Discours de prestation de serment : Lutte contre la gabegie réchauffée

3 August, 2014 - 13:13

Dans son discours d’investiture, le président Mohamed  Ould Abdel Aziz est revenu sur son thème favori, à savoir la lutte contre la gabegie. Un thème, qui semblait être rangé au frigo depuis quelques temps, refait surface, avec cette fois-ci plus de promesse de répression. En effet,  si  ce thème avait suscité un fort  élan de sympathie pour l’homme du mouvement  de la rectification du 03 août 2008, son impact demeure jusqu’ici  d’ordre  largement psychologique, donc dissuasif. L’envoi en prison des hommes d’affaires  jusqu’ici  intouchables,  de quelques hauts fonctionnaires  de l'Etat  et même d’un ancien premier ministre  avait  fait une forte  sensation au niveau de l’opinion  publique.  La croisade contre la gabegie qui, il faut le reconnaître, reste encore nécessaire, urgente même  avait permis certes  à l’Etat de retrouver  quelques milliards d’Ouguiyas détournés, donc de renflouer les caisses, mais elle a vite fini par  s’essouffler, parce que les présumés  « moufcidines/ gabegistes »  étaient tout  simplement sommés de rembourser les montants, ce qui limitait forcément la dissuasion, donc la portée. Pire, les fonctionnaires et agents de l’Etat réussissaient toujours, à travers des marchés de complaisance, à passer entre  les mailles des filets. Pour sa part, l’opposition accuse le pouvoir de corruption à travers la création d’une nouvelle « caste d’hommes d’affaires.» Enfin, les milliards recouvrés n’ont que très peu profité aux citoyens mauritaniens. Une injustice qu’il faudrait redresser, car il n’y a pas de raison que des fonctionnaires véreux dilapident  impunément des biens de l’Etat,  se tapent des maisons et des véhicules d’un luxe insolent, envoient  leurs enfants dans les meilleures écoles (française même)  de Nouakchott ou d’ailleurs, se fassent soigner à l’étranger,  se dotent des milliers de têtes de bétails  alors que d’autres peinent  à s’octroyer un seul  repas par jour. Des disparités criantes et paradoxales dans un pays présidé par celui qui se targue d’être le président des pauvres.

 

Aujourd’hui, il semble que le président  est déterminé, au cours de son second mandat,  à changer de fusil d’épaule, donc de stratégie. C’est  croient savoir  certaines sources, le message qu’il a passé lors du dernier conseil des ministres. Désormais, les auteurs présumés de détournements de biens publics seraient  objet de poursuites judiciaires  jugés et  condamnés s’ils sont reconnus coupables.  Espérons que les  magistrats seront suffisamment forts et indépendants pour  ne pas céder aux pressions  qui peuvent venir, parfois  de très haut.