Que de chemin parcouru depuis 1960

13 August, 2014 - 15:37

Ce serait une contrevérité flagrante que de dire que tout est pour le mieux chez nous et qu’il n’y a pas de difficultés. Mais c’est aussi faux et malhonnête de ne voir que du noir et toujours chercher à jeter le discrédit sur le pays, nuisant ainsi à son image et à ses intérêts suprêmes partout et en toutes circonstances.

On connaît tous les conditions et circonstances dans lesquelles nous avons acquis notre indépendance, on peut dire, sans risque de nous tromper et avec euphémisme, que nous n’avons pas été choyés par ce que les colons nous avaient laissés. Mais, par la grâce d’Allah et la volonté de tous, filles et fils de ce pays, nous avons, contre « vents et marées », bâti un pays. Depuis 1960, en effet, que de chemin parcouru ! La Mauritanie est, aujourd’hui, une nation forte, doté d’un Etat et d’institutions solides et crédibles. Mais cette situation reluisante, obtenue après des sacrifices énormes, consentis par de vaillants patriotes fils de ce pays, ne réjouit, malheureusement, pas tout le monde sous nos cieux. Pour des objectifs inavoués, parfois ; peut-être inconnus, même, de leurs propres auteurs.

Personne ne peut le nier, ni même le contester : après les dures années de descente aux enfers qui ont lourdement affecté l’unité et la cohésion nationales, des progrès notoires ont été accomplis, pour rectifier le tort fait à notre pays. Nos compatriotes injustement déportés, malgré les difficultés auxquelles ils sont confrontés, comme, d’ailleurs, beaucoup de leurs concitoyens, sont quand même rentrés dignement dans leurs pays et ont commencé à recouvrer la plénitude de leurs droits. Ensemble et de façon consensuelle, par le canal de notre représentation nationale et de notre classe politique, nous avons mis sur pied un arsenal juridique pour combattre l’esclavage, même si l’on doit encore faire preuve de plus de sacrifices, pour venir définitivement à bout de cette calamité qui ne cesse de ternir notre image aux yeux du Monde, nous faisant passer pour une nation à la marge du progrès.

C’est indéniable, la Mauritanie et l’homme mauritanien sont confrontés à d’innombrables défis et difficultés. Mais c’est tous ensemble que nous sommes tenus de les relever et de leur trouver des solutions. Nous n’y arriverons pas par l’invective, le déni constant et gratuit, ni, surtout pas, l’appel à la haine et à l’affrontement entre composantes qui ont toujours vécu en parfaite symbiose. Il est clair que nos apprentis pyromanes adeptes des querelles de bas étage semblent avoir fait le choix, pour eux-mêmes, du casting et de l’image, au détriment de l’intérêt général qui doit être la somme des intérêts particuliers.

Les distinctions personnelles et la reconnaissance internationale présumée, en quoi ont-elles amélioré les conditions de vie des personnes dont ces pyromanes revendiquent la prise en charge des préoccupations et la défense des droits ? C’est incontestable : les quelques améliorations qu’ils commencent à constater sont l’œuvre de l’Etat et seulement de lui qui a fait, de l’amélioration des conditions des couches défavorisées, son cheval de bataille. Les gigantesques réalisations dans ce qui était connu sous le nom de « Triangle de la pauvreté », aujourd’hui rebaptisé « Triangle de l’espoir », le prouvent.

On peut aisément comprendre les aspirations des uns et des autres et, surtout, de ceux qui veulent rapidement voir entrer notre pays dans la cour des nations très développées, quoique la transparence et la bonne gestion ne soient que depuis peu de rigueur. Ceux-là ont subitement pris conscience des énormes potentialités dont regorge notre pays et ils ont raison d’avoir de telles ambitions. C’est légitime et nous devons tous développer cette attitude. Mais ce que nous ne devons pas oublier, en revanche, c’est que nous sommes, malgré tout, un pays du Tiers-Monde, confronté à d’innombrables difficultés, sur un territoire de plus d’un million de kilomètres carrés où tout est prioritaire, un pays meurtri et lourdement affecté par une mauvaise gestion endémique, sous l’égide d’anciens gouvernants en manque de patriotisme qui avait pris l’habitude de se servir de nos ressources et ne point nous servir. Ce n’est pas en nous discréditant à l’étranger, par de faux slogans, qu’on peut bien brandir à Nouakchott, sans jamais être inquiété, ou en incitant les masses à la haine pour susciter, dans le pays, une situation d’instabilité qui ne sera dans l’intérêt de personne, qu’on encouragera notre gouvernement et ses partenaires internationaux à ordonner des conditions de changement positif et significatif. Les changements et développement ne peuvent être réalisés que dans un pays stable et paisible. Nos gouvernants ont raison d’y travailler, dans un contexte de liberté totale et absolue mondialement reconnu et salué.

Brahim Fall Mohamed Vall