Présidentielle: Qui a dit que l'argent public n'a pas été utilisé ?

8 July, 2014 - 13:48
Un peu plus de deux semaines que le scrutin du 21 juin est fini. Sans surprise, le candidat Mohamed Ould Abdel Aziz a été réélu. Selon les résultats déclarés par le Conseil Constitutionnel, le président sortant rempile pour un deuxième mandat avec plus de 81% des suffrages exprimés. Très loin derrière ses quatre adversaires dont le plus proche est à plusieurs centaines de milliers d’électeurs. Comme au cours de chaque élection, les candidats malheureux cherchent des explications. L’implication flagrante des organes et institutions étatiques au côté du ou des candidats du pouvoir est souvent évoquée. Naturellement, l’Etat nie catégoriquement toutes ces allégations qui ne seraient, selon ses thuriféraires, que des justifications fallacieuses de la défaite. Mais au vu du rapport du directeur de la campagne du candidat Mohamed  Ould Abdel Aziz au niveau de la moughataa d’Aleg où il est clairement mentionné les généreuses contributions de certains hauts responsables de la république, la thèse de l’utilisation abusive des biens publics pour assurer la réélection du candidat du pouvoir devient défendable. Surtout que quand c’est "un témoin faisant partie des siens" qui témoigne. Selon le rapport du directeur de la campagne du candidat Mohamed Ould Abdel Aziz au niveau de la moughataa d’Aleg, Mohamed El Moktar Ould Iyahi, l’administrateur directeur général de la Snim, Mohamed Abdallahi Ould Oudaa a donné environ 35 millions d’ouguiyas (34.700.OOO exactement) pour les frais de transport des électeurs au niveau des communes de la moughataa d’Aleg. L’ADG aurait aussi sorti de l’argent pour l’entretien de 100 sites de campagne pendant quatorze jours à raison d’au moins 10.000 UM par site et par jour soit en tout 14.000.000 UMP. L’ADG a aussi fourni tous les équipements techniques et logistiques à ces sites (hauts parleurs, tentes…) où de grandes soirées de sensibilisation ont été organisées selon le rapport du directeur de campagne. Une toute petite opération arithmétique permet de voir l’ampleur du montant que l’ADG a consenti pour aider dans la réélection du président sortant. Cet exemple est à lui seul éloquent sur la mobilisation de l’argent public pour faire la politique. Certainement que Mohamed Abdallahi Ould Oudaa n’a pas fait de prêt  ou vendu des maisons ou cheptel pour donner cet argent. Alors d’où vient- il ? J’entends déjà les voix de ceux qui pensent que je ne connais pas que l’ADG est bien payé et qu’il a beaucoup de faveurs et d’opportunités. Mais de là à donner des centaines de millions … Au Brakna, le directeur général des impôts opérait dans la moughataa de Magta Lahjar. Le ministre des finances et le directeur général de la SMCP étaient entre Wothie et Bababé. Deux généraux en activité et un ministre secrétaire général du gouvernement «supervisaient » ce qui se passe à Boghe.
Dans ces conditions, il est aisé de comprendre le score  électoral de Mohamed Ould Abdel Aziz à Aleg où sur les 47.320 inscrits dont 28.642 votants pour un taux de participation de 60,53%, il a obtenu 25034 voix qui représentent 91,85% des suffrages exprimés.