Lieux publics : jeunes adultes, ramassez-vous !

7 June, 2023 - 08:42

Avez-vous déjà profité du beau temps dans un parc à Nouakchott ou Nouadhibou ? Dimanche, j’ai passé deux heures dans un tel lieu à Nouadhibou, histoire de respirer, à l’ombre, l’air frais avec mes amis d’enfance. Il n’y avait là quasiment que des vingtenaires et trentenaires: certains faisaient cuire de la viande, d’autres jouaient au ballon. Les chiens semblaient heureux de gambader autour de leurs maîtres. Cependant et quoique le ciel demeura sans nuage, mon séjour fut assombri par le comportement de certains de ces jeunes.

Plusieurs d’entre eux ont laissé leurs canettes et autres emballages de casse-croûte sur les tables ou carrément par terre en quittant le parc. D’autres ont jeté des dizaines de mégots sur le gazon, sans même penser à les jeter à la poubelle. Mes amis et moi avons dû éviter plusieurs crottes de chien. « Ces jeunes n’ont donc aucune conscience », ai-je pensé, « de l’impact de leur négligence à gérer leurs déchets ? »Le beau temps s’installe à Nouadhibou et vous pousse, on le comprend très bien, à fréquenter des endroits publics. Mais cela vous oblige, jeunes gens, à en prendre soin. C’est vraiment la moindre des choses.

 

Bases

La crise climatique semble vous préoccuper. Pas celle de votre environnement immédiat ? C’est pourtant là que commence la pollution et, dans les endroits publics, c’est aussi une question de savoir-vivre. Les chiens ne sont pas des toutous en peluche, ils défèquent. Si tu sors avec eux, amène avec toi un sac pour récupérer leurs saletés. Avant de quitter le parc, nettoie la table où tu as mangé et gère tes détritus. Si tu fumes, ramasse tes mégots ; si tu as bu, dépose tes canettes dans une poubelle ou donne-les à une personne qui les ramasse… Est-ce vraiment si compliqué ?

Nouadhibou a bénéficié du développement d’infrastructures urbaines et socioéconomiques pour répondre aux besoins et exigences des populations résidentes. Mais les municipalités chargées par l’État d’assurer la gestion du patrimoine public selon des normes, notamment sanitaires, cohérentes et suivies, manquent de moyens financiers et humains conséquents. Et c’est impuissantes qu’elles assistent à la dégradation de nos biens communs.

Pour rendre plus propres et sains nos espaces publics, il convient bien évidemment de donner aux collectivités locales les moyens d’affecter à l’entretien de ceux-là des personnes vraiment conscientes de l’importance de leur tâche. Mais il faut surtout que chacun d’entre nous – d’abord, sans plus attendre – prenne de bonnes habitudes dans la gestion de ses propres déchets et veiller à les enseigner à nos enfants dès le plus jeune âge.

Nous devons passer à un nouveau modèle de développement urbain qui prenne en compte les nouveaux défis en matière d’urbanisme, démographie, gestion municipale et civile de nos besoins réels. On entend ici que nos grandes agglomérations, Nouakchott et Nouadhibou en tête, continueront à s’accaparer la grosse part de ce développement, puisque c’est en ces villes que se constituent la majeure partie des richesses et des emplois. Avec ceci d’incontournable : le reflet de ce développement, c’est bel et bien la qualité de l’espace public…

Cheikh Ahmed ould Mohamed

Ingénieur

Chef du service Études et Développement

Établissement portuaire de la Baie du Repos (Nouadhibou)