Discriminations au travail à l’encontre des femmes

8 December, 2016 - 00:41

Les femmes en Mauritanie sont victimes de nombreuses discriminations en milieu professionnel. Cependant, le débat autour de cet important sujet ne semble soulevé, aujourd’hui, nulle part dans le pays. Les media ne s’y intéressent pas et les organisations féministes censées le porter à la connaissance du public et de la sphère de décision sombrent dans une profonde léthargie. C’est, donc, d’abord en tant que femme consciente de la nécessité et de l’urgence de lancer les discussions autour de la cause féminine en Mauritanie ; et, ensuite, en tant que témoin et, même, victime de ces discriminations sexistes ; que je veux attirer l’attention des autorités et de la Société civile sur les nombreuses inégalités au travail en défaveur des femmes : il faut y remédier sans plus attendre.

Dans cet article, je ne vais pas parler des flagrantes discriminations à l’embauche, où les employeurs choisissent, presque systématiquement,les hommes qu’ils présupposent plus productifs, taxant, a priori, les femmes de créatures passives, dépourvues de tout dynamisme et créativité, à garder à la maison jusqu’à ce qu’elles partent en leur dernière demeure. Résultat de ce sexisme d’un autre âge : un taux de chômage bien plus élevé chez les femmes que les hommes.

Je vais plutôt me limiter aux inégalités dont souffrent les femmes actives, dans la fonction publique et le secteur privé. Les discriminations sexistes s’y manifestent, en premier lieu, dans la surreprésentation des femmes dans des professions peu rémunérées. Elles se voient, le plus souvent, attribuer des postes secondaires ou subalternes (secrétaires dans l’administration, guichetières aux banques, aides-soignants dans les hôpitaux, etc.), bien que beaucoup d’entre elles soient, à diplômes équivalents, au moins aussi qualifiées que leurs supérieurs mâles[IMdG1] .En second lieu, les inégalités salariales. Les patrons discriminent froidement les femmes, en les payant moins que les hommes occupant pourtant les mêmes postes. Registre classique du mauritanien lambda empêtré dans son sexisme et sa mentalité machiste: les femmes n’auraient pas besoin de « gros » salaires…Une discrimination particulièrement pesante dans le secteur privé qui jouit d’une « impunité législative » scandaleuse, de la part des autorités : les entreprises privées font ce que bon leur semble, sans le moindre souci des droits de leurs employé(e)s.

Et, lorsqu’une femme demande, à son patron, une augmentation de salaire ou qu’elle réclame, à l’instar de ses collègues mâles, une promotion dans la hiérarchie professionnelle, soit il lui fait les gros yeux, soit il lui fait les yeux doux ! Oui, les femmes se voient souvent harcelées sexuellement, dans le monde du travail, en particulier lorsqu’elles formulent des demandes financières, aussi légitimes soient-elles, ou toute autre demande visant à améliorer leur situation. Nombre de mes amies m’ont confié avoir été ainsi victimes de harcèlement de la part de leurs supérieurs. Ces derniers leur proposent de l’argent ou des privilèges au travail, contre des « services » contraires aux mœurs. Celles qui expriment un refus catégorique peuvent même faire l’objet d’un autre type de harcèlement, moral cette fois, pour sanctionner leur audace. Voilà comment les femmes qui osent s’en prendre à cet ordre discriminatoire voient, parfois, leur situation empirer.

Pour conclure, je veux, ici, appeler les autorités et le Parlement mauritanien, les deux plus importantes sources de la jurisprudence moderne, à légiférer sur les inégalités en milieu professionnel, sur le statut de la femme laborieuse, pour plus de garanties contre les discriminations sexistes et le harcèlement sexuel des femmes au travail.

 

Fatma Cheikh Elemine

 [IMdG1]