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7 June, 2023 - 08:30

Maître Fatimata M’Baye appelle à la fin de la chasse à l’homme, la famille Diop réclame justice

Après avoir coupé l’Internet mobile, les autorités ont lancé plusieurs vagues d’arrestations d’activistes et de jeunes ayant pris part aux manifestations relayées en direct sur les réseaux sociaux. Cette chasse à l’homme dont on ignore l’ampleur exacte mais qui s’est effectuée dans des conditions flagrantes de violations des libertés individuelles a suscité de vives condamnations.

La présidente de l’Association Mauritanienne des Droits de l’Homme (AMDH), maître Fatimata M'Baye a adressé un appel urgent et pressant aux autorités mauritaniennes, au directeur général de la Sûreté nationale et au ministre de l’Intérieur à faire « cesser immédiatement la chasse à l’homme initiée depuis la nuit du mardi à mercredi par la police ». Et de déclarer sur sa page officielle Facebook : « ce qu’on vit depuis quelques jours est un comportement non citoyen ». Après avoir dénoncé les« violations récurrentes de domicile pour déloger des jeunes gens et mêmes des mineurs », elle signale« qu’au moment même où nous écrivons ces mots de détresse et d’horreur, des jeunes sont parqués dans les commissariats, notamment d’ElMina, Sebkha, Dar El Beïda et Arafat, pour ne citer que ceux- là. […] la violence a ses limites et il incombe aux autorités de mettre fin à celle-là pour assurer sa mission première : protéger le citoyen et la citoyenne contre toute injustice, contre toute insécurité. »

Puis maître Fatimata Mbaye martèle : « l’État doit assumer sa responsabilité lorsque lui sont signalées des bavures inadmissibles de ses agents, commis et cadres, en particulier les forces de sécurité et de maintien de l’ordre. […] La jeunesse mauritanienne est paisible, la douleur et le harcèlement qu’elle vit dans les quartiers populaires doit s’arrêter », avant de conclure : « les responsables de mort d’homme doivent répondre de leurs actes devant la justice, quels que soient leur milieu et le rang qu’ils occupent dans leur fonction. »

Partageant la sortie de la célèbre avocate, la famille Diop a publié un communiqué. « De jeunes Mauritaniens », y signale-t-elle, « sont actuellement arrêtés par la police en différents endroits du pays, de façon arbitraire, de manière violente et même à domicile, sans respect des procédures légales et des principes de notre sainte religion », avant d’interpeler les organisations de défense des droits de l’Homme et de prendre l’opinion nationale et internationale à témoins pour « assurer que notre démarche n’est qu’une lutte contre les multiplications des violences policières qui s’abattent sur les populations ».

C’est en ce sens qu’elle a ajourné sa « volonté de procéder à la levée du corps jusqu’à l’obtention du rapport définitif de l’autopsie par le médecin légiste marocain. […] Nous exhortons les populations exprimant leur exigence de justice de s’y adonner en plein respect de l’ordre public. Nous exhortons de même nos autorités à la retenue dans les répressions, à ce jour disproportionnées, à l’égard de la population et en particulier de la jeunesse envers laquelle il nous semble important de procéder à la libération des détenus dans les commissariats, pour favoriser le retour à une situation plus apaisée. […]

La réclamation légitime de notre famille se limite à l’établissement de la vérité et à ce que justice soit rendue ».

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Trente millions de dollars pour l’extension de la ferme de Boghé

Une convention de partenariat tripartite portant sur l’aménagement et l’exploitation de l’extension d’une ferme à Boghé (deux mille hectares) a été paraphée le 31 Mai dernier. L’accord stipule que le Groupement Boghé pour le Développement de l’Agriculture et de l’Élevage (dit DYNN) accorde à titre temporaire des terres agricoles issues de l’agrandissement de sa ferme au profit de la Société afro-américaine d’agriculture et de coopération, sur la superficie susdite (cependant susceptible d’être augmentée). Durant vingt ans, 20% seront exploités par les propriétaires fonciers et 80% par la Société afro-américaine qui assume seule le coût d’investissement évalué à trente millions de dollars. L’État mauritanien représenté par le ministère de l’Agriculture et le groupement DYNN s’engagent de leur côté à assurer l’aménagement et à veiller à l’intérêt général des agriculteurs.

Signataire de la convention au nom de l’État, le ministre de l’Agriculture, monsieur Yahya ould Ahmed El Waghf, a exprimé sa satisfaction de voir des entreprises américaines s’investir dans le secteur agricole mauritanien. Après avoir rappelé que l’État entend toujours « défendre, en ce projet, l’intérêt général et celui du DYNN », le ministre a précisé que « ce partenariat, premier du genre en Mauritanie, doit aboutir à de grands succès et donner ainsi un exemple stimulant aux autres agriculteurs et investisseurs.[…] J’appelle donc toutes les parties à œuvrer pour la réussite de ce partenariat. » Côté DYNN, c’est le président de son conseil d’administration, monsieur N’Gaidé Ibrahima Kayou, qui a paraphé l’accord, tandis que monsieur Edward Moring, vice-président de la Société afro-américaine d’agriculture et de coopération, s’y employait au nom de celle-ci.