Lors de son passage à Dawawale, le wekend dernier, le roi du Yela a rendu visite à l’un des rois du Wango, Medda Diagne. Baba Maal a dîné, en presque intimité chez Medda, âgé aujourd’hui de près de 80 ans. Cet homme a incarné dans le Fuuta, la danse du Wango que d’autres, comme Baba ont reprise et modernisée. Les deux hommes s’étaient rencontrés lors du passage du roi du Yela, à Winding, il y plus d’une année. Baba Maal, qui pensait que celui que Sukka horé, autre virtuose du Wango taquinait par une boutade restée très célèbre dans le Fouta d'avoir volé le Wango pour le propager à l’Est (Mali), n’était plus de ce monde promit de lui rendre visite dans son village Daawalel. Le roi du Yela a honoré son engagement, et la rencontre a donc eu lieu en faveur de la prestation de Baba Maal dans ce village des pêcheurs. Le Yela a rencontré le Wango.
Joint par le reporter du Calame depuis Daawalel, Medda Diagne s’est dit "très honoré par cette visite de courtoisie que Baba Maalal lui a rendue, nous avons échangé sur la vie des artistes, sur mon parcours etc. Je remercie ce garçon plein d’enthousiasme, de charme mais surtout de respect pour les anciens."
Medda Diagne est l’un des artistes traditionnels qui a consacré sa vie au Wango. A la question de savoir ce qu’il en a tiré comme profit, Medda Diagne, invité de l’émission sur les artistes de Radio Mauritanie, répond qu’il n’a jamais cherché à accumuler les biens. "A mon époque, on exerçait ce metier par fierté, par vocation, non pour les biens. Les recettes de mes soirées sont redistribuées entre les artistes et autres niaagotoobé (demandeurs), je n’en gardais que le strict minimum. Durant ma carrière, je mettais l’accent sur les relations humaines.
Si ailleurs on dit avoir cassé la baraque, ici, les Subalbé (pêcheurs) ont réussi, comme à pareille occasion à sortir, grâce à leurs pouvoirs occultes un vieux caïman des tréfonds du fleuve.
De mémoire d’homme dans la vallée, jamais le Roi du Yéla n’a vu pareille mobilisation. Les pirogues, charrettes, voitures ont rappliqué depuis Kaédi jusqu’à Saaré Boubou (Sorimalé et Wassétaaaké). Et quand les pêcheurs se rencontrent dans leur milieu, aux bords du fleuve, le fifiré (compétition de pirogues décorées) constitue, avec le pékane, ce chant qui déclame les actes guerriers du fleuve le clou de l'événement. Les gens de Daawalel viennent de réussir un pari par lequel ils apportent un démenti cinglant à ceux qui avaient juré que Baaba Maal n’allait jamais fouler le sol de ce village des pêcheurs. Le défi est relevé et de belle manière, indique Sarr Hamady, l’un de ceux qui ont tenu à faire venir Baba chez eux. Tous ceux qui ont approché le roi du Yéla l’ont trouvé très ému.