Vers un dialogue inclusif ou…exclusif ?

23 June, 2016 - 16:15

Au fur et à mesure que s’éloigne l’échéance fixée, par le président de la République, pour le démarrage du dialogue, les chances de le voir inclusif s’amenuisent. En effet, rien – contacts informels mis à part – ne présage, à ce jour, d’une rencontre, autour d’une même table, entre le pouvoir et son opposition réputée « radicale ». Les audiences accordées, à divers partis de l’opposition « modérée » ou favorable au dialogue, et la tenue, récente, d’une réunion préliminaire, entre ces partis et le gouvernement, n’annoncent pas une telle ouverture. Le pouvoir risque fort de ne dialoguer, comme en 2011, qu’avec une partie de l’opposition, alors que le but affiché entendait impliquer son importante frange restée, jusqu’ici, en marge des représentations démocratiques (mairies, Parlement).

Les efforts déployés, par plusieurs personnalités du pouvoir, les assurances données, par le Président, de ne pas chercher à modifier la Constitution pour s’octroyer un troisième mandat, ne paraissent pas réussir à convaincre le FNDU et le RFD. A tout le moins, il leur faudrait reconnaître, « publiquement », précisent les tenants du pouvoir, le pas accompli par le chef de l’Exécutif ;un pas « important » vers la décrispation que l’opposition devrait apprécier, elle qui attendait des assurances pour s’engager dans la discussion. L’obstacle du troisième mandat désormais franchi, entend-on dire dans l’entourage présidentiel, l’opposition doit accepter de retourner à la table des négociations pour sortir le pays d’une crise politique qui perdure depuis trop longtemps.

Mais le long chemin vers le dialogue reste hérissé d’embûches. Si le FNDU et le RFD apprécient modérèment le geste du président de la République, ils continuent à douter de la sincérité de celui qui n’a eu de cesse de les rouler dans la farine. Le référendum appelé à supprimer le Sénat et le risque de se retrouver noyés, sous un déluge de partillons et autres organisations « cartables », leur paraissent de gros pièges à éviter. Aussi demandent-t-ils, au pouvoir, de prouver sa bonne foi : en réaffirmant, clairement et sans plus aucune équivoque, le ferme engagement du Président à ne plus jamais se présenter au vote des électeurs, et, surtout,en revenant sur son agenda, au bénéfice d’un nouveau dialogue, vraiment consensuel. C’est dire que les divergences restent profondes entre les deux camps. Leurs contacts informels se poursuivront-ils assez longtemps pour arrondir les angles ? Des bonnes volontés s’impliquent pour en convaincre les uns et les autres. Une chose est certaine : leurs divergences n’ont que trop duré, il est largement temps de les mettre en sourdine...