L’Arabie Saoudite face aux attentes des peuples arabes

14 July, 2016 - 02:42

Tout récemment, j’ai publié un texte en arabe et en français, à Emel eljedid et au Calame, sous le titre « la crise syrienne et la résurrection diplomatique de la Russie » ; j’y ai notamment évoqué le rôle irréfléchi sinon incompréhensible que les nouveaux dirigeants du Royaume Saoudien avaient joué et continuent encore de jouer dans ce conflit. Les situations et événements qui y sont décrits étaient publics et en tout point déjà traités par les médias internationaux.

Je n’ignorais pas cependant que toute critique de la monarchie Saoudienne était considérée comme quelque chose de « très sensible » par nos adeptes de la ‘’realpolitik’’ ; laquelle ressemble chez nous à une mentalité très largement répandue et qui se traduit par une forme d’autocensure ou, plus exactement, d’hypocrisie mal cachée en ce qu’elle évite, au prix d’une série de platitudes, le risque de ne pas convenir, parce que les intérêts personnels ont toujours eu le dernier le mot dans ce pays où la rumeur que l’on colporte est la principale occupation intellectuelle. Et c’est précisément  pour cette raison – parmi d’autres – que je m’y étais résolu, car je n’ai jamais accepté de me vautrer dans cette mentalité qui est du reste très changeante au gré des vents et qui, comme le sable du Sahara, ensevelit et cache tout.

Je savais en outre que certains de mes amis, ayant une approche plus nuancée ou, en tout cas, différente de la mienne, ne manqueraient pas de soulever moult interrogations à ce sujet. C’est effectivement ce qui arriva. Et c’est pour répondre à ces interrogations que je vais essayer, ici, d’approfondir ma réflexion de façon qui se veut non éclectique mais simple et claire donc sans fioriture aucune.

Pour ce faire, écartons tout de suite un malentendu probable : il faut d’emblée reconnaître à la famille Al Saoud d’avoir créé un pays ex nihilo et de lui avoir donné stabilité et richesse, bien que ses membres aient toujours considéré ce pays comme leur bien et qu’ils n’aient jamais oublié de s’approprier la part du lion dans la répartition de cette richesse. On peut même ajouter que l’autre part de la manne pétrolière a été plus ou moins convenablement redistribuée aux populations. Et c’est donc là un passé plutôt glorieux.

Mais le présent est morose : l’économie du Royaume est en panne, plus que jamais dépendante du pétrole dont les cours piquent du nez ; le pays est étranglé financièrement par les achats d’équipements civils et militaires effectués en occident et en premier lieu aux Etats Unis. Achats volontaires ou forcés qu’il faut régler ici et maintenant avec une trésorerie en mal de liquidités, malgré les immenses réserves de capitaux déposés dans les banques et fonds d’investissement occidentaux, mais qui ne sont pas souvent disponibles, le Royaume n’ayant pas latitude d’en disposer comme il veut et quand il veut…

Ces achats réguliers constituent, de fait, une rente ainsi versée à l’occident. Ils sont d’autant plus impopulaires qu’ils sont inopportuns sur le plan économique et inutiles au plan militaire, puisque la sécurité du pays est assurée par Washington à travers ses bases militaires implantées à l’intérieur du pays, notamment à Dammam où la base américaine comprend un important dispositif aérien, allant des F16 aux Awacs en passant par les hélicoptères les plus performants du monde.

Cette présence militaire, trop voyante, blesse sans aucun doute le nationalisme des saoudiens,  d’autant que des opposants sûrement malveillants laissent entendre qu’une importante partie de ses coûts est prise en charge par la compagnie pétrolière saoudienne, ARAMCO ; il n’en reste pas moins qu’elle constitue, pour le pouvoir, le meilleur rempart contre les ennemis de l’extérieur voire de l’intérieur. Ce sont donc des achats inutiles qui pèsent lourdement sur les finances publiques ; le Royaume pouvait bien s’en passer, à moins qu’ils ne fassent partie du prix à payer pour sa sécurité, comme le suggèrent ces mauvaises langues.

Sur le plan intérieur, c’est vrai que le mouvement des esprits n’est pas imminent, même si des actions violentes pouvaient se manifester de temps à autre, tels que les actes terroristes perpétrés la semaine dernière dans trois villes du pays dont la très symbolique et sainte Médine ; la révolution n’est pas pour demain, il n’ya pas de pauvreté massive susceptible de provoquer une révolte, pas non plus d’opposition organisée ; mais l’immobilisme politique, surtout s’il continue à se conjuguer avec la baisse des prix du pétrole entrainant une crise économique, n’est pas rassurant pour l’avenir du pays. Les dirigeants du Royaume seraient donc bien avisés de prendre le chemin de la réforme. Car lorsque rien ne bouge en politique, alors tout peut brusquement changer à un moment où l’on s’y attendait le moins.

Une lucidité inférieure à celle de ses concurrents régionaux

Au plan des relations extérieures, et ce fut le sujet de mon propos, il est loin le temps où le roi Fayçal pouvait parler au nom des pays arabes et du milliard de musulmans à travers le monde. La diplomatie saoudienne a de plus en plus de mal à briller. Elle cherche mordicus à dépendre des Etats Unis au point que tout observateur averti reste coi. Son inféodation à Washington, ses nouvelles relations inavouées avec Israël et ses rancunes tenaces vis-à-vis des alliés de l’Iran ou supposés tels, empêchent l’Arabie Saoudite de se présenter en leader du monde arabe.

Pour autant, personne n’a dit et nul ne peut imaginer que l’actuelle classe dirigeante du Royaume était composée de va-t-en-guerre analphabètes et incapables de saisir les complexités du monde, même si elle était clairement engluée dans un dogmatisme religieux et des préjugés historiques. Toute puissance régionale, à l’instar des puissances internationales, s’efforce de comprendre le monde et de penser le temps par la mise en perspective d’une ambition tout a fait légitime de contrôler son environnement immédiat, à défaut de le maîtriser, pour réaliser toutes les potentialités de son devenir.

Or c’est de là que cette classe dirigeante a montré, avec une maladresse de néophyte, une lucidité inférieure à celle de ses concurrents régionaux, à savoir les dirigeants iraniens : Tandis que le Royaume s’enfonce dans une politique stupéfiante de multiple hostilité à l’égard du Yémen et de la Syrie d’une part, de l’Iran et de l’Iraq d’autre part, politique incompatible avec ses moyens humains et militaires très limités, la république Islamique d’Iran, elle, ne songe qu’à son développement technologique et donc économique tout en encourageant – à tort ou à raison  – les nationalismes arabes et musulmans contre l’impérialisme américain et l’occupation illégale des terres palestiniennes par l’Etat sioniste.

Cherchant à contrer l’influence iranienne, les dirigeants Saoudiens aggravent encore leur cas en se jetant avec d’importants moyens financiers dans les bras du gouvernement israélien qui est pour le moins pire que celui de l’Iran au regard des intérêts stratégiques mêmes de l’Arabie Saoudite et de ceux des peuples de la région.

Il est vrai qu’en politique et surtout en géopolitique, les adversaires et même les ennemis sont parfois nécessaires : l’adversité fait mouvoir les esprits et met en branle les volontés. C’est vrai pour les hommes politiques et ce l’est encore plus pour les Etats, surtout lorsqu’ils ambitionnent d’exercer une influence sur le destin des autres.

Mais faut-il pour autant créer des ennemis ou des adversaires imaginaires pour susciter la cohésion et le ressort défaillant, surtout quand il s’agit d’un pays voisin – quelque soit par ailleurs les caractéristiques religieuses ou culturelles de celui-ci ?  

En réalité, le véritable ennemi des nations c’est le sous-développement et la régression économique, elles n’en manquent jamais tout à fait. Mais il arrive que leurs dirigeants inventent de fausses raisons, tel que le clivage sunnite /chiite, destinées à maintenir des tensions ou confrontations artificielles, par facilité et pour détourner leurs opinions publiques des vrais enjeux auxquels leur pays est confronté.

Et quels sont donc les vrais enjeux de cette région ?

Aujourd’hui, l’attention du monde entier porte essentiellement sur le terrorisme des groupes islamistes radicaux et le conflit israélo-palestinien qui sont, certes, graves dans la mesure où ils constituent un obstacle à la modernisation et à l’intégration économique, mais qui, si l’on se place dans la perspective des prochaines décennies, ne sont pas les éléments majeurs dont dépend l’avenir du Moyen Orient.

L’enjeu se situe-t-il  autour des immenses réserves de pétrole dont dispose la région ? 

C’est sans nul doute une question vitale, notamment pour les pays occidentaux dont l’approvisionnement dépend largement du Moyen Orient. Il semble que l’OPEP, le cartel dominé par les producteurs du Golfe, fournit à elle seule prés de la moitié du pétrole consommé dans le monde. Il semble aussi que d’ici deux décennies, les seuls pays du Golfe pourraient produire environ 60 % de la consommation mondiale. Pourtant, paradoxalement pour ces pays, le pétrole va jouer un rôle de moins en moins important, avant même que les nappes ne s’assèchent et que les milliers de puits qui parsèment leur désert ne cessent de fonctionner… 

Peut-être, alors, est-ce autour du problème essentiel de l’eau que va désormais se jouer l’avenir de la région ?

L’eau y constitue, en effet, la ressource la plus rare, celle qui pourrait bien devenir l’objet de futurs conflits. Les scientifiques estiment qu’en l’espace d’une génération, les besoins de la région en eau pourraient dépasser largement quatre fois les ressources disponibles. Et pourtant, ce n’est pas non plus le problème de l’eau qui pèse le plus sur son destin.

Le facteur essentiel qui compromet son avenir est son ignorance des réformes politiques et de toute forme moderne de gouvernement. Alors qu’elle a progressé dans toutes les régions du monde, la démocratie, ici, n’a pas avancé d’un pouce : à l’exception relative du Liban et de l’Irak, aucun des chefs d’Etat de cette région n’est parvenu au pouvoir par la voie démocratique, contrairement à leurs voisins  iranien, turc et israélien.

Plus que toute autre zone du globe, le Moyen Orient croupit encore sous le poids des régimes autoritaires, pour ne pas dire autocratiques ; lesquels apparaissent toujours incapables de mener à bien les réformes nécessaires à la modernisation industrielle et au développement économique. Et l’une des principales caractéristiques de ces régimes tient au rôle dominant de l’intolérance d’un rigorisme religieux (ici le wahhabisme)  qu’ils imposent à leurs sociétés.

En l’absence de tout autre cadre politique, c’est du référentiel religieux qu’ils tirent leur légitimité pour justifier leur rejet de la démocratie sous prétexte qu’il s’agit d’une invention occidentale, oubliant de façon grotesque que leur inféodation croissante aux pays occidentaux, notamment aux Etats Unis, n’en finit pas de les déconsidérer aux yeux de  leurs propres citoyens et dans le monde arabe, sans compter que la démocratie n’est nullement incompatible avec l’Islam.

La montée en puissance des groupuscules radicaux, s’appuyant sur le même référentiel, n’est qu’une forme de réponse, certes violente, à cette soumission ou aliénation de leur souveraineté ; encore qu’il s’agit d’une réponse qui leur donne une raison supplémentaire d’intensifier leur répression et de tourner le dos aux réformes politiques et économiques qui auraient pu réduire leur pouvoir ou ouvrir davantage leurs sociétés aux influences fécondes de l’extérieur.

Ils renforcent ainsi leur conservatisme social en s’opposant, particulièrement, à l’indispensable amélioration du statut et des droits de la femme. Mais ils renforcent bien d’autres facteurs d’involution : la faiblesse du niveau d’alphabétisation de leurs populations, qu’ils partagent avec la majeure partie des autre pays arabes, constitue un frein non seulement à la participation politique mais aussi au développement économique. S’y ajoute l’augmentation rapide de leur croissance démographique qui entraînera, n’en doutons pas, une importante insuffisance des ressources en eau  et des exigences sociales (emplois et prestations de services) de plus en plus fortes.

Or, ce sont là autant de défis cruciaux que le Royaume Saoudien ne paraît pas être en mesure de relever à court et moyen termes. Ce qui invite à se demander s’il n’était pas condamné à une croissance économique sans véritable ressort, au maintien d’une politique sociale régressive sinon  coercitive, à une modernisation économique qui traîne les pieds, à une politique extérieure incohérente et très coûteuse, notamment vis-à-vis de ses voisins immédiats, bref à un pouvoir sclérosé par un immobilisme politique et social élevé au rang de dogme.

Ce seraient là des perspectives à la fois dirimantes et affligeantes. D’autant que la République Islamique d’Iran, sa voisine et concurrente, a permis à ses citoyens de défier les mollahs en choisissant un président de tendance modérée (Hassan Rohani). Elle a également permis l’apparition de mouvements civiques qui s’attachent à promouvoir la démocratie par l’éducation des citoyens et leur incitation à s’inscrire sur les listes électorales. Et ce sont là des prémices d’une transformation politique et sociale en profondeur assurément encourageants   

A l’inverse, force est de constater que les dirigeants éclairés sont plutôt rares dans les pays arabes  et que ce sont soit l’autocratie soit les changements brusques et répétitifs des gouvernements qui font obstacle aux réformes nécessaires.

Pourtant, le monde arabe ne manque pas de solides atouts. De par sa riche tradition commerciale, l’économie de marché ne constitue pas pour lui un système nouveau. Il compte quelques excellentes universités et peut s’enorgueillir d’une histoire scientifique plus ancienne que celle de l’occident.

 En plus des réformes politiques qu’il devrait préalablement engager, si les immenses richesses de son sous-sol et ses importantes ressources financières étaient efficacement exploitées et mises en œuvre par les plus compétents de ses fils, associés aux compétences de ses partenaires extérieurs, avec une politique industrielle destinée à créer plus d’entreprises vouées à l’exportation, alors les possibilités d’une émergence économique rapide du monde arabe ne seraient pas à écarter.       

Quel rôle devrait alors jouer le Royaume Saoudien dans cette probabilité ?

Dieu créa l’être humain et lui donna, à l’exception de toutes les autres créatures, cette formidable capacité de pouvoir toujours rêver devant n’importe qu’elle situation dans la vie. On peut donc bien imaginer que surgirait bientôt, au moins dans le prochain quart de siècle, un nouveau prince visionnaire et charismatique, bien formé dans de bonnes universités, qui bénéficiera du soutien d’une grande majorité de la population active pour accéder à la couronne Saoudienne.

Si ce prince accéderait au pouvoir au moment précis où les prix du pétrole accusaient une forte baisse, à l’instar de l’actuel souverain mais contrairement à celui-ci, il refuserait d’accroitre la production et inviterait les membres de l’OPEP à faire de même. Résultat : les prix grimperont et continueront à augmenter jusqu’au prochain cycle de baisse qui sera, de nouveau, jugulé par une nouvelle mesure de limitation de la production, l’objectif étant de ne jamais laisser cette baisse  durer trop longtemps et de maintenir les prix à un niveau profitable pour les producteurs et supportable pour les consommateurs.

Il créerait ensuite une institution composée de personnes compétentes et réputées intègres qui garderont la haute main sur les revenus pétroliers ; il diminuera considérablement certaines dépenses de prestige inutiles et taillera, surtout, dans le budget militaire, particulièrement dans la rubrique des achats d’armes.

Il initierait alors un processus de réforme institutionnelle – à la marocaine ou d’un autre type plus avancé – pour combler le vide de la vie politique dans le quel se complaît le pouvoir et qui accroit sa sclérose en le rendant de plus en plus peu adapté aux besoins du temps.

Sa diplomatie sera conçue et articulée autour de cette double question : agissons-nous à l’égard de nos voisins conformément à nos valeurs religieuses et morales ?  Ces valeurs ne sont-elles pas altérées par les actions que nous menons au Yémen et en Syrie ? 

La réponse sera donc traduite par une attitude clairement affichée de bon voisinage et une ferme volonté de venir en aide aux pays voisins les plus démunis, en application des préceptes de l’Islam.

Après quoi, il lancera un Programme de développement économique et social avec un budget  triennal ou quinquennal de cent milliards de dollars environ, financé en partie par les recettes pétrolières et en plus grande partie par les immenses capitaux économiquement improductifs qui sont déposés dans les Fonds d’investissement internationaux et les banques occidentales, notamment la Banque Fédérale américaine sous forme de Bons de Trésor ; parce qu’il aura compris que les Etats n’on pas vocation d’investir dans les marchés financiers mais dans le développement d’une économie productive nationale en premier lieu...

Ce Programme sera géré par une agence autonome et portera, en coordination avec les actions du gouvernement, sur la construction d’écoles et d’hôpitaux de qualité, le perfectionnement des  professeurs, des médecins et des ingénieurs, le renforcement des infrastructures et méthodes de production agricole, l’octroi de prêts incitatifs aux entreprises exportatrices et le financement d’un Fonds d’aide à la recherche fondamentale et l’innovation technologique pour stimuler l’activité industrielle.

Les plus proches voisins du Royaume, le Yémen et la Jordanie, bénéficieront d’une partie de ce Programme dans un premier temps, avant que ce nouveau roi ne réussisse à convaincre les autres riches émirats à se joindre à l’effort commun aux fins de l’étendre à la Syrie, au Liban et à l’Egypte, d’une part,  ainsi qu’aux pays du Maghreb d’autre part ; les autres pays musulmans devraient, eux, bénéficier de manière plus importante des financements de l’actuel Fonds Saoudien d’aide au développement et des autres Fonds arabes.

Le succès de ce Plan conférera au Royaume une influence extraordinaire sur tout le monde arabe et une légitimité incontestable lui permettant de jouer un véritable rôle de leadership et de médiateur dans les différents conflits qui pourraient, autrement, tourner au conflit armé entre des pays ou factions d’un même pays, à l’instar de ce qu’il se passe en ce moment au Yémen, en Syrie, en Irak,  en Libye ainsi qu’en Egypte et au Liban dans une moindre mesure.

Le Royaume réussira ainsi à contribuer largement à l’élimination de la pauvreté et à la mise en œuvre de conditions sociales qui permettront le décollage économique de l’ensemble du monde arabe.

Voilà grosso modo ce que les peuples arabes attendent du Royaume d’Arabie Saoudite. Et il a les moyens d’y faire face…

Les Etats Unis ont fait à peu près la même chose par l’exécution d’un généreux Plan Marshall en Europe quand celle-ci en avait besoin, suite aux ravages de la Seconde guerre mondiale qui l’avait alors dévastée et mise à genoux. Ils l’ont ensuite fait, moins par solidarité que pour d’autres motivations, de manière à la fois indirecte et directe, en Asie du Sud Est : Corée du sud, Japon, Singapour, Taïwan, Hong Kong, Thaïlande… 

On sait en effet que, durant le dernier demi-siècle passé, sous l’influence de Washington et l’impulsion de la Banque Mondiale, « 80 % des prêts concessionnels accordés par les institutions financières internationales ont été orientés vers les pays du Sud Est asiatique[1] », sans compter les investissements massifs qui y sont effectués, tout au long de cette période, par la seule Amérique, notamment son secteur privé attiré par des mesures incitatives prises à cet effet par son gouvernement. Non pas pour les beaux yeux de ces pays mais pour, d’une part, reconstruire ce que les interventions militaires américaines avaient détruit au Japon et en Corée du sud et, d’autre part, éviter que lesdits pays ne tombent tous, par nécessité économique, sous l’influence idéologique des puissances rivales, l’ex URSS et la Chine. [2]

Peut-on espérer que l’actuelle classe dirigeante du Royaume Saoudien en fasse de même, dans un proche avenir, au moins pour le Yémen et la Syrie dont elle est, en grande partie, responsable de leurs souffrances d’aujourd’hui ?   

                                                                                                                  Par AHMEDOU OULD MOUSTAPHA 

 

[1] Jeune Afrique N° 1646, juillet 1992 : interview de Mahbubul Haq, ancien ministre des Finances du Pakistan, spécialiste de la Banque Mondiale et du FMI. 

[1] On sait par ailleurs que l’Irak et la Libye ont été abandonnés à leurs sorts après leur  destruction structurelle par les armées occidentales. Allez savoir pourquoi ils n’ont pas été stabilisés et reconstruits comme les pays asiatiques susvisés, et surtout pourquoi les Etats Unis procèdent-ils ainsi de manière sélective…

 

[1] Jeune Afrique N° 1646, juillet 1992 : interview de Mahbubul Haq, ancien ministre des Finances du Pakistan, spécialiste de la Banque Mondiale et du FMI. 

[2] On sait par ailleurs que l’Irak et la Libye ont été abandonnés à leurs sorts après leur  destruction structurelle par les armées occidentales. Allez savoir pourquoi ils n’ont pas été stabilisés et reconstruits comme les pays asiatiques susvisés, et surtout pourquoi les Etats Unis procèdent-ils ainsi de manière sélective…