Nouvelles d’ailleurs : Pas en mon nom..

7 January, 2015 - 15:58

Non. Je ne pas vais suivre la foule assoiffée de sang qui a applaudi, klaxonné, laissé éclater sa « joie » quand le verdict de peine de mort a été prononcé par le tribunal de Nouadhibou dans le jugement de Mohamed Cheikh ould Mohamed dit Mkheïtir pour apostasie.
Non, je ne vais pas me réjouir de cette sentence.
Non, je ne vais pas me féliciter d'un «procès juste et équitable ».
Non, je ne vais pas invoquer Dieu pour justifier la mort d'un homme.
Et, en disant cela, je refuse absolument à quiconque le droit de me désigner comme « mauvaise » musulmane, quasi « mécréante », « ignorante » de la Loi, celle des hommes et celle de Dieu.
Je dénie ce droit là et me rappelle la Parole d'Allah : Sourate 28, Al Qasas, (Le Récit), verset 56 «  Tu ne guides pas celui que tu aimes, mais c'est Dieu qui Guide qui Il veut »....

Je me demande juste, moi simple croyante, comment nous en sommes arrivés à ce qu vient de se passer ?
Comment avons-nous perdu tout sens de la refléxion autre que celle prise dans l'urgence, comment avons-nous oublié d'être bons, emplis de compassion, du sens du Pardon ?
J'ai été élevée dans l'amour de Dieu, dans l'Amour et le respect de notre Prohète Mohamed ( PSSL), dans l'obésissance au Livre Sacré, le Coran,...
Chaque fois que je m'interrogeais sur le sens du monde, mon vieux maître coranique ( ya rahmou) me disait : « Lis Notre Saint Coran : tout y est dit, tout y est annoncé, toute réponse est en Lui ».
J'ai été élevée dans l'Amour du Message, dans ce qu'Il a apporté de lumineux au monde et aux hommes. On m'a enseignée que l'Islam a libéré l'Homme de la Jahilliya, de l'obscurité et de l'obscurantisme, qu'Il nous a offert une communauté, une Foi inébranlable, une ouverture aux autres, une leçon de Pardon, de compassion, d'Amour.

On m'a appris que notre Saint Prophète (PSL) a été un homme profondément bon, profondément simple, qui a toujours privilégié l'écoute, le dialogue et le pardon, qui a aimé l'Humain, qui a été Lumière au milieu des ténèbres.
Je fais mienne ce texte magnifique de Tariq RAMADAN : « Le prophète (PBDL) est venu aux Hommes avec un message de foi, d'éthique et d'espérance. L'Unique y rappelle à l'humanité entière Sa Présence, Ses exigences, et le Jour ultime du Retour et de la Rencontre. Il est venu avec un Message et pourtant, tout au long de sa vie, il n'a eu de cesse d'écouter les femmes, les enfants, les hommes, les esclaves, les riches, les pauvres et les exclus. Il écoutait, accueillait, et réconfortait. Elu parmi les Hommes, il ne cachait ni ses fragilités ni ses doutes. Au demeurant, Dieu l'a fait douter très tôt de lui-même afin qu'il ne doutât point ensuite de son besoin de Lui, et Il lui montra la réalité de ses imperfections afin qu'il se mette en quête de Sa parfaite Grâce et demeure indulgent à l'égard de ses semblables.

Je fais mienne, aussi, ces Paroles de notre Saint Prophète (PSSL) «  les actions sont jugées d'après les intentions et il en sera tenu compte à chaque homme dans la mesure de son intention »....

Alors, je dis que cette indignité qu'est la sanction de la peine de mort, je la refuse, moi, croyante.
Je ne reviendrai pas sur un procès où la justice n'a pas montré son meilleur visage, où elle a obéi à la foule et à la rue et non pas au droit, où un Procureur a tout mélangé, son rôle et celui de pseudo porte-parole d'une communauté, les zwaya et qui, donc, n'a pas parlé au nom du peuple mais d'une partie du peuple.
Comme si, seuls les zwaya, se devaient de ressentir de l'indignation ou avoir des interrogations au sujet des écrits du jeune Mkheïtir.
Il est indéniable que les propos tenus au début de l'année par le jeune homme de Nouadhibou ont été plus que maladroits et quelque peu empreints de bêtise. Et je comprends qu'ils aient pu choquer, dans leur image réductrice et peu étoffée. Il faut une solide culture et un solide savoir pour aborder les thèmes qu'il a abordés dans ses écrits, ce qu'il ne posséde visiblement pas.
Là fut son erreur. Là est son erreur.
Mais je comprends aussi le message qu'il a voulu passer. Si nous refusons de voir cet aspect là du désespoir et de la colère de ses écrits, nous ne comprendrons jamais rien, n'évoluerons jamais.
Et nous laisserons croire au monde entier que, oui, le système des castes et des inégalités est musulman, est religieux, ce qui est une contre vérité aberrante.

L'accusation d'Ar-Riddah ( littéralement «le retour en arrière ») est trop grave pour que l'on laisse des foules chauffées à blanc par des gens qui ont d'autres desseins que la sauvegarde de la communauté des croyants décider, imposer à la Loi de la République ses désidérata.
La justice est et se doit d'être au dessus de tout cela.
La question des sanctions en cas d'apostasie n'a pas de réponse unanime et équivoque, encore moins en ce qui concerne le repentir.
Pour certains juriconsultes la peine de mort ne doit pas être appliquée en cas d'apostasie, pour d'autres si.
Pour le repentir certaines écoles de pensée affirment que le repentir doit être exprimé dans les 3 jours qui ont suivi l'apostasie supposée ou réelle, pour d'autres dans les mois qui suivent, pour d'autres, encore, ce repentir peut être exprimé jusqu'à la mort naturelle de l'apostat. Et rien que ces divergences devraient faire réflechir...Qui a raison, qui n'a pas raison... ?

Autant il existe dans notre Saint Coran plusieurs versets qui parlent de l'apostasie, autant, contrairement à ce qui est prédit pour les voleurs et les meurtriers, il n'est fait nulle part mention d'un châtiment terrestre pour celui qui apostasie, hormis le châtiment divin, la colère divine.

L'accusé a exprimé son repentir, cela est reconnu. Mais celui ci n'a pas été jugé sincère et vrai...
Qui donc est dans le cœur d'un homme hormis Dieu ? Qui peut prétendre à se substituer à Dieu pour décider ce qu'il y a dans le cœur d'un homme ?
Ceux qui ont entendu ce repentir doivent se rappeler les propos tenus par notre Saint Prophète ( PSSL) : «  Les actions sont jugées d'après les intentions et il en sera tenu compte à chaque homme dans la mesure de son intention ».....

Si de simples hommes, tout bardés qu'ils soient de diplomes de juristes, prétendent quantifier le repentir, que sommes-nous devenus ?

Alors, non, je dis « pas en mon nom » que cette sentence indigne.
Je dis pas en mon nom que ce jugement basé sur l'ignorance et le goût du sang.
Je dis que je ne me reconnais pas et refuse le droit que l'on condamne à mort en mon nom, moi simple croyante, peu savante certes, mais sincère dans ma Foi, soucieuse du Message, empreinte de ce Message.

Que Dieu ait pitié de nous, nous qui invoquons Son Nom mais qui oublions Ses mots d'amour, de paix, de compassion, nous qui ne faisons de La Parole Divine qu'anathèmes, imprécations, peurs, punitions.
Nous qui oublions qu'Il a envoyé sur terre un Prophète immense, Mohamed (PSL), un homme dont tout le monde loue la piété, la simplicité, le sens du Pardon, Lui qui n'a jamais aimé les exécutions, Lui qui a pardonné envers et contre son entourage parfois et l'opinion publique, Lui qui été Juste, profondément juste et bon.

Que Dieu ait pitié de Nous qui oublions La Révélation et Le Saint Coran.
Que Dieu ait pitié de nous qui avons effacé de notre cœur tout sentiment divin et qui nous pensons supérieurs à tout.
Que Dieu ait pitié de nous qui avons oublié d'aimer Dieu et qui avons oublié que Dieu nous aime.

Alors, Pas En Mon Nom....

Salut

Mariem mint DERWICH