant clandestin, qui n’hésitent pas pour autant à donner les détails les plus précis sur les structures qu’ils comptent mettre en place. De plus l’impunité dont semble jouir son « Président », dans un pays où pourtant on peut « faire confiance » à la police, le caractère purement marocain de ses revendications, la fidélité marquée au Roi, la volonté de poursuivre des actions de terrorisme en se gardant bien de rien faire qui puisse impliquer le gouvernement marocain ou nuire à ses efforts vers un règlement pacifique, sont autant d’indications qui donnent à penser à une action, sinon téléguidée, tout moins contrôlée par le pouvoir dans un but de pression sur l’Espagne.

Je remarque d’ailleurs que, selon une dépêche MAP de Madrid, reproduite dans l’ensemble de la presse marocaine du 22, le gouvernement espagnol a déclaré « Secret d’Etat » toutes les informations traitant de la province du Sahara. Le Chargé d’affaires d’Espagne ne m’a pas caché être assez préoccupé de la création de ce mouvement et des conséquences qui pourraient en résulter, notamment dans la perspective – à plus ou moins court terme – de sa reconnaissance par les instances de l’O.U.A.

Enfin, bien qu’aucun renseignement n’ait filtré sur l’entrevue récente entre le Roi et le Président Moktar Ould Daddah, il n’est pas impossible que ce sujet ait été abordé au cours des entretiens, ou même qu’il ait été à l’origine de la visite inopinée du Chef de l’Etat mauritanien./.

 

 

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« Les hommes bleus » ont l’intention d’installer une antenne à Alger.

Alger, 30 – (AFP)  1973

 

Le « mouvement de résistance pour la libération des terres arabes sous domination espagnole » dit « Morehob » désirerait installer une antenne en Algérie.

Le Morehob qui milite principalement pour la libération du Sahara occidental (Rio de Oro) disposait jusqu’à maintenant d’une antenne à Rabat, où les mouvements nationalistes réclament non seulement « l’autodétermination des territoires du sud saharien sous contrôle espagnol » mais également leur retour au sein du « plus grand Maroc » (thèse de l’Istiqlal).

Actuellement, le Morehob désirerait installer diverses antennes dans les pays du Maghreb. Dans un communiqué distribué à Alger aux agences de presse, ce mouvement de résistance saharien demande notamment à « la jeunesse porgressiste des pays frères de se constituer en brigades internationales pour délivrer les populaions musulmanes opprimées par les colonialistes espagnols aidés par l’église catholique de Madrid toujours imprégnée de l’esprit des croisades »

 

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MOUVEMENT DE RESISTANCE POUR LA LIBERATION DES TERRITOIRES SOUS DOMINATION ESPAGNOLE « MOREHOB »     Communiqué

 

Après plus de treize années semées d’ « atermoiements » de la part des avocats de la « cause » du Sahara dit « Espagnol » à l’égard des autorités colonialistes de Madrid, « atermoiements » plutôt bénéfiques aux intérêts des « avocats de la cause » qu’aux populations du Sahara dit « Espagnol » ; lesquelles furent sacrifiées délibérément dans cet esprit même, il est apparu que ces manœuvres de la « défense », utilisées et souvent, en tant que moyen de pression contre Madrid, n’ont servi, en retour, qu’à obtenir pour ces derniers, la libération des mains des colonialistes Espagnols, de certaines parties de leurs régions, parmi celles qui demeurent, jusqu’à ce jour, sous la domination de Madrid.

 

En conséquence, et dans le but de parer à cette carence, le MOREHOB, fait savoir que dorénavant, il est le seul porte-parole légal des populations du Sahara dit « Espagnol » et de ce fait seul habilité à traiter sur l’avenir de cette région encore colonisée par Madrid.

Une demande, dans ce sens, accompagnée de tous les documents nécessaires, a été adressée aux instances compétentes de l’OUA ; il en sera de même pour la commission de tutelle de l’O.N.U., ceci conformément à la résolution n° 1514 (XV) de l’Assemblée générale.

Le MOREHOB au nom des populations du Sahara, souhaite la collaboration sincère des pays frères riverains, ceci dans l’esprit du sommet tripartite de NOUADHIBOU – 1970 –

Fait le 13 Mai 1973, signé : E. Moha, président du MOREHOB et du comité supérieur populaire pour le soutien de la lutte.

 

 

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MOUVEMENT DE RESISTANCE POUR LA LIBERATION DES TERRITOIRES SOUS DOMINATION ESPAGNOLE « MOREHOB »         Fait le 11 Mai 1973

A secrétariat permanent – Monsieur le secrétaire exécutif du Comité de libération (au sein de l’Organisation de l’Unité Africaine)  Addis Abeba

 

Objet : situation juridique du Sahara « dit Espagnol », d’où l’indépendance de cette région.

Monsieur,

Nous avons l’honneur de vous faire parvenir notre documentation, laquelle traite des aspects généraux concernant la situation politique et historique du Sahara dit « espagnol », ainsi que celle concernant ses populations dont notre organisation, MOREHOB, est le porte-parole authentique.

A travers les dits aspects sont reflétés les derniers événements émanant, en particulier des ramifications colonialistes espagnoles et, de ses manœuvres perfides qui visent à dénaturer et à falsifier à notre détriment, les événements qui se déroulent actuellement à l’intérieur de cette zone dominée, notamment (Jmâa douteuse – imposition d’une patrie Ibérique – de l’autorité espagnole – garantie territoriale par Madrid..)

En effet, et voilà environ plus de 30 mois, et dans le but de faire face à la grave situation qui menaçait notre peuple Sahraoui et l’avenir de ses territoires, le MOREHOB s’est formé pour être le porte parole de nos populations, la mission fondamentale de notre Organisation consiste à représenter les intérêts de nos frères Sahraouis qui vivent aussi bien à l’intérieur qu’à l’extérieur dans les Pays frères Riverains.

Sachant que les Colonialistes Espagnols ne partiront pas de leur Propre gré du Sahara occupé, le MOREHOB souhaiterait une action commune armée conjuguée avec les Pays riverains et, une collaboration entière de leur part, ceci, dans l’esprit du sommet du 16 Septembre 19870 à Nouadhibou.

Cependant, nous attirons votre attention sur le fait que le MOREHOB en structurant une résistance à l’intérieur des enclaves nord du Maroc plus précisément, Ceuta et Melilla, n’avait d’autres visées en dehors du fait que nous nous sommes trouvés, avec les frères originaires de ces zones vivant, soumis à l’humiliation du colonialisme, devant le même ennemi, lequel ennemi ne pourra être combattu efficacement qu’en unissant toutes nos forces contre lui.

De ce fait, nous déplorons que les autorités de Madrid puissent continuer sur un territoire africain, Maghrébin, en toute quiétude, et dans un climat de terreur colonialiste, à organiser une mascarade démocratique leur permettant de s’assurer une mainmise sur le referendum « final » dont l’issue, d’ores et déjà, ne permet aucune illusion.

Nous déplorons également, le fait qu’à chaque fois que le problème du Sahara dit « Espagnol » venait en discussion, soit devant la commission de tutelle de l’ONU, sous juridiction compétente de l’OUA, le délégué du pays frère qui défendait cette cause, prenait du champ et affirmait sur le même ton et pratiquement dans les mêmes termes, qu’il pensait le régler d’une façon bilatérale, et que son pays faisait confiance à l’Espagne « colonialiste ».

Cette attitude, pour le moins curieuse, s’est renouvelée à chaque fois que les instances internationales ou continentales avaient abordé ce problème, d’autant plus que ce manège avait duré plus de 13 années, 13 années de sacrifices imposées, délibérément, aux populations du Sahara dit « Espagnol ».

En conséquence, notre peuple Sahraoui, par la voix de son porte parole, « MOREHOB », soumettra dans les plus brefs délais à l’OUA, son programme politique à partir de la plate forme élaborée à l’occasion du sommet tripartite de Nouadhibou, ainsi que son programme d’action et les grandes lignes de sa position future.

Par ailleurs, nous espérerions voir l’O.U.A. par la voix de son comité de libération, fixer un calendrier de décolonisation de la dite Zone.

Compte tenu de ces éléments, nous nous voyons dans l’obligation de vous demander de bein vouloir nous reconnaître en tant que représentant légal du peuple Sahraoui en lutte pour son autodétermination et sa libération totale du joug colonial en vue d’accéder à son indépendance.

Le Sahara dit « Espagnol » est une colonie dominée actuellement par le Gouvernement Colonialiste de Madrid, et en tant que peuple Africain encore colonisé, le peuple Saharoui a droit à sa propre autodétermination qui lui permettra de décider de son avenir au sein du continent Africain, en tant que pays libre et indépendant.

Le Comité de Libération au sein de l’OUA, après étude de notre demande doit tenir compte dans l’avenir du fait que le MOREHOB est le prote parole authentique du peuple Sahraoui.

Nous espérons que des mesures seront prises dans ce sens et que votre comité puisse examiner notre demande et les documents annexes, afin que le MOREHOB en tant que mouvement de libération, représentant le peuple Sahraoui sous domination Espagnole, puisse accomplir sa mission historique, sans risque de le voir contré dans son exercice.

Nous avons eu notre première base au Maroc à partir de laquelle nous avons entretenu des relations avec les pays riverains, actuellement nous envisageons d’établir notre quartier général à Alger et des délégations dans chacun des pays riverains du Sahara dit « Espagnol » et, cela dans l’esprit du sommet de Nouadhibou.

                                                                      Fraternellement./.

Signé : E. Moha Président du MOREHOB et du comité supérieur populaire pour le soutien de la lutte.

N.B. : ci-joint deux dossiers concernant notre pays

ne figurent pas dans les archives de l’ambassade de France à Nouakchott

 

 

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MOUVEMENT DE RESISTANCE POUR LA LIBERATION DES TERRITOIRES SOUS DOMINATION ESPAGNOLE  -  M.O.R.E.H.O.B.          Communiqué

 

Le MOREHOB dénonce : les Manœuvres perfudes du colonialisme espagnol lequel s’appuie sur

La politique actuelle du Gouvernement Royal du Maroc, laquelle politique vise à favoriser à la fois, les répercussions de ces visées expansionnistes sur notre pays le Sahara « dit Espagnol » et le rejaillissement des séquelles de son « ex-Ministère des Affaires du Sahara et de la Mauritanie » dont nous nous rappelons encore le passé historique.

Cependant, ce même Ministère du Type « GOEBBELS » de l’Allemagne Hitlérienne, qui fut créé de connivence entre le pouvoir de la couronne et ses piliers qui sont formés par les forces les plus réactionnaires du pays, avait pour mission d’induire en erreur à l’aide d’une idéologie sans perspectives, nos populations afin de s’approprier leurs Territoires.

Nous apprenons, que ce pouvoir chérifien entretient en ce moment, une politique de soumission basée sur un chantage odieux et de pression, auprès de nos frères qui vivent comme émigrés à l’intérieur de pays frère.

De plus, il a mis en activités, une élite d’Etudiants purement Marocains, sans scrupules, issus d’une ramification du « Corps de la Paix » Américain, section pays réactionnaire, pour jouer le rôle du Militant d’organisation fantoche disant relevant du peuple Sahraoui, certains sont munis de passeports de moyen Marocains leur permettant de porter cette intoxication au-delà des fronitères du Royaume.

Considérant, que de tels procédés sont contraires aux principes fondamentaux du sommet Tripartite de Nouadhibou (1970) dont le Maroc est lui-même partie contractante, nous nous demandons et par exemple si au moment où l’on exige une commission O.N.U.–O.U.A. pour superviser l’opération du référendum final au Sahara, il ne serait pas plutôt utile et justifié d’en désigner une autre commission pour se rendre compte sur place des procédés employés par le pouvoir Marocain dans l’intention de créer une situation fausse pour le contentieux.

En conséquence, le MOREHOB porte parole authentique des populations du Sahara, met en garde contre tout individu Marocain ou reconnu comme tel qui se réclamerait d’appartenir au Mouvement de Libération du Sahara dit « Espagnol ».

                                                                     Fait le 30 Mai 1973

Signé : E. Moha

Président du MOREHOB et du comité supérieur populaire pour le soutien de la lutte.