Autour d'un thé

11 August, 2016 - 03:38

Ouf ! Les temps semblent vraiment être très durs. Au point que tout se mange. C’est vrai que les gens disent qu’habituellement, tout ce qui ne tue pas engraisse. Mais de là à croquer quelques douze mille tonnes d’engrais ! Et ne pas en mourir ! C’est vraiment extraordinaire. Des pesticides ingurgités, mine de rien, et puis rien. Ni les ministres n’en sont morts. Ni les directeurs généraux. Ni les directeurs centraux. Ni les comptables. Ni les chefs de service. Ni les responsables régionaux. Chez nous, les ventres sont en béton : Tout passe. Le fer, le poisson, le ciment, le sucre, l’or, le cuivre, les voitures, les anciennes écoles, les abords des établissements publics (stade ou école de police). Nos ventres sont de véritables machines à tout moudre. Des chantiers de transformation. Des laboratoires chimiques. On connaissait, à ce jour, les mangeurs de riz avarié. Mais les engrais, mesdames messieurs, c’est très dangereux. Surtout en aussi grande quantité. Et puis, cette presse-là qui n’en est pas une… C’est quoi, cette information selon laquelle : oui, il était une fois, quelque part en Mauritanie, quelqu’un qui était responsable de la Sonimex… Ah oui, il n’était pas seul. Il était avec des gens. Un groupe de cadres. Des hommes, des mauritaniens qui travaillaient dans cette société. Le responsable indélicat « aurait été » ordonné par quelqu’un – voix aussi passive que savoureuse … – de fuir, d’abord, puis de revenir, ensuite, raconter des histoires. Il était une fois… blabli blabla : voilà l’info. C’est quelle presse, ça ? Aucun nom, aucune date, pas la moindre précision. Des histoires de gens du puits. C’est plus facile d’inventer que de dire la vérité. Foutre même sa tête dans des choses qui ne les concernent pas. Un « éminent » journaleux aurait même demandé, au président de là-haut là-haut, je veux dire : à son Excellence le Président ; d’arrêter les poursuites dans le dossier des engrais de Rosso. Normalement, ce journaleux devrait être poursuivi pour avoir insinué que le chef de l’Etat pouvait se permettre de fourrer son nez dans les choses de la justice qui ne doivent, principe sacrosaint de la séparation des pouvoirs, jamais le concerner. Tout ça pour dire combien je suis, moi, très fâché contre cette presse qui  s’empresse à livrer, en telle ou telle autre affaire, les noms  de papa, maman, fils, oncles, tantes, gendre, bru, marâtre, oncles, fils, beau-fils, cousin, grand père, tribu, clan, région, communauté… et, en d’autres, à l’instar de cette aussi grave affaire, se révèle incapable de donner le moindre renseignement sur le principal accusé. Ça n’a rien à voir avec l’engrais ni avec le riz, mais c’est bon à savoir que, cette année, cette autosuffisance alimentaire dont s’enthousiasmait le Président sera impossible à réaliser. Sans engrais, pas de riz et sans riz, pas besoin d’engrais. Un peu comme l’histoire du phacochère et de sa célèbre tubercule (tar’e). Un véritable cercle vicieux. Le phacochère croque ladite tubercule pour fortifier son cou et fortifie son cou pour déterrer la tubercule. Le gars de la Sonimex va aller droit en prison, comme les gens du Trésor, qui sont comme les gens de la Somelec qui sont comme les gens de l’armée, qui sont comme les maire et trésorier de Nouadhibou qui sont comme les gens du stade de Nouadhibou qui sont comme les gens des Procapec qui sont comme les gens de la perception du port de Nouakchott qui sont comme les gens de la Somagaz qui sont comme les gens du Crédit agricole qui sont comme les gens de feue Air Mauritanie qui sont comme les gens des projets comme Vaincre, Gagner ou Perdre qui remplissent les prisons et attendent de sortir, de gré à gré, selon qu’ils sont puissants ou misérables. La seule politique qui vaille est que tout celui qui mange quelque chose doit le vomir. Comme ça, on aura des vomissements de toutes les couleurs et de toutes les senteurs. Imaginez du riz avarié mélangé à de l’engrais mélangé à du fer mélangé à du poisson mélangé à du cuivre mélangé à de l’or mélangé à du papier mélangé à une Constitution mélangée à du sucre mélangé à du lait mélangé à des voitures mélangées aux Domaines mélangés à du goudron mélangé à de la peinture à trottoirs mélangée à des photocopieuses mélangées au carburant mélangé à des affaires d’esclavage, de pauvreté et de réinsertion. Ça donne quoi ? Vous imaginez ? Une détonation destructrice : bouuuuuuuuuuum ! Salut.