La drépanocytose tue en silence en Mauritanie

23 June, 2016 - 16:07

Madame Mariam Wane a appelé l’Etat mauritanien à s’impliquer, fortement, dans la lutte contre la drépanocytose, « en mettant en place un programme sanitaire de prise en charge pour les victimes de cette maladie, à l’image de ceux institués pour le VIH/SIDA, la tuberculose et le diabète ». La présidente de l’Association de Soutien aux Drépanocytaires en Mauritanie (ASDM) intervenait, dimanche 19 Juin, lors d’une cérémonie organisée, par son association, à l’occasion de la Journée mondiale de lutte contre la drépanocytose, célébrée, cette année, sous le thème : « Un monde sans drépanocytose ». Appel similaire a été lancé, en direction de la Société civile, des leaders religieux et des media, dans « ce si noble et humaniste combat à sauver des vies et à donner espoir à ceux qui souffrent, à tout moment, dans leur corps et esprit ».

En Mauritanie, le taux de prévalence de la drépanocytose est de 13%. La lutte contre ce fléau présente de multiples et cruciaux enjeux. « Il s’agit, bien sûr, de soigner, tenter de soulager la douleur des patients », explique madame Wane, « favoriser le diagnostic, fournir des matériels de soins et de traitement… Mais c’est, aussi et surtout, informer les populations, les familles, les malades, le personnel de santé sur les symptômes, les origines et les modalités de prise en charge d’une maladie mal connue et sur laquelle les erreurs de diagnostic et de traitement s’avèrent souvent mortelles ».

 

 La bataille peut être gagnée

Depuis sa fondation, en 2003, l’ASDM a pu, malgré ses faibles moyens, organiser, à Nouakchott mais, aussi, à Rosso, Boghé et Kaédi, des séances de sensibilisation et de formation, sur la prise en charge de la maladie et sur ses complications. Des sessions destinées aux médecins, aux enseignants et aux focus-groupes. Regroupant des professionnels de santé, des drépanocytaires et des parents de malades, l’association leur apporte son soutien, par la distribution de médicaments et de vaccins. Elle déplore, à ce jour, le décès de cinq cas, des enfants âgés de 5 à 18 ans.

« Notre action ne doit pas rester », estime madame Wane, « à la charge du seul bailleur qui a fait, de la drépanocytose, un de ses axes prioritaires de lutte, depuis presque une décennie. Elle doit être relayée par nombre d’institutions privées et publiques, notamment les gouvernements des Etats-membres, garants du bon fonctionnement de la santé publique ». Et de remercier la DCI de Monaco, pour son soutien tout au long de ces années, avant de convier, enfin, toutes les bonnes volontés, ONG, fondations et autres institutions, à tendre la main aux drépanocytaires, pour les aider à mieux vivre leur maladie.

Les efforts au quotidien du docteur Amadou N’Diaye, médecin au Centre Hospitalier de Nouakchott (CHN) ont été magnifiés par les patients. « Vous êtes le seul praticien à nous soigner gracieusement ». Leur remontant le moral, il les invite à garder espoir : « Oui, la bataille contre la drépanocytose peut être gagnée ! Il ne faut pas désespérer. Persévérons, tous ensemble ! », a-t-il scandé, « car les progrès vont vite et pourraient déboucher sur des remèdes vraiment souverains ». Un message d’espoir qui réconforte des milliers de malades mauritaniens, tandis que le Ministère de la Santé s’est fait singulièrement remarqué, lors de cette chaleureuse et émouvante cérémonie, par… son absence.

 

Synthèse Thiam