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17 February, 2021 - 23:43

Les bébés abandonnés

Un regrettable phénomène s'est développé à Nouakchott depuis quelques années : l’abandon de nourrisson. Alors que le taux des infanticides, au niveau national, grimpait en flèche, selon la police, atteignant des records à Nouakchott et Nouadhibou, celui des abandons de nouveau-nés n’en était pas de reste jusqu’à dépasser aujourd’hui celui-là. C’est dans une cuve d'eau vide, au quartier Centre émetteur de Tevragh Zeïna, qu’a été découvert le dernier en date. Grâce à Dieu encore en vie malgré deux jours passés dans ladite cuve. Aussitôt pris en charge par les services du ministère des Affaires sociales, il serait âgé de onze jours, selon les examens médicaux. Aux dernières nouvelles, aucune trace de sa maman n'a été trouvée, comme dans la majeure partie des cas qui l'ont précédé.

En 2004, une femme gardienne de chantier et native de Keur Macène, mariée et sans enfants, vit se présenter, dans sa baraque à l'îlot L de Nouakchott, une jeune femme bien habillée et apparemment nantie. Et celle-ci d’informer celle-là qu'elle travaillait dans une société tout proche. « La nurse de mon bébé n'est pas montée », ajoutait-elle,« pourrais-tu me le garder jusqu’à la descente ? ». Et après avoir copieusement allaité le nourrisson, elle donnait cinq mille ouguiyas à la gardienne, lui confiait un sac plein d'habits et de toilettes pour bébés et s'en allait… pour ne plus jamais revenir. Aujourd’hui  presque majeur, l’enfant se croit fils de cette famille qui l'a adopté depuis...

Quelque temps auparavant, trois vieilles femmes hélaient un taxi en provenance d’El Mina. Une seule passagère, jeune, à son bord. On arrive à Polyclinique et celle-là descend, en laissant un paquet à la place de ses pieds. Discutant entre elles, les vieilles n'y prêtent aucune importance. Mais  descendues au marché « Capitale », les voilà interpelées par le taximan : « Hé, vous avez oublié quelque chose ! – Non, non, nous somme venues les mains vides ! ». Et le taximan de leur tendre, couverte par un drap, une petite masse... qui se met à pleurnicher ! Direction le commissariat de police où ces pauvres femmes passeront deux jours de garde à vue, avant d’être relâchées, une fois la preuve établie, par les services sanitaires, qu'elles n'étaient plus en âge de procréer.

Une vieille togolaise résidant à Nouakchott fonda chez elle un semblant de crèche. Nombre de ses voisins et connaissances lui confiaient, contre une modeste somme, leurs enfants dont ils ne pouvaient momentanément pas s’occuper. Elle gardait et nourrissait ceux-là, en l’attente du retour de leurs parents. Un jour, une jeune et belle femme se présente et lui confie son bébé, avec cinq mille ouguiyas pour la garde et plusieurs biberons de lait. « J'ai des courses urgentes à faire. Occupe-toi bien de lui. » C’est ce que fit la brave dame… jusqu’à sa mort. On ne sait pas aujourd’hui où se trouve cet enfant qui doit être âgé de quinze ans. En Mauritanie ou au Togo où sont rentrées les filles de la vieille après son décès ?   

Côté infanticides dont on déplore des dizaines de cas, si certaines meurtrières purent être identifiées et épinglées, la plupart attend la revanche divine. Mais, au final, si les plus scrupuleuses de ces mères hésitèrent à tuer et préfèrent abandonner leur progéniture pour ne pas être bannie de leur famille, la responsabilité première de tout cela incombe aux hommes qui ne surent pas tenir leur sexualité aux règles du Saint Coran ni, surtout, assumé leur devoir de père.

Mosy