Autour d'un thé

13 October, 2016 - 00:48

Celui qui a trouvé un « grilleur », disent les Mauritaniens, ne se brûle pas les mains. Il s’assoit, reste dans l’ombre, regarde… Les autres jouent leur partition. Il y a une scène. Il y a un scénario. Il y a un producteur. Il y a une pièce de théâtre. Ou un film de mauvais goût. Il y a des acteurs. Quelques millions. Puis on attend la suite, le peuple, le grand spectateur. Il regarde. Il attend. Il sourit. Exactement comme le metteur en scène. J’ai vu une femme. J’ai vu un jeune. J’ai vu un vieux. Finalement, c’est tout le peuple. Logiquement. Ou l’on est femme ou l’on est homme. Forcément. Jeune ou vieux. Vous savez, il y a le féticheur des autres qui leur dit : « Cette année, c’est une année ». Comme ça, si tout va bien, le féticheur leur pourra leur dire : « Je vous l’avais bien dit ». Et, si tout va mal, il leur dira itou : « Je vous l’avais bien dit ». Tellement idiot qu’il lui est impossible de se tromper. Aucune probabilité. Il y a aussi le chauffeur des autres qui leur montre un nuage, en leur disant que la pluie peut tomber… comme elle peut ne pas tomber. C’est comme si l’on vous dit, après le dialogue, qu’Aziz peut partir… comme il peut ne pas partir. D’ailleurs, une femme n’a-t-elle pas déclaré, sur une TV privée : « Tous les Mauritaniens préfèrent que Mohamed Ould Abdel Aziz reste au pouvoir. Nous avons la chance d’avoir un président au-dessus du niveau. » ? Les femmes, en Mauritanie, c’est plus de cinquante pour cent de la population. Donc, plus de la moitié du peuple. Mais de quel niveau parle cette femme ? Est-ce à dire que feu Moktar – Qu’Allah l’allonge pour nous ! – Sidi et les anciens (militairement parlant) Haïdalla, Louly et Maouiya, Ely étaient, tous, « en-dessous » du niveau ? En tout cas, quand on est dessous : on regarde en haut. Et, quand on est dessus, on regarde en bas. En réalité, ça dépend en quel jargon parle cette femme : le niveau, chez les maçons, n’est pas celui des militaires. Pour les premiers, c’est un outil appelé, chez nous, « niwe », qui sert à vérifier l’aplomb des briques pour l’élévation des murs. Alors que, chez les seconds, c’est une affaire de grade. De bas en haut, soldat, sous-off, officier. De haut en bas, officier, sous-off, soldat. Entre les deux, il y a des sans-niveau partout : des présidents sans niveau, des femmes chefs de partis politiques sans niveau, des hommes de même fonction sans niveau, des militaires de tous grades sans niveau, des civils sans niveau. Ah, ça, ce n’est pas tous les jours qu’on a Président au-dessus du niveau. A bons dialogueurs, salut ! Il y a beaucoup de jeunes en Mauritanie. Des jeunes au-dessus du niveau. On raconte que, naguère, une tribu de Mauritanie se rendit chez un ancien émir, pour dialoguer, avec lui, des modalités d’allègement d’un tribut qu’elle estimait trop lourd. Histoire de n’en plus payer, au bout du dialogue, que la moitié ou le tiers. Seulement, à la fin, les émissaires de l’honorable tribu se retrouvèrent à accepter d’en payer le double. Il y avait la Mauritanie avec ses problèmes et un président réélu pour un ultime deuxième mandat. Dialogue. Conclusions : il y aura la Mauritanie avec ses problèmes et un président, au mieux, constitutionnellement capable de briguer un troisième mandat ; au pire, intronisé roi inamovible du Royaume de la « République » Islamique de Mauritanie. Nous avions un roi de la République. Nous aurions un roi du Royaume. Selon vous, vieux, c’est à partir de quand ? Cinquante ou soixante ans ? Bah, ce n’est pas une question d’âge ! C’est dès qu’on râle, qu’on radote, qu’on raconte des histoires, qu’on emmène les choses en-deçà de son esprit. On est vieux. Donc, le ministre de la Communication est un vieux. Les vieux, ce n’est pas beaucoup, en Mauritanie. Ce n’est pas pour rien que la limite d’âge pour se présenter aux suffrages des électeurs est 75 ans. Deux ou trois candidats potentiels, tout au plus. L’espérance de vie, chez nous, c’est juste 58 ans. Le vieux ministre porte-parole ne respecte pas les jeunes. Pabi ! Il dit : « Heu... On n’est pas gâté par la limitation des mandats. Ça n’a jamais eu lieu chez nous. C’est quoi ça ? euh ! Ce sont les gens de 2006 qui ont fait ça. Heu… c’est le peuple qui décide ». Salut.