L’intellectuel incarne-t-il la couardise responsable des malheurs de nos peuples?/Par Senny Ould Khyar

24 November, 2021 - 15:17

À travers sa définition philosophique du comportement sociétal de l’intellectuel, M. J.F Revel, philosophe, essayiste et journaliste français a écrit avec condescendance que "l’intellectuel est aux prises avec les mêmes passions que les autres Hommes mais, mais là où, en revanche, il surpasse ses semblables c’est dans sa capacité à nier le réel, en lui appliquant une grille de lecture rigide malgré l’évidence empirique".

À mon avis, cette assertion que je partage, confirme à plus d’un titre que l’Intellectuel  est bien le premier responsable des maux économiques, politiques et socio-culturels des pays en voie de développement en l’occurrence; et le nôtre avec plus d’acuité que nulle part ailleurs. Pour preuve, en notre pays, les dérives de tous les  pouvoirs qui ont dirigé notre pays depuis 1978 : elles relèvent, en substance, du rôle négativiste de l’intellectuel mauritanien. Cet Intellectuel et ses  associés politicards traditionnels non intellectuels -bien-sûr- se sont emparés de la gestion du pouvoir, de manière transcendantale, en désorientant, très tôt, le jeune pouvoir militaire apolitique et peu cultivé qu’il était, contrairement à la brillante élite militaire de nos jours. C’est bien lui qui manipula le militaire dès sa prise du pouvoir- alors balbutiant en politique-pour l’empêcher de revenir à un pouvoir civil capable d’assurer la poursuite de ses efforts en faveur de la construction d’un semblant d’Etat de droit. Et ce à l’instar des expériences vécues ailleurs par d’autres pays voisins et frères qui n’ont point connu ce genre d’alternances préjudiciables à la démocratie. 

Toujours en opposition à l’intérêt général c’est fort d’un un perfide, vicieux et intelligent jeu politico-philosophique que cet intellectuel mauritanien déviât l’objectif des putschistes  dans l’unique but d’assouvir aveuglement son égoïsme matériel, "matérialiste" et donc politique alors qu’ils visaient-ces putschistes- tout simplement une reconsidération de notre engagement dans une guerre illégitime et face à laquelle nous n’avions ni moyen militaire ni économique,  bien moins encore de justificatifs.

 

Opportunisme et lâcheté

Depuis et dans la continuité, d’un régime militaire à un autre, cet intellectuel mauritanien toujours plus persévérant n’aura cessé de mettre le bâton dans les roues des régimes militaires au point même d’interrompre, par opportunisme et lâcheté, notre première expérience démocratique inaugurée par l’avènement au pouvoir d’un Président prétendument élu au suffrage universel direct en la personne de feu Sidi Ould Cheikh Abdallahi. Au lieu de s’atteler, immédiatement et en dépit du fait incontestable que son acceptation par l’opposition démocratique ne s’est réalisée qu’au forceps, à bannir les systèmes qui l’ont précédé, celui-ci est tombé dans le piège tendu, justement, par ce morbide intellectuel qui se souciait plus de ses intérêts personnels que ceux de la nation. Et le renard d’emporter Sidi  par un vent de travers à la case de départ qui justifiât  le coup d’Etat militaire d’Etat de 2008 ouvrant ainsi encore et encore la voie, à nouveau, aux  régimes d’exception.

Le tout est l’œuvre de cet intellectuel qui se déploie aujourd’hui, sans remords et sans vergogne, par « l’ampleur de ses ressources conceptuelles, logiques, verbales », au service de ce choix dont les paramètres cruciaux sont construits pour empêcher le nouveau président de la République d’aller de l’avant, même dans la patience.

Ainsi et comme pour barrer tous les chemins qui mèneront aux règlements des problèmes économiques  pendants, à la résolution des questions socio- culturelles, au renforcement radical du combat contre l’impunité dans l’impartialité, il se dresse en nationaliste plus motivé que les autres citoyens.

Il va, donc, d’alibis en alibis soutenus faire croire à notre Président que cette espèce  de parti "presque-UNIQUE" est la seule alternative pouvant assurer la paix sociale et le développement économique de notre pays- puisque mêlant le tribal, le régional, le ségrégationniste et l’Intelligentsia-. Plutôt que de procéder, en lieu et place de cette tactique révolue,  au renouvellement de la classe politique tout entière, à la création en faveur de ce Président d’un vrai parti politique moderne digne de lui et de ses objectifs. Il est omniprésent ici et là, zigzagant dans ses élucubrations, tournant et retournant ses idées antinomiques convaincantes au sein même des commissions chargées du "dialogue", notre dernier espoir. Incontournable, il demeure dans la maison, armé par son tenace mythe culturel et son intelligence en maître éternel de notre avenir.

Je crois et espère que notre nouveau Président comprendra sur la base de son expérience et sa lecture du passé comme du présent que la CULTURE ne garantit point l’intelligence ni l’efficacité. Elle est très souvent, plutôt, l’antidote de l’honnêteté et de l’intégrité morale: une inanité  à laquelle il faut faire appel bien après les thérapies que recommandent une autre forme de l’intellect, un esprit de justice, une Foi en Allah et en soi, conjointe à une détermination sans faille…Allons tous au secours de notre Président et aidons-le à se surpasser par l’habileté face aux griffes des vieilles casseroles qui le côtoient…