Si j’étais DG du port de pêche artisanale de Nouadhibou/par Cheikh Ahmed Mohamed

13 September, 2022 - 19:28

En préambule, je dirai que les conditions actuelles d’exploitation du port de pêche artisanale de Nouadhibou ne permettent pas d’écouler dans de bonnes conditions le trafic qui y transite. Les infrastructures du port sont, dans leur ensemble, assez dégradées pour diverses raisons :importance des chocs d’accostage, corrosion de certaines parties des bétons et des aciers, défaut d’entretien des quais, manque de responsabilité, corruption absolue, népotisme, détournement des fonds… Cependant certaines de ces dégradations ne nécessitent   pas encore de mesures d’urgence. Faut-il pour autant attendre celle-ci ?

Différer une décision à l’égard de ces quais s’expliquerait ici par une réflexion sur l’organisation portuaire qui pourrait justifier, à court ou moyen terme, leur abandon ou leur disparition au profit de nouveaux quais, la réparation des anciens constituant en ce cas un investissement inutile ou inadapté. Dans le cas contraire, des travaux de sauvegarde sont indispensables car l’état de dégradation des installations actuelles ne permet plus d’accepter un risque qui peut entraîner non seulement la ruine totale ou partielle des quais d’accostage mais, plus grave, un danger pour les personnes et les matériels concernés par l’exploitation de ces quais.

Face à cette situation  irresponsable  et inadmissible, je m’engagerais, si j’étais  directeur général du port de pêche artisanale de  Nouadhibou, à rétablir les profondeurs des quais, en dégageant celles-ci des débris  et épaves de toutes sortes qui s’y sont accumulés ; reconstruire  des dispositifs d’accostage et  d’amarrage dont  la disparition progressive est un facteur d’aggravation  de la dégradation  continue à laquelle sont soumis tous les quais du port ; et établir des listes  précises des quais  d’accostage dont la réparation est indispensable et urgente, en  définissant pour chacun le type de  réparation  le plus approprié.

 

 

Hiérarchiser les priorités

J’ai examiné l’ensemble des infrastructures du port de pêche artisanale de Nouadhibou afin de hiérarchiser les priorités. Ces infrastructures se répartissent en deux catégories selon leur état de dégradation : ceux dont la réparation est impérative pour des raisons de sécurité des biens et personnes et dont la ruine complète mettrait le port dans une situation difficile, augmentant le coût des travaux d’intervention, d’un part, et, d’autre part, ceux pour lesquels la situation actuelle peut être tolérée, en attendant de savoir si des développements ultérieurs du port ne les condamneraient pas, rendant, comme dit tantôt, toute réparation inappropriée  et inutile.

Mon souci principal sera d’arriver à mieux gérer un établissement qui souffre d’une certaine saturation au niveau de ses infrastructures. Face aux défis majeurs auxquels le port de pêche artisanale est confronté, je m’engagerais à coordonner et superviser  l’ensemble des opérations de réparations et de sauvegarde des quais d’accostage ; à assumer la responsabilité de leur organisation et bon fonctionnement, avec la détermination intraitable d’atteindre  les objectifs fixés selon ma propre conception technique adoptée devant le conseil d’administration et le conseil de surveillance ; à viser toujours un développement économique optimal du port car la recherche de l’excellence est un impératif pour qu’il devienne  un pôle économique fiable ; à veiller  à la bonne éthique des décisions prises sur le domaine portuaire ; à proposer de plans d’actions ambitieux ; contribuer à l’élaboration  du projet  de développement  des infrastructures et à sa mise en œuvre ; organiser l’entretien  et de la maintenance   à travers  des conceptions techniques pertinentes ; élaborer, suivre et contrôler les budgets de façon  responsable afin d’assurer  leurs équilibres, éviter les détournements  des fonds et assainir la direction financière de tout germe nuisible…

Le port de pêche artisanale de Nouadhibou est devenu une source majeure d’emploi pour une large tranche de la population, il est considéré comme une des plus importantes infrastructures du secteur.

Si j’en étais le directeur général, la première action que je mènerais serait de mettre en place un comité permanent de suivi qui constituera un espace de concertation  pour l’élaboration  et la mise en œuvre de politiques  idoines ; et pour une meilleure action  de réflexion et de concertation  dans les processus d’élaboration  et de mise en application  des conceptions techniques du redressement du port.

Pour y arriver, je m’engagerais à lancer une plateforme pour le suivi des embarcations de pêche artisanale via balise satellitaire. Un tel équipement permet de savoir à tout moment  où se situe chaque embarcation et de renforcer ainsi la surveillance  des activités  du secteur. Je m’engagerais à solliciter auprès du ministre  des Pêches  et de l’économie maritime la mise en place d’un conseil de surveillance avec mission  de fixer  la politique  générale  du port et de contrôler  les décisions  du conseil  d’administration. Conseil composé du ministre des Pêches  qui en assure la présidence et du président de la zone franche de Nouadhibou.

Dès ma prise de fonction, je m’attèlerai à  composer un staff soudé à mes vues, réunissant ainsi  autour de moi  des qualités  et des ressources  convaincues  par la volonté  du changement ; à apporter une vision claire, pertinente  et approfondie afin d’orienter  les équipes  dans la même  direction du redressement ; et, donnant du sens à notre travail d’équipe,  à développer un  esprit de responsabilité  pour atteindre les objectifs fixés. Susciter et entretenir la confiance en soi et en ses collègues, voilà la condition essentielle à un élan fort au sein du personnel du port, pour une mise en place rapide des actions, résultats  concrets à la clé.

Cheikh Ahmed Mohamed

Ingénieur

Chef du service Études et Développement

Établissement portuaire de la Baie du Repos de Nouadhibou

Auparavant responsable du bureau d’études MEGELC