Lettre au Président Mohamed Ould Abdel Aziz : Après l’investiture, le statu quo ou l’innovation politique

3 August, 2014 - 15:38

Laissez-moi d’abord vous souhaiter, après un béni mois de ramadan, une bonne fête Aid El fitr, et que, le Tout-Puissant Maitre des Cieux et de la Terre, accorde au peuple mauritanien, à vous et votre famille, à l’ensemble de la Ouma Islamique ayant accompli cette obligation divine, les bienfaits escomptés.

 

Ce 2 Août 2014, marque votre investiture pour  un second quinquennat. Un quinquennat  placé sous le signe de la consolidation des acquis, donc de l’espoir. Comme tous les patriotes mauritaniens, je vous souhaite plein succès, comme le fut d’ailleurs votre premier mandat. À vos honorables invités, je leur manifeste mes remerciements, d’avoir honoré de leur présence massive à cette grandiose cérémonie d’investiture. Une occasion mémorable, prouvant au monde entier l’attachement du peuple mauritanien, sans distinctions ethniques, sociales ou politiques qu’il porte à son avenir. Inutile de brosser ici, la radioscopie du précédent mandat, dont le succès fut sans nul doute, la source de votre reconduction à la magistrature suprême de notre pays.

 

 

Excellence, monsieur le président,

Peu importe qui vous a soutenu, qu’il soit homme ou femme, parlementaire, élu local, chef traditionnel et religieux, fonctionnaire, personnalité politique, cultivateur, éleveur, commerçant, jeune, élite intellectuelle, un sans emploi en attente d’un lendemain meilleur, vous êtes le président de tous les mauritaniens et donc  gardien de la Constitution que  vous avez juré  de respecter et faire respecter.

 

Dès qu’un mandat se termine et qu’un autre commence, on ne peut s’empêcher de se poser un certain nombre de questions souvent légitimes. Surtout dans le cas où il y’a reconduction du chef de l’exécutif avec 81,87% des voix. Le peuple vous a plébiscité en 2014 après vous avoir octroyé une majorité au Parlement, en 2013. Dés lors, la principale question qui se pose est de savoir si la méthodologie de gouvernance appliquée au cours du précédent mandat et qui a donné les résultats connus au plan social et politique- source du plébiscite sera t-elle maintenue ou devrons nous nous attendre à des innovations ?

 

Au plan politique, nul besoin de rappeler que, l’actuelle Assemblée Nationale issue des législatives du 23 novembre et 21 décembre 2013, vous permet de gouverner sans ambages. Cependant, elle est amputée d’une partie de l’opposition, qui d’ailleurs est seule responsable de cette navrante situation, jadis évitable. Si, les défaillances intrinsèques aux leaders de l’opposition, ont contribué à la réduction de la représentativité dans cette chambre, je demeure persuadé que, la participation de toute la classe politique est plus que nécessaire. A cet effet, un nouveau round de dialogue pouvoir/opposition visant à aboutir à une nouvelle élection législative est souhaitable, bien qu’aucune contrainte ne l’exige. N’étant ni juriste pénaliste, ni constitutionaliste, je crois savoir que, si notre constitution vous permet de maintenir ce statu quo, elle vous octroie aussi le pouvoir d’engager une nouvelle élection législative, si tel est votre souhait. De plus vous avez la latitude d’y introduire des modifications par voie référendaire, qui peut concerner la durée et le nombre de mandat présidentiel.

Certes, à travers votre Premier ministre, vous avez tendu la perche à l’opposition, pendant votre premier mandat. Elle n’a pas su la saisir. Et, rien ne vous empêche de le faire une nouvelle fois, pendant votre second mandat. En espérant que l’opposition puisse enfin saisir l’opportunité que vous leur offrait. Ainsi va la vie, faite d’éternels recommencements. D’ailleurs, une assemblée Nationale représentative de l’essentiel des forces politiques ne traduit elle pas la vivacité d’une démocratie ? N’est elle pas aussi un indicateur de bonne gouvernance ? N’est elle pas un gage de sécurité à toute tentative de velléités parlementaires ?

 

Au plan social, tout au long du précédant mandat, l’observateur averti a pu noter les tentatives de prise en otage de notre société, par une certaine classe politique ambitionnant d’installer une hypothétique crise. DIEU merci, cuisantes furent les échecs aux tentatives de création de crises (Mouvement du 25 février 2011, tentative de récupération de l'autodafé des livres du rite malikite en mai 2012, tentative de récupération du tir sur le Président en octobre 2012, appels aux boycottes des législatives de 2013, tentative de récupération de l'énigmatique profanation du coran en mai 2014 et appels aux boycottes de la présidentielle de 2014) et grande furent les frustrations ressenties par l’opposition allant d’échec en échec.

Certes, à chacune de ces  tentatives, certains de nos compatriotes ont failli succomber aux  sirènes de leurs colporteurs,  d’où la nécessité pour ne pas dire l’urgence, de mettre en place un processus de consolidation de la paix  et de la cohésion sociale.

 

Si notre pays veut conserver sa stabilité sociale socle de notre vie politique, stabilité acquise grâce à votre détermination, la nouvelle classe dirigeante est OBLIGER d’aplanir les INEGALITES, de combattre les FRUSTRATIONS et, de s’attaquer aux problèmes basiques du plus grand nombre.

 

D’autant qu’on vit dans un monde dangereux, au milieu d’un environnement sous régional à risque et dans un climat national empreint de méfiance intercommunautaire où la moindre étincelle peut nous être fatale à TOUS…

 

Le moment est venu, Excellence Monsieur le Président de la République, d’œuvrer pour une POLITIQUE DE L’UNITÉ DU PEUPLE, pour faire face aux dangers qui peuvent surgir et menacer notre fragile quiétude nationale, qui a grandement besoin de la trinité sociale nommée JUSTICE, EQUITE et TRANSPARENCE.

 

Friedrich Wilhelm Nietzsche (1844 - 1900) disait "Tout le monde croit que le fruit est l’essentiel de l’arbre quand, en réalité, c’est la graine". Excellence, Monsieur le Président de la République, vous êtes la graine de laquelle doit enfin germer en PAIX une Mauritanie de PAIX SOCIALE.

 

Vive la Mauritanie,

 

Dr. Hampate Ba

Moughaata Mbagne

Président de la Commission Suivi et Evaluation à la CNJ/UPR.