Projet Navigation de l’OMVS : des impacts socio-économiques positifs en vue pour la Mauritanie

30 June, 2022 - 02:03

En Mauritanie, le Projet Navigation (1) de l’OMVS permettra de rentabiliser, par la navigation mixte mer-fleuve, les ports de Nouakchott et de Ndiago ; désenclaver les localités riveraines du fleuve Sénégal sur plus de huit cents kilomètres et assurer l’intégration physique et les échanges commerciaux entre les populations.

« La réalisation de ce projet Navigation », signalait en ce sens monsieur Amadou Diallo, directeur général de la SOciété de Gestion et d’Exploitation de la NAVigation sur le fleuve Sénégal (SOGENAV), lors d’une rencontre avec la presse,« permettra donc de diminuer les frais de transport et les coûts des biens de consommation à l’importation et à l’exportation, diversifier les voies d’import-export des marchandises, produire des emplois et, surtout, réduire l’exode des populations riveraines. De manière spécifique, les activités de navigation auront des impacts socio-économiques positifs, surtout dans les wilayas du Trarza, Brakna, Gorgol et Guidimakha ». 

Et de poursuivre : « Les localités riveraines constitueront des pôles de développement économique et social, grâce aux échanges commerciaux entre les populations et à la construction,  en Mauritanie, du chantier naval de Rosso pour un coût estimé à 73 milliards FCFA, ainsi qu’à la construction ou réhabilitation de trois escales portuaires et de quatre appontements estimés à plus de 20 milliards FCFA. »

Le Projet Navigation va donc désenclaver les zones de production agricole et agro-industrielle du Delta et de la Vallée. Il favorisera de surcroît l’aménagement du potentiel de plus de cent vingt mille hectares de terres irrigables et facilitera l’écoulement des productions agricoles du Delta vers la Vallée, par la navigation fluviale, et vers les ports de Ndiago et de Nouakchott, par la navigation fluviomaritime.

Aujourd’hui, la Mauritanie exploite environ soixante-sept mille hectares pour environ trois cents mille tonnes de riz. Dans les prochaines années, grâce à la disponibilité de la navigation, moyen de transport de proximité et le moins coûteux, l’extension susdite des surfaces pourraient déterminer la production de plus d’un million de tonnes de céréales facilement évacuables par le fleuve. Monsieur Diallo estime également que la navigation pourrait désenclaver les zones de production minière du bassin du fleuve et accélérer l’exploitation du vaste potentiel des ressources minières. 

 

Promotion des secteurs productifs 

Le directeur général de la SOGENAV ne perd pas de vue que le transport des phosphates extraits des gisements de Bofalvers les ports de Ndiago et de Nouakchott pourrait ainsi se faire à moindre coût. La production visée représente quelque « 5% du potentiel exploitable (deux milliards de tonnes). Le Projet Navigation », explique encore monsieur Diallo Amadou, « cherche le développement économique et social des États-membres de l’OMVS, en contribuant à la promotion des secteurs productifs, au désenclavement des zones de productions agricoles, agro-industrielles, minières, touristiques, à l’intégration physique des populations riveraines du fleuve  Sénégal et à la fondation d’emplois. Il a fait l’objet de nombreuses études techniques, économiques et environnementales qui ont démontré sa rentabilité économique et financière. Son taux de rentabilité interne est de l’ordre de 20% ».

Abordant les réalisations concrètes du projet, monsieur Amadou Diallo cite, entre autres : « l’élaboration des instructions nautiques du fleuve ; l’élaboration du Code international de la navigation et des transports et sa ratification par les États-membres de l’OMVS ; le balisage sommaire du chenal navigable ; l’acquisition par l’OMVS d’une flotte de deux bateaux automoteurs de capacité totale de onze cents tonnes et l’acquisition de deux vedettes techniques pour la surveillance dudit chenal. Ces réalisations ont permis de restaurer la navigation saisonnière sur le fleuve Sénégal. « S’y ajoutent », poursuit-il, « la délimitation des domaines portuaires des ouvrages du projet par les États et le dragage des accès au port d’Ambidédi ainsi qu’aux escales de Rosso (Mauritanie) et de Podor (Sénégal) ».

 

Financement

On signale ici la signature du contrat de construction des infrastructures avec l’entreprise indienne AFCONS en Octobre 2019 et l’engagement d’EXIMBANK-Inde à financer le coût de construction des infrastructures évalué à 520,6 millions USD. Et monsieur Diallo de rappeler : « Le processus de mobilisation du financement est en cours. Il a connu des perturbations en 2020-2021, à cause des impacts négatifs de la pandémie COVID sur les économies et marchés financiers mondiaux, particulièrement sur les États-membres de l’OMVS, sur l’Inde et sur les conditions d’octroi des prêts d’EXIMBANK. » 

 

SOGENAV et OMVS 

La SOGENAV est née de la volonté des chefs d’État de l’OMVS de donner corps à un des projets fondateurs de l’Organisation, à savoir la navigation sur le fleuve Sénégal. Elle fut portée sur les fonts baptismaux le 9 Juin 2011 et tient siège à Nouakchott, en République Islamique de Mauritanie (RIM). « La SOGENAV a été fondée », précise son directeur général à la presse, « pour restaurer, moderniser et promouvoir de manière pérenne la navigation sur le fleuve Sénégal d’Ambidédi (Mali) à Saint-Louis (Sénégal), soit neuf cent cinq kilomètres. Elle est également chargée de la gestion et de l'administration des activités de navigation et de transports sur le Fleuve, ainsi que de l'exploitation, l'entretien et le renouvellement des ouvrages qui lui sont confiés par les États-membres de l’OMVS ».

Compte-rendu THIAM Mamadou

 

 

NOTE

(1) Le Projet Navigation de l’OMVS est le troisième volet prioritaire du programme d’infrastructures régionales de base de l’OMVS conçu par l’Organisation depuis sa fondation en 1972. Les deux premiers volets concernent la production d’énergie hydroélectrique et le développement de l’agriculture irriguée.