Samba Thiam, président des FPC, (ex-Flam) : ‘’Pourquoi la prétendue rencontre Aziz –FPC suscite tant de controverses ? Pourquoi nous et pas les autres ?’’

2 June, 2016 - 00:12

Le Calame : A en croire la presse, le Président Samba Thiam a été reçu  au palais  et  son  parti  prendrait part au dialogue annoncé par le président Mohamed Ould Abdel Aziz dans son discours de Néma. Info ou intox ?

Samba Thiam : Ces derniers temps,  j’ai, en effet, suivi  avec intérêt et amusement les commérages sur une rencontre, éventuelle, que j’aurais eue avec le Président Abdel Aziz. Je dois vous dire, pour lever d’emblée toute équivoque, qu’il s’agit de spéculation, qui relève peut –être de ‘l’intox’’ comme vous dites. 

 Seulement le plus surprenant dans tout ça c’est  non pas  la ‘’nouvelle’’,  mais la réaction que suscite la nouvelle ; ‘’ l’événement  ’’  est présenté ou perçu comme un scandale …

Il me plait de rappeler,  en premier lieu,  à l’intention  de ces gens offusqués, que le Président Abdel Aziz demeure quand même le chef de l’Etat et le président de la République, donc interlocuteur incontournable dans la résolution des problèmes !  Par ailleurs, je ne puis m’empêcher d’exprimer mon  étonnement devant la réaction à double standard manifestée à notre endroit. Pourquoi cette prétendue rencontre Aziz –FPC  suscite tant de controverses ? Pourquoi nous et pas les autres ? Je pense  à  l’Ajd, au  MPR, au  RFD, pour ne citer que ceux-là.

 C’est connu, d’aucuns  ont rencontré le Président  dix huit fois de leur propre aveu, sans que cela n’ait, jusqu’ici, choqué ou offusqué personne !

Je n’ai, pour conclure,  depuis mon retour d’exil en septembre 2013, rencontré le Président  Abdel Aziz qu’une fois, sur ma demande. Je n’ai plus sollicité d’autres rencontres  pour n’avoir noté aucune  inflexion dans sa politique  qui m’encouragerait  à le faire … Voilà ce que je puis dire sur  la  question.

 

-Y’aurait-il des conditions  ou préalables  pour que  les FPC participent  au  dialogue politique convoqué par le pouvoir ? Si oui, lesquelles ?

-Je voudrais, avant de répondre à la question, rappeler notre position de principe sur le dialogue depuis 1986. Nous sommes les premiers , en conclusion du Manifeste des Négro-mauritaniens opprimés , à demander un débat national ou dialogue national sur les questions de fond ; le dialogue  constitue notre crédo , depuis toujours ; peut –être parce que , comme le disait quelqu’un , nous croyons  aussi  que le ‘’ le but de tout dialogue est d’en sortir plus unis , plus forts et plus confiants ‘’…Un dialogue  sérieux , serein , inclusif  tel est ce que nous avons toujours demandé … Pour répondre donc à votre question,  je redirais, à nouveau , oui  si nous devons débattre des questions de fond , comme la cohabitation et l’esclavage , oui si nous sommes invités bien entendu …

J’en profite pour  ajouter, à des fins de clarification,  que le commentaire  d’Al Akhbar  sur notre  récépissé, comme par glissement, n’engage que le journaliste.  Cela n’a strictement  rien à voir ! Il s’agit d’un droit.

 Nous ne monnayons pas ce dossier actuellement  entre les mains de la justice qui tarde à trancher. ...

 

 -Les FPC se seraient vite réjouies de la décision de créer des Conseils Régionaux. Pensez-vous que les CR joueraient le même  rôle que les grandes régions  contenues  dans  votre projet d’autonomie ?

-Si le chef de l’Etat devait nous piquer les idées, nous ne pourrions que nous en réjouir, parce que cela signifierait que non seulement, on nous reconnait une certaine capacité à penser juste, mais surtout  que les  affabulations dont nous sommes l’objet n’étaient  qu’affabulations ! Enfin, ce qui nous importe davantage  –nous l’avions déjà dit – c’est que la Mauritanie sorte grandie, transformée, plus forte ;  le canal ou l’agent par lequel s’opère le changement est sans intérêt …

Pour le reste, il faut attendre que le Président définisse plus clairement les contours, encore flous, de son projet  pour être fixé. En tout état de cause, notre projet n’a strictement rien  à voir avec ces copies pâles des décentralisations d’il y a quelques années …Les populations doivent être dotées de pouvoirs réels et de moyens conséquents dans la gestion de leur terroir.

 

-Les propos du président Aziz sur la communauté Haratine ont suscité une vive réaction de la part de cette composante essentielle du pays mais aussi des partis politiques et organisations de défense des droits de l'homme. Partagez-vous cette indignation?  

-Je suis indigné, naturellement … Qui ne le serait pas, pour toute  personne sensée, face à de tels propos ? Les généraux ont rarement le sens des formules heureuses  ou , à tout le moins , très peu portés  sur le  langage diplomatique qui ne leur  sied pas du tout , alors pas du tout! Qui ne se souvient pas du ‘’vive le Québec  libre ‘’du Général de Gaulle  au  beau milieu  d’une visite au Canada?

Amener l’Afrique à mettre en adéquation sa population  avec  ses ressources, voilà une  formule qui serait difficilement critiquable sur le plan moral.

 

Propos recueillis par DL