Autour d'un thé

6 October, 2016 - 03:12

Nous parlons de choses que nous ne connaissons pas. Tous. Nous ne connaissons même pas l’islam. Notre propre religion… Pourtant, chaque fois que l’un de nous veut mettre fin à un débat ou à un dialogue, qu’il veut définitivement « couper les langues » de ses interlocuteurs, il évoque l’islam. Comme ça, ceux qui ne sont pas allés au dialogue n’ont bien révisé ni leurs tablettes ni leur jurisprudence islamique. « Ndéké » le dialogue n’est pas une idée du chef de l’Etat. Ce n’est ni à Chinguetti ni à Néma que cela fut évoqué pour la première fois. C’est à peine si chaque verset du Saint Coran n’en parle, assure le Grand imam de la mosquée centrale de Nouakchott, dans son sermon de vendredi dernier. Le tout premier, c’était entre Khawla et Allah pour que son mari Awss ne la quitte pas. Ce n’était une affaire ni de majorité ni d’opposition. C’était un dialogue pour la paix d’un ménage. Mais, c’est tout comme. Un dialogue, c’est un dialogue. Donc, pour les boudeurs, attention à la radicalisation, voire l’apostasie ! Comment refuser quelque chose du Saint Coran et prétendre ensuite qu’on est musulman ? Attention ! Ressaisissez-vous ! L’affaire se complique : quand il y a l’Enfer, quand il y a le Paradis, il n’est plus question d’opposition, de majorité, de FNDU, ni de CAP. Du temps de feu Mokhtar, il y avait un certain Monsieur Dialogue. Selon les ministres, responsables upériens, simples militants upériens, jeunes upériens, troubadours upériens, femmes upériens – l’adjectif est de genre invariable, en ce que l’Upérien, mâle ou femelle, ne perd jamais rien – ça ne bouge pas, qu’il pleuve ou qu’il neige, c’est toujours comme ça. Selon tous ces upériens qui se souviennent de tout, donc, Aziz a toujours appelé, à toutes les occasions, au dialogue. C’est Mohamed Ould Abdel Aziz Dialogue. MOAAD n’est pas Awss. Khawla n’est pas Marième. Pas de querelle de ménage. A la présidence, tout va bien. Les casseroles sont à leur place. Les tasses aussi. Les lits bien arrangés. Les coussins bien alignés. Les marmites mijotent, calmement, dans la cuisine. Les frigos et congélateurs font bien leur travail. Comme les militaires du Bataillon présidentiel. Sur le plan du ménage, ça va. Aziz Dialogue n’a pas besoin de dialoguer : il est fort, il est beau, il est bien. S’il le fait, c’est pour les autres. Pure compassion. Sinon, pourquoi ? Les Mauritaniens disent que, pour manger son père, il faut le « saler ». La hyène, en quête d’un bon prétexte pour manger sa mère, remarque, subitement, que l’œil de celle-ci ressemble à celui d’un mouton. Impossible de dialoguer sans parler, sinon, ce serait un dialogue de muets. Or, quand on parle, on raconte des histoires. Pas forcément mais évidemment. Parfois, on raconte des histoires de géographie, d’économie, d’éducation physique ou de géostratégie. Comme lors des discours d’ouverture de dialogue. Trois choses essentielles à retenir des tout derniers. Je parle pour moi, bien sûr. Primo, les gens d’en haut de l’estrade. Les gens du Sud connaissent les boubous bien cousus mieux que n’importe qui. La preuve par deux : Balas et Boydiel. Mention très bien, pour leurs grands boubous. Ils se sont ravi la vedette. Aussi ne se sont-ils pas compris. Mais ce n’est que partie remise, ils vont dialoguer en coulisses. Trois costumes noirs, c’est un message. Un peu comme le désormais célèbre « Je vous ai compris » de l’autre. Ce n’est pas pour rien qu’Aziz fit de grands signes de la main, façon de contenir la colère des mécontents du palais des congrès. Secundo, les gens d’en bas. Les hommes, les femmes, les jeunes, les vieux, les cons, les intelligents. C’est le peuple. Du moins l’applaudisseur, souverain, donc, en Mauritanie. En rangs serrés, prêt au référendum. Tertio, Le direct de la Mauritanienne. Les relais entre journalistes arabophones et francophones. Les interviews express des uns et des autres. En arabe, en français. Surtout lorsque l’un d’eux s’enhardit à questionner, en français : « Que z’attendez-vous de ce dialogue ? ». Il faut bien faire la liaison entre un mandat finissant et un dialogue logiquement inutile. Amendements constitutionnels, referendum populaire, Aziz Dialogue, troisième mandat : cherchez l’intrus. Salut.