Présidentielle : Pourquoi les partisans d'Aziz n'ont pas manifesté pour sa victoire ?

2 July, 2014 - 03:53

Les rideaux ont été tirés sur la présidentielle du 21 juin 2014. Côté Mohamed Ould Abdel Aziz, on se frotte les mains. Mais sans jubiler. Aucune manifestation de joie n’a suivi la victoire du président sortant. Pas le moindre feu d’artifices. On se demande pourquoi. Aurait-elle un goût amer ? L’UPR, qui avait tant hâte de manifester, s’est fait toute petite et la direction nationale de campagne n’a pas poussé le bouchon jusqu’à seulement organiser une marche de soutien. Pourtant le parti-Etat et ses satellites avaient, on s’en souvient, organisé le plus grand accueil, au nouveau président de l’Union africaine…

Faute à un score (81,89% de suffrages exprimés) qui pourrait être considéré« gênant », par le Palais ? Ou à ce maigre taux de participation (56.42%) que certains cadres UPR avaient juré porter à 100% ? Une manière, pour eux, de prouver, au Guide, l’attachement que lui vouent les Mauritaniens et leur haine, a contrario, de l’opposition…On se demande, aussi, où sont passés les  initiatives et leurs auteurs…On croit comprendre que leur ardeur a été tempérée par l’argent attendu, lors de la campagne, mais, en ce qui concerne l’UPR et les partis-satellites, les observateurs ne risquent aucune explication. Pourtant, des informations concordantes continuent de circuler à Nouakchott qui  font état de milliards d’ouguiyas dépensées, par la direction de campagne de Mohamed Ould Abdel Aziz, et les hommes d’affaires qui l’ont soutenu.

En attendant de trouver des réponses à ce silence troublant, les perdants ont tiré les leçons du scrutin. Boydiel Ould Houmeïd et Ibrahima Moctar Sarr ont choisi de reconnaître la victoire de leur adversaire. De le féliciter, même. BiramDahAbeïd, arrivé second, a, quant à lui, déposé un recours auprès du Conseil constitutionnel, histoire d’user de tous les instruments légaux, sans espérer, pour autant, une quelconque révision des résultats.

A présent, tous les regards – politiques, s’entend : les autres ont bien d’autres chats à fouetter – sont braqués sur l’investiture et la formation du prochain gouvernement. Les « campagnards » ont rappliqué à Nouakchott. Les manœuvres, déjà commencé. Chaque groupe de pression explore les « bons canaux » pour se positionner, dans la perspective du partage du…« grandgâteau ».

DL

 

 

Don américain à l’ARSN

L’Autorité nationale de Radioprotection, de Sûreté et de sécurité Nucléaire (ARSN) a réceptionné un important lot d’équipements d’une valeur de 35 millions d’ouguiyas, don du gouvernement des Etats-Unis d’Amérique.

Le matériel, composé d’appareils de détection et d’identification des sources de rayonnement, permettra à l’ARSN de « mieux remplir sa mission de protection des travailleurs, du public et de l’environnement, contre les effets néfastes des rayonnements ionisants », indique un communiqué de ladite Autorité. « Ces équipements, dotés de la dernière technologie, serviront, par ailleurs, dans le cadre du recensement des sources ionisantes que l’ARSN a démarré l’année dernière et qu’elle compte achever en fin d’année 2014 », conclut la déclaration.

 

 

Qui serait le futur PM ?

Moulaye Ould Mohamed Lagdaf sera-t-il reconduit pour la énième fois ? Au risque, cette fois, de donner raison à ceux qui ergotent sur les dires d’une certaine joueuse de cauris… Ou le président réélu sortira-t-il des sentiers battus et se résoudra-t-il, enfin, à choisir un homme capable de conduire une véritable politique de développement, en ayant la mainmise sur une équipe choisie sur la seule base de la compétence et de la moralité ? On entend souvent dire qu’on ne change pas une équipe qui gagne mais on n’a jamais entendu qu’on ne change pas une équipe qui perd. Or, les prestations de Moulaye Ould Mohamed Lagdaf et de son staff sont tellement passables – merci l’euphémisme – qu’on pourrait fort bien s’en passer. Les discussions de salon parlent de la possible cooptation du directeur national de la campagne de Mohamed Ould Abdel Aziz, Sidi Ould Salem. Un brillant professeur de physique, transfuge du RFD et harratine BCBG. Un autre brillant cadre de la même trempe, Mohamed Salem Ould Merzoug, pourrait aussi bien faire l’affaire. D’autres noms circulent, ici et là, pour diriger la prochaine équipe gouvernementale d’après l’élection du 21 juin 2014. Tous savent cependant que seul Allah sait ce qui tourne dans la tête du président. On n’a donc plus qu’à attendre de voir.

 

 

 

 

Torpeur politique

Dix jours après l’élection présidentielle, c’est le calme plat. Le tout nouveau président réélu s’est envolé, aussitôt, pour Malabo, pour faire valoir ses qualités de président en exercice de l’Union Africaine. Exactement comme ceux qui réparent les calebasses des autres et laissent les leurs brisées. Les quatre autres candidats malheureux ne donnent plus de la voix. Normal. Deux semaines de campagne ont eu raison de leur force. Et il leur en faut bien, pour faire le Ramadan et voir, ensuite, ce que demain leur réserve. Et puis, il n’y a pas que la politique. Le Front National pour l’Unité et la Démocratie (FNDU) savoure sa « victoire » : pour lui, son mot d’ordre de boycott a été bien suivi. La preuve, ses leaders ont félicité les Mauritaniens d’avoir refusé de s’adjoindre à la « mascarade électorale », disent-ils, « que le pouvoir en place a voulu imposer, unilatéralement, au peuple ». Reste à savoir quelle sera la prochaine étape. Selon Mohamed Vall Ould Bellal, un des responsables du FNDU, l’opposition n’a, devant elle, que deux hypothèses : ou relever la pression, afin d’imposer réforme. Pour cela, elle doit faire évoluer son style de lutte légale et pacifique, jusqu’à épuiser tout ce que la Constitution prévoit, en termes de voies d’expression et de revendication, autour de doléances claires et précises. Ou se soumettre à la réalité actuelle du pays et du recul qui prévaut, dans la sous région et l’espace arabe, en adoptant un programme qui prenne en compte le possible et le réalisable, avant de choisir l’action, en s’attendant à la réaction. Mais que l’opposition reste sur la même méthode et le même style serait une faute, au regard égard des données qui prévalent en cet instant précis.

 

Argent de la campagne, où es-tu ?

Les responsables de la campagne d’Ould Abdel Aziz auraient claqué plusieurs milliards en quelques jours. Cela n’aurait pas laissé indifférent le président réélu qui a horreur, dit-on, des « gaspilleurs ». De l’argent dépensé pour rien, puisque, n’eût été la campagne parallèle que les proches du président ont eu la clairvoyance d’organiser, les résultats auraient été beaucoup moins « intéressants » que les 82% obtenus. Selon des indiscrétions, le président pourrait diligenter une enquête, pour essayer de savoir dans quelles conditions cet important argent a été dépensé.