Faits divers… Faits divers… Faits divers…

23 June, 2016 - 16:08

« Pablo » relâché par le tribunal

Dans les colonnes de notre précédente édition, nous relations l’arrestation de « Pablo » et de sa bande, par des éléments de la Brigade des Recherches du Banditisme (BRB), la célèbre unité du Commissariat Spécial de la Police Judiciaire (CSPJ). Après quelques jours de garde à vue, le fameux Pablo, surnom du jeune récidiviste Mohamed ould Hafedh, et ses complices sont déférés au Parquet de la wilaya Ouest de Nouakchott. Le même jour, leurs dossiers sont transférés vers l’un des juges d’instruction… qui s’empresse de les relâcher sous contrôle judiciaire. Une décision très mal accueillie par l’opinion publique et, surtout, par les nombreuses victimes de ces malfaiteurs.

Rappelons que plusieurs bandits semblent disposer ainsi d’une sorte de sauf-conduit judiciaire. Le cas du jeune Kane, relâché, par le Parquet, après quelques mois à semer la terreur à Tevragh Zeïna, avec sa bande dont un élément du GSSR, est toujours dans les mémoires.

 

Les agressions reviennent en force

La grande campagne menée, depuis quelques mois, par les autorités, contre la délinquance et le crime, a plus ou moins porté fruit. Dans la plupart des quartiers de la ville, braquages et agressions ont presque cessé. Dans d’autres, ils ont connu une importante baisse. Les jeunes filles pouvaient se promener la nuit, téléphone en main. Mais cette paisible période a commencé à être troublée, de temps à autre ces dernières semaines, par une agression par-ci, un braquage par-là.

Au cours d’une seule nuit du mois passé, trois jeunes hommes ont été poignardés, à Arafat, par des inconnus qui ont pu se volatiliser. Il y a deux jours, un jeune homme, répondant au nom d’Ahmed ould Obeïd, a été découvert, inanimé et saignant, sur l’axe Aziz à Dar Naïm. Ses parents qui l’ont évacué vers l’hôpital Cheikh Zayed ont déclaré, à la police, qu’il a été poignardé par la bande de Doudou Bah, un délinquant connu dans la zone. Les forces de l’ordre sont à sa traque. Au marché GSM, communément appelé Nokta Sakhina, une bagarre éclate, le vendredi 17 Juin, entre deux jeunes hommes. Une histoire de téléphone portable d’occasion que l’un a vendu à l’autre. L’acheteur finit par planter son couteau dans l’abdomen du vendeur qu’il accuse de l’avoir roulé dans la farine.  Aux dernières nouvelles, le blessé souffre gravement au CHN. A Dar Naïm, il y a quelques jours, un malfaiteur agresse un vieux père de famille et sa fille. Il s’est présenté chez eux, vers huit heures, prétendant chercher une chambre à louer. Se rendant compte que le vieil homme est seul, il le poignarde. Réveillée en sursaut, la fille intervient et se voit aussi blessée au bras. Heureusement, leurs blessures ne sont pas graves.

 

Le grand pénitencier respire

Construit en 2007, selon « les meilleures normes de sécurité et d’hygiène », assura-t-on, à l’époque, le bagne de Dar Naïm n’en a pas moins connu de spectaculaires évasions, parfois collectives, ainsi que plusieurs épidémie et maladies graves. Prévus pour abriter huit cent cinquante pensionnaires, les locaux se sont retrouvés vite surchargés et lorsque fut atteint le millier de locataires, les autorités judiciaires décidèrent de rouvrir l’ancienne Prison centrale. Cela n’a pas suffi et la surpopulation n’a cessé de croître. Jusqu’à la grande évasion de Février dernier où le Ministère a dû reconnaître l’urgence de désengorger l’effectif pléthorique de Dar Naïm, afin d’éviter l’encombrement des cours, synonyme de bagarres et de mutineries, et retrouver une gestion apaisée des séjours carcéraux.

Tous les condamnés à mort ont été déplacés vers la nouvelle maison d’arrêt de Bir Moghreïn qui a coûté pas mal d’argent à l’Etat. Les criminels assujettis à de lourdes peines ont été répartis entre les prisons d’Aleg et de Nouadhibou. Du coup, Dar Naïm ne compte plus que quelques centaines de prisonniers, éparpillés entre les différentes cours. Tous les anciens « généraux » ou chefs de cours sont partis. Les gardes les ont immédiatement remplacés par ceux qui étaient « aux rangs ». Il n’y a quasiment plus de commerce dans cette maison d’arrêt car les caïds qui s’en étaient emparés ont été transférés ailleurs. Peut-on espérer que le sobriquet « Dar Naïm, école du crime » ne devienne plus qu’un lointain souvenir, comme un cauchemar citoyen jeté aux oubliettes ?

 

Mosy