L’honneur perdu des intellectuels arabes et occidentaux

5 January, 2016 - 23:48

Le hasard en a décidé ainsi: le « j’accuse…! »de ZOLA -qui constitue un tournant dans l’histoire de la pensée politique -coïncide avec une mobilisation sans précédent des intellectuels arabes pour défendre Roger Garaudy,qu’ils assimilent à Zola. Le hasard aurait pu nous réserver un sort meilleur.Ou alors auraient pu éviter de ruiner davantage leur réputation,déjà mise a mal depuis longtemps.Le ridicule de leur position ne provient  pas tant de l’image  que donnent d’eux-mêmes ces intellectuels en occident:en effet,les occidentaux n’attendent pas que nous commettions des faux pas pour  nous agresser ou nous mépriser. Non,le ridicule nait de l’oubli par nos intellectuels de leurs devoirs les plus élémentaires.

Nul doute que nous faisons partie du camp des victimes.Des avocats tels que Zola ou Sartre,il faudrait en bonne logique les chercher dans l’autre camp,Israël.Et, de fait,nombreux sont ceux qui assument cette responsabilité chez l’ennemi: citons Israël Shahak,David Grossman,Amos Oz ou encore Tom Segev,entre autres*.eux sont occupés à dénoncer toutes les falsifications contenues dans le discours Israélien et à défendre le droit des palestiniens.

Mais le fait que nous soyons victimes ne doit pas nous exempter d’être vigilants. Au contraire,l’immoralité de la victime est bien pire que celle du bourreau: ainsi, nous reprochons précisément aux juifs de s’être regroupés sous la bannière du sionisme et de passer ainsi de l’état de victimes à celui de bourreaux.Les Arabes, eux,ne se sont transformés en bourreaux qu’entre eux.Dans conflit Israélo-Arabe,ils sont toujours la partie qui encaissent les coups.Toutefois,certains,dans leur lecture de l’Histoire,rejoignent une logique qui a régné chez les bourreaux dans un passé récent. Concernant  la  question de l’extermination des juifs,il est temps de reconnaître que la conscience arabe dominante est partagée entre le doute sur la réalité des faits et le regret que l’extermination n’ait pas été accomplie jusqu’au bout.

Depuis une décennie,la pensée arabe connaît un net recul,conjointement au repli de la pensée de gauche,qui se veut le reflet de valeurs universelles,tel le refus du racisme sous toutes ses formes,y compris celui qui vise les juifs.

On attend pas de tous les intellectuels arabes qu’ils soient au courant des détails de la vie culturelle et politique française,bien qu’il eût été souhaitable qu’ils n’interviennent pas dans une affaire dont ils ne maîtrisent pas les enjeux.En revanche,on s’attendait à ce qu’ils aient enfin compris ce qui est utile pour combattre la propagande sioniste.En l’occurence il est inutile de s’aligner sur l’opinion publique,qui voit encore dans les PROTOCOLES DES SAGE DE SION -un texte antisémite forgé de toute pièce(par la police politique tsariste)-la base du confit israélo-arabe.D’autant que l’ampleur de l’extermination des juifs par les nazis ne justifie en rien les violences israéliennes d’aujourd’hui.Et, même si le nombre des victimes juives pendant le seconde guerre mondiale dépasse les 6 millions,il n’annule en aucun cas le droit des Arabes en Palestine.L’intellectuel engagé n’est pas celui qui participe aux combats de la dernière heure.Dans le cas du conflit israélo-arabe,l’intellectuel engagé,fusse-il Arabe ou,et surtout Occidental,doit chercher une conception innovante de la paix qui prenne en compte les droit arabes et une réalité sur le terrain vielle d’un demi-siècle.L’intellectuel engagé se doit de dire que les 6 millions de victimes juives sont des martyrs d’un crime commis par l’occident et dont nous sommes tenus de respecter la mémoire plus que quiconque -sans pour autant accepter qu’elles soient utilisées pour bafouer nos droits.Ainsi seulement pourrions-nous prétendre être fidèles au valeureux patrimoine légué par Emile ZOLA il y a belle lurette et mis en application par nos pères.Faisons-le avant que nous ne sombrions dans cette décadence qui s’intensifie de jour en jour attisée par les ennemis du droit et des trompeurs des Etats et des peuples souvent meurtris.

 

 

 

*Respectivement ancien président de la ligue des droits de l’homme en Israël,écrivain et partisan de la création d’un Etat Palestinien; Tom Segev,quant à lui,journaliste et écrivain,est auteur du SEPTIEME MILLION:les israéliens et le génocide(ed.Liana Levi,1993)                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                   Mael Aïnine Nema Cherif