Autour d'un thé

8 October, 2015 - 01:09

Heureusement que le ridicule ne tue pas. Sincèrement. Dans la vie, il y a tout. Elle est imprévisible, la vie. Ce n’est pas de la résignation. Ni du fatalisme. Ce n’est même pas une question de destin. Ni de nuit. Ni de jour. Plus facile d’escalader le ciel que de prévoir les Mauritaniens et leurs réactions. Quand j’entends les gens réagir sur ce que le pouvoir appelle « journées de concertations préparatoires au dialogue national », je ne sais s’il faut en rire ou en pleurer ! Par exemple, selon un « réactionnaire » : « Tous les Mauritaniens sont venus. Regardez les réunions que tiennent les ministres dans les wilayas : c’est toute la Mauritanie qui est là. Si deux ou trois personnes ennemies du pays ne veulent pas venir, ce n’est pas grave. Ce qui sera décidé, ce sera un choix populaire. De toute la Nation. Ceux qui n’aiment pas le Président ne sont pas des patriotes ». Et des inepties comme celles-là,  proférées par de soi-disant intellectuels, hommes politiques,  notables,  cartables ou falsifiables, je ne sais, moi, mais uniformément prêts à changer de fusil d’épaule, à la première incartade de l’un ou l’autre des potentiels Diendiérés que compte l’Armée nationale, il y en a à la pelle ! Ce n’est pas que je souhaite un coup d’Etat ou un coup de gouvernement. Je suis un démocrate, moi. Comme le président de l’UPR. Comme le questeur de l’Assemblée nationale. Comme l’ancien député de R’kiz devenu ministre de la Communication pour qui « le dialogue est une des formes les plus élaborées de la démocratie ». Exactement comme les putschs contre les présidents démocratiquement élus. Ou comme le nomadisme politique d’un parti dont on porte les voix et sans lesquelles on ne serait, probablement, jamais devenu quoi que ce soit. Ni membre du peloton des généraux. Ni rien. Y a qu’en mathématiques qu’on raisonne par l’absurde. Il ne suffit pas de ressasser des mensonges pour qu’ils deviennent des vérités. Les réalisations de Mohamed ould Abdel Aziz et le dialogue ! Quel rapport ? Même sémantiquement, ça ne tient pas : réaliser et dialoguer, rien à voir. Sauf, peut-être, que ces deux verbes sont du premier groupe. Autrement, rien ne peut les lier, ni de loin ni de près. Il n’ y a que l’ingéniosité des applaudisseurs pour accomplir de telles prouesses de langage et de sens. Qui réalise dialogue et qui dialogue convainc… ou ne convainc pas. Puisque jamais deux sans trois. C’est curieux, quand même, que les gens de toute l’opposition confondue (FNDU et CUPAD) ne sachent pas cela. Un, deux, trois, c’est pas un, deux, zéro. La marche à reculons, c’est celle des gens de l’Enfer. Et puis, pour gagner la bataille, avant la guerre, faut pas reculer. Le bon soldat ne recule pas. Il avance. Caché. Dans les discours. Les journées de concertations. Le dialogue. Le bon soldat ne dégaine pas d’un seul coup. Ne finit pas ses munitions au premier assaut. La soldatesque, composée de tout, fait des vagues partout où elle passe. Au point de se renier. Les ministres, flanqués de conseillers et autres fanfarons, les voilà quasiment tous sur le terrain. Pour ne rien dire. Tourner autour du pot. Préparer le peuple à un mot. A des bribes de mots. Visiblement, il faut du temps pour cela. Au moins quatre ans. Qui veut voyager loin, dit-on, ménage sa monture. Mais, là, ce n’est pas une question de safari. C’est une toute autre histoire, avec des têtes dures comme des mules et des peaux dociles comme des agneaux qui se regardent en chiens de faïence. Après tout, y a qu’un chef. Un seul. Qui décide du dialogue. Du silence. Du monologue. De la fin du match. De la prolongation. D’un mandat. De deux mandats. De trois mandats. Ou d’à vie. Les autres, aussi bien ceux d’ici que de là-bas, peuvent attendre de savoir. Une ministre de ce pouvoir déclare que le boycott de quelques opposants ne les empêchera pas de continuer leur agenda. Une autre s’en prend, à tue-tête, à un vieux kadihine tout propre qui n’a jamais trempé dans aucune sauce, de Moktar à maintenant. Histoire de plaire, signe des temps… Dialogue, concertations, réalisations, Aziz, Opposition : cinq mots-clés d’une Mauritanie verrouillée. Salut.