Autour d'un thé

22 January, 2015 - 00:18

On peut s’en prendre à quelqu’un sur les louanges du Prophète. C'est-à-dire en bon hassanya : « venir sur lui ». Tout comme on peut lui reprocher d’avoir dit que le sucre est sucré, délicieux ou exquis. Ou que votre visage est rouge. Tout ça peut arriver. Ici, la justice est imprévisible. Versatile. Variable. Selon les âges. Selon les régions. Selon les communautés. Tu peux commettre un crime. Non-lieu ou, tout au plus, liberté provisoire, sinon conditionnelle. La jurisprudence nationale en est pleine. Tu peux ne rien faire. Perpétuité. Revisitez nos annales judiciaires. Tu peux voler. Rien. Tu peux tuer. Rien. Tout ça dépend de toi, de tes parents. De ta force. De ta capacité de nuisance, toi et tes siens. Tu peux tirer à bout portant. Sur tout ce qui bouge. Rien. Verser de l’eau ? Directement la prison. Et tu es bon pour, au moins, dix à quinze ans fermes. Rébellion non armée ! Ça, c’est le dernier chef d’accusation en vogue. A la mode. Qui peut te faire coucher au moins deux ans fermes en prison. Exactement comme si tu prenais deux petits esclaves de douze à quinze ans tenues en captivité depuis la naissance. C’est quoi la rébellion non armée ? Voyager entre Rosso et Nouakchott avec deux amis, vêtu d’un joli boubou et d’un turban au cou. Pour l’esclavagiste : liberté provisoire. Pour l’esclave : prison ferme. Qu’est ce qui a changé, dans cette Mauritanie nouvelle-là ? Hé, le boubou, ça peut exploser ! Le turban, servir à étrangler ! Vous vous fichez de l’étranglement, alors que ça peut faire cadavrer. Seul vice de forme. Que les accusés n’étaient que des Harratines. Voilà que les condamnés ne le sont plus. Ridicule logique. Pauvre république mandarinière. Qui veut se débarrasser de son challenger l’accuse de subversion. Rideau. Scène III. Actes 2, 3, 4 et 5. Charlie Chaplin. Symbole du rire. Du ridicule. Cette levée de boucliers contre un certain islam, liée, dit-on, à une certaine feuille de chou française, m’a rappelé le marrant acteur des années de la fin soixante début des années soixante-dix. Exactement comme chez nous, quand l’autre des Nous Z’autres disait qu’il avait entendu quelque chose comme « ton père atrouss, ta mère atrouss »…Charlie, moi Charlie, toi Charlie, lui Charlie. Moi je suis El Kory. Pas plus. Ni moins. Dieudonné sera jugé en correctionnelle. Il serait allé, lui reprochent certains thuriféraires de la liberté de la presse, trop loin. En « humourisant » sur la Shoah. Tignous, Wolinski, Cabu et Charb ne sont allés qu’à la porte du campement, en caricaturant le Prophète Mahomet et non Mohamed. Liberté de la presse sélective. Les drames de Gaza, les affreuses tueries collectives du Nigéria, les holocaustes de Syrie et autres Lybie et Pakistan n‘émeuvent pas les âmes charitables des humanistes circonstanciels de la Communauté internationale. Montage. Amedi Coulibaly, Bathily : tous deux d’origine malienne. L’un Satan. L’autre ange. L’un tue. L’autre sauve. Occident des contradictions et des mises en scène. Nouakchott remarche. Cette fois contre Charlie. Pas contre Birame. Destination : Président. Je suis Aziz. Aziz n’est pas Charlie. En France, son écharpe est restée sans preneur. Les oulémas en tête. Les moins que cela au milieu et à la queue. Les grilles de la Présidence sont si loin de l’Elysée. Ah ! Voici le Président ! Vive l’islam ! Quoi à voir avec les derniers remaniements ? Normalement rien. Le crachat de l’aveugle. Qui pioche ici et crache là-bas. Le seul enseignement de ce dernier changement gouvernemental est que la presse est dans un oued et le Président dans un autre. Que les ministres et les ministrables se rassurent : si la presse écrit qu’ils seront déchus, ils seront promus. Merci, les Awlad Leblad. Au lieu de gueyeme (va-t’en) ou gueymi, c’est monte, monte aux yeux des aigris et des « oeilleurs ». Pas de misogynie. Elles sont huit, les femmes au gouvernement. Affaires étrangères. Affaires de l’argent (SG du gouvernement). Affaires de la culture. Affaires des sports. Affaires du commerce. Affaires africaines. Affaires de l’élevage. Affaires des droits, de la pauvreté. Impuissance des hommes. Virilité des femmes. Salut.