Faits divers... Faits divers... Faits divers... Faits divers...

9 September, 2021 - 00:00

La ruée vers les charlatans 

Nombre de Mauritaniens sont superstitieux de nature. C'est quasiment un réflexe inné, chez nous, d'expliquer la plupart de ce qui se passe par des croyances et des mythes. Les uns n'acceptent de voyager que le lundi. Et d’ainsi perdre parfois leur semaine entière à attendre ce jour qui leur paraît seul de  bon augure, « Val Lethneïn », comme on dit. D'autres se croient obligés d'embrasser le miroir après avoir s’y être mirés, croyant dur comme fer que, sans cette « précaution », leur beauté pourrait leur être volée par qui se mirent après eux. Certaines femmes de groupes sociaux connus éprouvent une frousse noire à se parer ou toucher des bijoux d'or. Elles sont sûres qu’une malédiction les anéantirait. D'autres personnes ont peur de manger certaines parties du mouton. Un autre groupe s’interdit de toucher au poulet ou au poisson qu’ils estiment« diabolisés ». Tout comme la couleur rouge, maléfique aux yeux d’autres encore…

Cet instinct de superstition amène les gens à recourir aux services de marabouts, guérisseurs et autres fétichistes. La majorité de ceux-ci est bien évidemment composée de charlatans sans foi ni loi. Ils profitent de l'ignorance et de l’inconscience de leurs clients pour les déplumer. Les trottoirs autour de la Polyclinique en regorgent et l’on accourt de tous les coins de la ville en quête de leurs jets de cauris (gzana) ou écriture de talisman (ktab).  La plupart de ces « marabouts »sont des étrangers, surtout ouest-africains. La police en arrête chaque jour quelques-uns suite à des plaintes de telle ou telle de leurs victimes. Le lendemain, les voilà relâchés et de reprendre illico leurs « services ».   
 

Flash-back sur quelques tours pendables joués par ces charlatans

Il y a quelques années, un couple en vain désir d’enfant  prit contact avec un « grand marabout »à Arafat. Et celui-ci de promettre, dès la première consultation, une guérison immédiate. Avec cependant une seule condition. Une seule : pouvoir rendre visite à la femme lorsque son mari est au travail, c’est ce que les diables exigent pour que celle-ci puisse « produire ». Les visites du pseudo- marabout commencèrent mais il s'avéra que la jeune femme n'était jamais seule, la mère de  son époux veillant sur elle. Il finit par demander à sa « patiente »une entrevue en privé et, tenant compte du fait que son « médecin » avait déjà encaissé une forte somme en avance de ses « soins », celle-là finit par accepter. Et, une fois seul avec elle, le voilà à tenter, pardi, de la violer ! La femme s'enfuit et informe son mari qui porte plainte. La police mit une semaine à débusquer le charlatan qui s'est avéré un récidiviste imposteur, usurpant l'identité d'un célèbre – et authentique, lui – guérisseur... 

Un autre charlatan malien passa des mois à duper les habitants de Sebkha et El Mina pour leur soutirer pas mal d'argent. Il utilisait un python dressé en faisant croire à ses victimes qu'il discutait avec lui. Il avait fini par être dénoncé et arrêté. Un proxénète se prétendit, lui, guérisseur, pour justifier les allées-venues de ses nombreux visiteurs. Il gérait en effet une maison close à El Mina…avant de se retrouver, lui aussi, en prison. 

Mosy