Meurtre du garde Teyeb Ould Bilal : Un règlement qui pourrait faire jurisprudence /Par le colonel (E/R) Oumar Ould Beibacar

17 November, 2016 - 00:01

Le brigadier Teyeb ould Bilal (matricule 5924, photo 1), né en 1965 à Kiffa, incorporé en 1991 dans le corps de la Garde nationale,  s’était spécialisé en maçonnerie et était devenu un excellent maçon. Il avait été muté à la fin des années 90, dans une unité méhariste que je commandais. Pendant son séjour dans cette unité, il s’était particulièrement distingué par sa compétence, son aptitude au commandement, sa discipline et surtout sa disponibilité et sa rigueur morale à tous les instants. Il  était bien élevé, courtois, très pieux. Teyeb ne savait pas mentir et était autoritaire.

Les faits

Au début de l’année 2008, le brigadier Teyeb ould Bilal avait été détaché à l’état-major  en vue de construire les bâtiments du GEMOC 1, une unité qui se trouve à l’Ouest du stade de la capitale. Le dimanche 10 août 2008, vers 13 heures, alors qu’il entamait la construction de la fondation du bâtiment nord, contigu au mur sud de l’ancienne maison des jeunes, il fut surpris de voir un homme portant un sceau rempli d’eau, entrain de s’introduire dans leur chambre de repos. Il demanda aussitôt à un garde qui se trouvait non loin de là, d’aller  ordonner à cet intrus  de sortir.

Celui-ci s’exécuta, et demanda à l’intrus, sur instructions du brigadier, de sortir de la chambre de repos, dans laquelle les ouvriers du chantier déposaient habituellement, leurs tenues   officielles et leurs objets personnels tôt le matin, avant de les reprendre dans l’après-midi à la fin des travaux. L’intrus lui répondit qu’il s’était déjà déshabillé et qu’il allait se doucher rapidement. Irrité par cette réponse, le brigadier Teyeb s’est aussitôt dirigé  vers la chambre pour faire sortir l’individu manu militari, avant de verser son eau au sol et de couvrir son corps de sable.

Se sentant humilié, et très en colère, le garde Sidi Abdallah ould Mohamed (matricule 7989), cet intrus, porta plainte au capitaine, adjoint du commandant d’unité, contre le brigadier qui venait de le maltraiter. Le capitaine, après l’avoir entendu, ordonna à l’adjudant de compagnie de le mettre aux arrêts de rigueur jusqu’à nouvel ordre. A son tour, ce dernier le confia au chef de la police militaire qui le conduisit au poste Est, en face du stade et lui demanda de rester là avec ses collègues en attendant.

Toujours en colère, et offensé par la réaction injustifiée du capitaine, le garde Sidi Abdallah découvrit à l’intérieur du poste une arme Kalachnikov avec un chargeur rempli de munitions, déposée au sol, abandonnée par imprudence par son détenteur, qui était sorti répondre à un coup de téléphone, loin de ses collègues. Il s’empara de cette arme et fonça à toute vitesse en direction du chantier à la recherche du brigadier Teyeb qu’il ne tarda pas à  repérer à l’intérieur d’une tranchée, entrain d’installer un chainage.  Presque à bout portant, il l’exécuta d’une courte rafale dans le dos et se rendit immédiatement.

Entre le mauvais traitement fait au garde et la mort du brigadier, il s’était passé un temps estimé entre 20 et 30 minutes. Ce jour-là, toutes les armes étaient garnies, puisque l’unité était en alerte maximale, suite au putsch du général de bataillon le 6 août 2008. Le meurtrier et la victime ne s’étaient  jamais rencontrés auparavant. Le garde Sidi Abdallah était en convalescence à la suite d’un accident de circulation. Il venait de temps en temps, au groupement en tenue de sport, rendre visite à ses collègues et prendre une douche.

Une enquête préliminaire bâclée avait été effectuée par la gendarmerie, au lieu d’une enquête de flagrant délit prévue en pareilles circonstances. Le commandant de brigade n’avait pas entendu le capitaine dont le comportement, pour le moins inopportun, avait intensifié la colère du meurtrier. Il  n’avait pas non plus procédé à l’arrestation du garde Bakar ould Cheine (matricule 8660), détenteur de l’arme du crime, qui était solidairement responsable du meurtre du brigadier. 

Ce garde, dont la négligence était à l’origine de ce crime, et qui avait reconnu sa responsabilité sur procès-verbal, n’avait pas été inquiété ni pénalement ni disciplinairement. Le parquet n’avait pas non plus accordé d’importance à toutes ces lacunes et s’était contenté  d’envoyer le meurtrier en prison en attendant des jours meilleurs.

Les démarches.

A la fin de l’année 2008, le député de Bassiknou, notable de la tribu du meurtrier, et quelques élus du Hodh avaient contacté des élus de la tribu des Tejekanet de l’Assaba, tribu de la victime, pour trouver une solution à l’amiable à cet homicide. A cet effet, une mission conjointe composée de quelques notables des deux parties s’était rendue à Kiffa auprès des ayants droit. Ces visiteurs ont été très bien reçus par les parents du défunt, à leur tête son grand frère Sidi ould Bilal qui leur avait signifié que toute solution à ce problème passait par le colonel Oumar ould Beibacar

Très déçus par la réponse de Sidi, les notables des Tejekanet ont cherché vainement à lui faire changer d’avis, en lui répliquant qu’il s’agit d’un problème de meurtre ordinaire dont la solution avait toujours été trouvée dans un cadre tribal, et que la tribu du meurtrier, les Oulad Daoud est une très grande tribu guerrière qui s’adresse à eux pour la première fois afin de résoudre  ce contentieux qui ne peut en aucun cas concerner ce colonel.

Au début de l’année 2010, Ahmedou ould Sidi ould Hanana, ancien ministre et ancien ambassadeur, chef général des Oulad Daoud, avait sollicité l’intervention du grand Cheikh de Guerou, Mohamed Zeine ould Elghassem, un homme riche et généreux, pour pouvoir régler ce problème. Ce dernier s’était déplacé avec une importante délégation auprès des ayants droit et leur avait remis un montant de 7.000 000 d’ouguiya avant de leur demander de lui accorder le pardon au profit du meurtrier de leur fils.

Après l’avoir remercié, Sidi ould Bilal lui répondit qu’il lui suffisait de contacter le colonel qui se trouvait en Tunisie, pour obtenir satisfaction  et qu’il pouvait même garder son argent. Il lui remit mon numéro de téléphone. Déçu à son tour, le grand cheikh reprit son magot qu’il redistribua immédiatement aux pauvres. Quelques semaines plus tard, j’avais été contacté par téléphone, à Tunis à ce sujet, par l’inspecteur général des forces armées, un proche du meurtrier, qui m’avait informé des démarches faites par leur collectivité et avait sollicité mon aide pour régler ce litige.

Je lui avais répondu que je n’avais pas de pouvoir particulier sur cette famille, que je pense que sa collectivité s’était trompée en utilisant des intermédiaires pour aborder les ayants droit, que les Diambour de Kiffa n’ont pas la même mentalité que leurs harratines, que ces derniers étaient relativement libres, plus ou moins soumis et pas du tout égaux avec eux. Alors que nos Diambours, ceux  de Kiffa, étaient plus émancipés, totalement libres, égaux avec nous et qu’ils n’appartenaient à aucune tribu. Ils faisaient partie intégrante de la noblesse.

L’inspecteur général envoya une délégation composée exclusivement des membres de sa collectivité, pour voir directement les ayants droits afin de trouver une solution appropriée avec eux. Cette délégation avait reçu la même réponse que celles qui l’avaient précédée. Au début du mois de mai 2011, à la veille de la première audience de la cour criminelle, programmée à la fin du mois pour juger le meurtrier, j’avais été approché par l’inspecteur général, qui m’avait demandé de l’aider à trouver une solution avec les ayants droit. Je lui avais donné mon accord de principe, sous réserve d’obtenir le feu vert de la part des Oulémas.  

Les consultations

S’agissant d’un crime de sang très grave, je ne pouvais l’aborder sans avoir l’aval de quelques érudits. A cet effet, j’avais consulté l’érudit Cheikh Mohamed Elhassen ould Dedew qui, après avoir entendu la version des faits cités plus haut, m’avait dit : « Il y a trois sortes d’homicides dans l’Islam. Il y a l’homicide involontaire comme dans un accident de circulation, la sentence c’est la diya, le prix du sang, elle est fixée  par l’État et applicable à tous les citoyens sans exception aucune. Il y a deux sortes d’homicide volontaire, il y a l’homicide volontaire spontané, sa sentence c’est le Guissas, la loi du talion, dans ce cas les ayants droit peuvent s’ils le veulent pardonner avec ou sans contrepartie. Il y a l’homicide volontaire prémédité, sa sentence c’est le houdoud, elle doit être exécutée immédiatement et ne peut en aucun cas faire l’objet de pardon. Ce meurtre est un cas d’homicide prémédité, l’âme du brigadier Teyeb se trouve dans le corps du garde Sidi Abdallah, il ne s’en débarrassera que quand il sera exécuté. Ne t’approche pas de ce meurtre, tu peux cependant trouver au niveau du ministère de l’intérieur une indemnisation d’environ 5 000 000 d’ouguiya au profit de la victime. »

Je me suis ensuite adressé au Cheikh Hamden ould Tah qui m’avait répondu : « Il s’agit d’un homicide volontaire non prémédité, sa sentence est le ghissas, tu peux attendre que l’aînée de ses enfants - qui avait 12 ans- atteigne la majorité pour trouver une solution avec elle. » Ensuite j’avais consulté le Faghih Mohamed Elmoctar Ould Mballa qui m’avait dit : « Il s’agit d’un homicide volontaire non prémédité qui implique le ghissas, le pardon peut être obtenu par l’intermédiaire de Sidi ould Bilal,  le grand frère de la victime, qui est aussi le tuteur de tous les ayants droit. »

S’agissant d’un maure noir, je me suis aussi adressé à mon ami et promotionnaire le faghih  feu Baba ould MAATA qui m’avait donné la même réponse que Mohamed Elmoktar ould Mballa. La victime ayant ses racines dans la tribu des Tejekanet, et ayant moi-même des affinités avec cette tribu, je me suis adressé à mon grand frère, l’érudit Isselmou ould Sid Elmoustaph qui m’avait confirmé que : « Il s’agit bien d’un cas du ghissas, cependant la diya incombe à l’État puisque la victime est morte en service commandé, les ayants droit peuvent pardonner gracieusement ou  en  contrepartie d’une vidia consensuelle, indemnisation pour sauver une vie et la blanchir de ce crime le jour du jugement. 

Cependant le tuteur c’est toi-même » Comment? «  Parce que devant les trois délégations qui se sont rendues à Kiffa, les ayants-droit  t’ont désigné comme étant le seul habilité à régler ce problème et c’est pour cela que les parents du meurtrier  se sont adressés à toi. Aussi, s’agissant d’une famille pauvre et analphabète qui ne sait pas comment s’en sortir, je te demande de prendre en charge leur préoccupation et tu seras récompensé par le Tout Puissant inchallah ». Convaincu qu’il s’agit bien d’un homicide involontaire, conformément aux quatre fetwa de ces érudits, je m’étais engagé devant Allah, à jouer le facilitateur entre les parents du meurtrier qui sont mes cousins et les ayants droit en réponse à la demande de ce grand frère.

Le dénouement.

Comme Sidi ould Bilal était à Nouakchott, pour les besoins du procès, je lui avais demandé  de réunir ses proches dans le domicile du défunt pour que je puisse les mettre dans l’ambiance. Il a pu mobiliser plus d’une trentaine d’hommes, auxquels, après leur avoir expliqué toute la situation, depuis les faits ce 10 août 2008 jusqu’aux consultations des oulémas, en passant par les démarches entreprises par les parents du meurtrier, j’avais tenu les propos suivants : « La Mauritanie n’est pas une République islamique puisqu’elle n’applique pas la charia, ses dirigeants ont plus peur de l’occident que du Tout Puissant. Elle n’est pas non plus une République laïque, puisqu’elle n’applique pas les lois votées par son parlement. Le Ghissas est une très bonne chose, à condition d’être appliqué dans des délais raisonnables qui ne doivent pas dépasser trois mois, à mon avis. Depuis une trentaine d’années, l’exécution des condamnés à mort est suspendue de facto, ils vivent pour la plupart dans un paradis. Certains parmi eux font leurs  cérémonies de mariage à l’intérieur de la prison, produisent des enfants et continuent de s’enrichir sans que cela n’attire l’attention de nos Oulémas, de notre justice et des chefs de l’Etat qui nous gouvernent. Le 8 juin 2003, les putschistes ont provoqué la libération des centaines de prisonniers dont une quinzaine de condamnés à mort qui courent toujours et dont le sort n’intéresse ni la justice ni les ayants droit. Les quatre Oulémas ont confirmé unanimement que le pardon vaut mieux que le ghissas.

A cet effet, considérant qu’il n’y a pas de véritable justice en Mauritanie, et que nous sommes face à une pauvre famille, de six membres dont quatre mineurs, qui n’avaient comme revenu que le fruit du labeur de leur père; j’ai évalué leur prise en charge pendant 15 ans, jusqu’à ce que le plus jeune soit majeur, à 83 000 ouguiyas par mois à raison de 36 000 ouguiyas pour leur alimentation et 47 000 pour les frais de transport de scolarisation, d’eau et d’électricité. Soit un montant global de 14 940 000 ouguiyas que j’ai arrondi à 15 000 000. Et je me suis dit de proposer à mes cousins de nous donner cette somme en contrepartie du pardon à condition qu’il soit consenti par tous les ayants droit sans exception aucune. Qu’en pensez-vous?»

Sidi ould Bilal, prit la parole pour me dire : « Puisque le meurtrier est ton cousin on va lui accorder le pardon immédiatement sans aucune contrepartie ». Je lui avais répondu : « Je te remercie beaucoup, mais puisque le meurtrier est mon cousin, ses parents doivent, nécessairement, répondre aux attentes des ayant droit surtout les mineurs. » Tous les autres intervenants, y compris l’épouse du défunt, ont approuvé ma démarche et ont souhaité qu’elle puisse aboutir dans l’intérêt de tous conformément aux recommandations des Oulémas.

Le lendemain, j’ai annoncé la bonne nouvelle aux parents du meurtrier, en présence de l’inspecteur général, du père de l’intéressé et de son oncle, qui étaient très ravis et qui avaient accepté sans hésitation la solution proposée et demandé un préavis de quelques mois pour réunir l’argent. Le jour du procès, avant l’audience, j’avais approché le juge et les officiers assesseurs de la garde, pour leur expliquer la solution à l’amiable décidée par les deux parties et qui implique un report du procès jusqu’à nouvel ordre. Le juge avait bien apprécié ma démarche, et promit  de mettre le prisonnier en liberté provisoire dès qu’Il recevra l’acte notarié lui accordant le pardon des ayants droit. Très affaiblie par des forces centrifuges en quête de leadership d’une autre époque, la tribu du meurtrier a mis 5 ans et 4 mois pour réunir ce montant. Mieux vaut tard que jamais.

Avant d’établir le précieux acte notarié concrétisant le pardon, j’ai rendu visite au meurtrier pour la première fois, à la prison de Dar Naim pour m’assurer qu’il demandait sérieusement le pardon. Amaigri et abattu par 8 ans de prison ferme, avec une voix d’enfant, sa réponse fut  sans équivoque : « Mon colonel, je vous remercie pour tout ce que vous faites pour me blanchir de ce meurtre le jour du jugement dernier. J’ai beaucoup regretté cette folie, et je demande pardon du fond du cœur. Si je ne peux l’obtenir, je préfère qu’on m’exécute une bonne fois pour toute pour terminer ce cauchemar. »

J’ai ensuite demandé aux parents, d’aller avec moi voir les ayants droit, pour leur demander pardon au nom du meurtrier repenti. Nous avons été très bien accueillis, et le pardon nous a été accordé immédiatement, sans hésitations ni murmures. La mère du défunt absente, ayant accordé le pardon par le biais de son fils conformément à un acte notarié, j’ai tenu à ce que son épouse et ses quatre enfants prononcent publiquement leur pardon, malgré leur jeune âge, ce qu’ils ont fait calmement et dignement. Le dernier à s’exprimer était cheikh Mohamed Lemine le plus jeune, 11 ans, 4ème année primaire, qui m’avait dit avec un sourire inoubliable : « Moi aussi je pardonne ». Nous avons immortalisé l’évènement par la photo 2.

Le lundi 5 septembre 2016, nous avons terminé la procédure de pardon et reçu la somme de 15 000 000 que nous avons répartie ainsi qu’il suit : 300 000 soit 2% du montant constituant les droits du notaire qui a établi l’acte du pardon et du retrait de la plainte. Les  ayants droit se sont partagé le reste, soit 14 700 000 à raison de 2 450 000 pour la mère soit 1/6, et 1 837 500 pour l’épouse soit 1/8. Le reste soit 10 412 500 a été distribué aux quatre enfants, 3 garçons et une fille soit 7 parts. A raison de 2 975 000 pour chaque garçon et 1 487 000 pour la fille. Sachant que la fille est toujours prise en charge, en cas de besoin, par un mâle, son père, son mari ou son frère, c’est pour cette raison qu’ils sont favorisés dans le partage de l’héritage.

Le vendredi 9 septembre 2016, dans l’après midi, les parents du garde Sidi Abdallah, m’ont informé qu’il venait d’être mis en liberté provisoire et qu’il était rentré chez lui. Je venais d’acheter un boubou de bazin que je voulais envoyer à Sidi ould Bilal à Kiffa. Pour m’amuser et tester son moral, je lui ai téléphoné pour lui dire que je viens de lui acheter des habits pour la fête, mais qu’en apprenant que le garde sidi Abdallah venait d’être libéré, j’ai aussitôt pensé lui remettre le boubou de sa part, comme cadeau à l’occasion de la fête de l’Aid. Il m’avait répondu : « Remets mon boubou à ce pauvre et transmets-lui mon bonjour ainsi qu’à sa famille. »

Je suis allé immédiatement remettre le boubou à l’intéressé qui a été comblé par ce geste unique et exceptionnel, ainsi que tous ses proches  et je lui ai demandé de porter le boubou offert par Sidi ould Bilal, avant  d’immortaliser aussi ce moment. photo 3. Cette grande générosité, on la trouve chez la quasi-totalité des djambours de Kiffa. Une générosité innée et partagée. Une générosité naturelle qui n’a pas besoin d’être embellie par les poètes ni d’être chantée par les griots.

Nous attendons toujours le procès pour réclamer à la Garde nationale, au profit des ayants droits, la diya, le prix du sang,  du brigadier Teyeb ould Bilal, estimée à 5 000 000 d’ouguiyas qui lui est imputable en pareilles circonstances, conformément à la Charia. 

Un cas similaire

Je pense que cet exemple de règlement pacifique d’un meurtre non prémédité, directement avec les ayants droit, sans aucune ingérence tribale ou politique peut bien faire jurisprudence, et  inspirer tous ceux qui s’intéressent  de près ou de loin, au règlement du passif humanitaire, comme pour le cas du meurtre de ce gendarme.

Pendant les années de braises, un peloton de la garde nationale avait été déployé dans les forêts voisines de Boghé, à Bakaw et Wothie. Ce peloton avait pour mission d’interdire aux populations riveraines et à leurs animaux l’accès au fleuve sans autorisation, au préalable, sur un front de 10 km. Il avait aussi pour mission d’interdire toute infiltration qui traverse la ligne médiane du fleuve, venant de la rive droite, dans son secteur.

Le jeudi 29 décembre 1989, les habitants du village de Mbagnou à proximité de la forêt de Bakaw, surprennent une patrouille entrain de choisir, pour les besoins de son alimentation, les moutons les plus gras dans leur troupeau qui s’abreuvait au fleuve interdit. Malgré la vive protestation des villageois, les gardes, impassibles, emportèrent leur butin, comme d’habitude, à leur PC au milieu de la forêt. Dans ce village il y avait un gendarme de 1er échelon en permission nommé Abou Abdoullaye Dia (matricule 2614).

Informé par les villageois de cet acte ignoble, le gendarme s’indigna et enfila rapidement sa tenue officielle avec sa carte professionnelle en poche et partit à la poursuite des pillards dans la forêt de Bakaw. Il réussit à les surprendre en flagrant délit entrain d’égorger l’un des moutons. Il se présenta avant de leur passer une engueulade suite à leur forfait hors la-loi et inacceptable. En réponse à sa vive réprimande, l’un des gardes, à la gâchette facile, prit son arme et l’exécuta sur le champ par une courte rafale. Il est l’unique gendarme sur la liste des militaires victimes du génocide.

Les parents du meurtrier de ce gendarme feraient mieux d’aller voir les ayants droit pour leur dire la vérité, toute la vérité, rien que la vérité, et leur demander pardon au lieu de se fier à la loi d’amnistie qui est nulle et non avenue, puisque contraire aux préceptes de l’Islam, qui sont conformément au préambule de notre  constitution, la seule source de droit ;  ou de compter sur la farce, de mauvais goût et de mauvaise augure, dont se vante le général de bataillon, concoctée en catimini sous forme d’un protocole d’accord introuvable, signé avec Houlley Sall, présidente d’honneur des veuves, qui ne rate jamais l’occasion de dénoncer l’ imposture.

Ils feraient mieux d’aller chercher les ayants droit qui sont 3 frères et 3 sœurs, Amadou Abdoullaye Dia. Aichata Abdoullaye Dia, Maimouna Abdoullaye Dia, Abdarrahim Abdoullaye Dia, Moussa Abdoullaye Dia et Haby Abdoullaye Dia. Ils sont trouvables à Mbagnou, à Boghé, à Nouakchott ou ailleurs. Ils sont de très bons croyants, issus d’une très grande famille maraboutique de la tribu des Torobe.  Ils peuvent bien accorder leur pardon, librement, avec ou sans contrepartie, à ce meurtrier pour le blanchir de ce crime odieux, lorsqu’ils seront convaincus de l’opportunité, puisqu’ils seront incontestablement récompensés dans l’au-delà inchallah, pour avoir sauvé une vie humaine.

C’est, à mon avis, l’unique démarche qui en pareilles circonstance apportera une solution juste, qui consolidera  la concorde nationale indispensable à la réconciliation nationale. Une solution conforme aux valeurs de notre religion qui interdit l’impunité. Cette impunité qui est devenue le cheval de bataille de ce régime militaire usurpateur et irresponsable, fossoyeur de la justice et de l’unité nationale.

 

 

 

 

 

Photo 1 : Le Brigadier Teyeb ould Bilal Mle 5924.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Photo 2 : Au 1er rang de droite à gauche, l’épouse, la fille ainée et les trois garçons de la victime. Au 2ème rang Sidi O. Bilal en 2ème position et moi-même puis les parents du meurtrier avec à l’extrême gauche son père.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Photo 3 : De droite à gauche la mère, le père du meurtrier, moi-même et à ma droite le garde Sidi Abdallah O. Mohamed Mle 7989 au milieu de quelques proches à lui.