M. Mohamed Borboss, président du parti Moustaqbel, dans une interview exclusive : ‘’Nous ne pouvons que déplorer les situations très indélicates et on ne peut plus embarrassantes dans lesquels nous mettent l’Etat mauritanien et IRA’’

8 December, 2016 - 00:53

Le Calame : Vous avez pris part au dialogue national inclusif tenu du 29 septembre au 20 octobre passés. Les résultats du dialogue ont-ils étaient à la hauteur de vos attentes ?

Mohamed Borboss : Nous avons failli répondre : « naturellement » mais nous nous  tenons à : « heureusement », loin de nous la prétention que nos points de vue avaient été plébiscités. Presque 60% de nos préoccupations avaient été prises en charge dans les résultats de ce dialogue, oui ! Dans les 40% restants, il y a ce que nous avons partagé avec d’autres même si nous ne l’avions pas proposé nous-mêmes au départ, mais il y a aussi ce qui ne nous agrée point du tout, mais telle est la règle du jeu, n’est-ce pas !

 Permettez-moi de rappeler deux choses seulement :

-la première c’est qu’ en tant que parti politique, soucieux de contribuer à une réelle évolution de la démocratie dans notre pays, nous n’avons et ne cherchons d’autres moyens  par lesquels partager nos points de vue avec l’autre que par le biais du dialogue qui a pour base et voie essentielles, le donner et le recevoir, socle d’un réel respect mutuel et d’un échange réciproque fructueux  ;

-la deuxième et qui n’est pas moindre, c’est que connaissant notre terrain politique, ses acteurs, les conséquences tragiques et destructrices (desdites révolutions ou changements violents dans nos mondes arabe et africain), nous ne nous aventurerons guère à tout détruire avec la folle et fausse prétention de trop gagner. Encore une fois, Paris ne s’est pas construite en un jour ! C’est appliquer en d’autres termes l’adage : « petit à petit l’oiseau fait son nid ». On fait «  dou…..ce…..ment » car on est pressé, comme a dit quelqu’un.

 

- Où en êtes-vous avec la mise en œuvre des résolutions de ce dialogue? Qu’est-ce qui a été fait jusqu’ici ?

-Après la signature de l’accord politique par les deux parties Majorité et Opposition avec le Ministre Secrétaire Général de la Présidence de la République :

- un comité de suivi représentant toutes les parties ayant pris part au dialogue a été mis sur pied ;

-une commission tripartite de mise en œuvre de l’accord politique a été nouvellement créée (Majorité, Opposition et Représentants du Pouvoir) ;

- Il lui est revenu l’honneur d’élaborer les amendements de la constitution à soumettre au référendum.

 Voilà ce qui était urgent.

Nous pensons que ceci étant fait, nous ne tarderons pas à plancher sur le reste de l’accord politique qui renferme énormément de points qui constituent d’autres priorités pour plus d’un.

-Ce dialogue a été boycotté, comme en 2011 par une grande partie de l’opposition (FNDU, le RFD et l’UNAD). Cette même opposition vient d'ailleurs d’annoncer son boycott du référendum en préparation pour adopter les amendements constitutionnels (suppression du sénat et création de conseils régionaux, modifications couleur drapeau et paroles hymne national…). Quel commentaire cela vous inspire?

-Ces forces et partis politiques que nous respectons et que nous nous garderons ici de qualifier sont dans leur droit de prendre la décision ou la position qui leur sied mais nous voudrions vous rappeler qu’en 2011, seuls trois partis de l’opposition avaient participé au fameux dialogue que l’on connait, cela n’a en rien entaché sa crédibilité.

- Le référendum sera suivi comme annoncé par des élections municipales et législatives anticipées. Pensez-vous qu'il y a une chance pour que l'opposition qualifiée de radicale puisse prendre par à ces élections?

-Ces élections anticipées que nous voudrions dans les délais les plus brefs attireront ce qu’elles pourront attirer. La scène politique «  n’accouchera  que de ce qu’elle a déjà pu accoucher », si pour cette fois-ci on  ne va pas assister à la mise au monde de nombreux jumeaux se bousculant frénétiquement et dangereusement pour avoir leur place eux aussi sous le soleil et avoir droit de cité.

-Comment avez-vous accueilli le verdict du jugement en appel des militants de IRA Mauritanie ?

Vous savez, nous ne pouvons que déplorer les situations très indélicates et on ne peut plus embarrassantes dans lesquels nous mettent et l’Etat mauritanien mais IRA, aussi. On triche de part et d’autre, sans nul doute.

Tout en prônant et encouragent la tendance vers une réelle ouverture des espaces de liberté et la consolidation des acquis de notre démocratie  naissante, nous n’avons pu savoir de quel côté donner de la tête car il ya un jeu entre Pouvoir et IRA qui ne dit pas son nom et malgré ses soubresauts visibles, il  a des soubassements qui nous dépassent.

 Nous comprenons très mal qu’ IRA soit accusée d’avoir provoqué tous les dégâts qu’on nous a fait voir à la télévision, à travers les journaux, les sites -et j’en passe- , que ses militants soient emprisonnés pendant tout ce temps- là et que tout cela ne soit que de la consommation en vue de discréditer IRA, cette organisation que le pouvoir taxe d’illégale !

Nous ne pouvons comprendre que nos frères et fils des forces de l’ordre dont certains ont failli perdre leur vie, d’autres sont devenus invalides et d’autres trainent encore leurs maux n’ont subi tout cela que pour alimenter une mesquine propagande sans visage, sans foi, ni loi !

Peut-on comprendre qu’IRA ait fait tous ses manquements : instabilité, désordre publique, coups et blessures contre des agents de l’Etat en exercice, destruction et saccage des biens du peuple mauritanien et qu’au niveau de la justice, la montagne accouche d’une souris ! Ce n’est quand même pas facile à digérer.

 Nous le disons haut et fort : Ca suffit ! Cela n’a que trop duré, sapant notre crédibilité en tant qu’Etat, notre quiétude en tant que société plurielle mais unique et intrinsèquement complémentaire,  notre respect en tant qu’Homme tout court et tout simplement. Cela doit s’arrêter impérativement. Loin de vouloir plaire à un tel, ou déplaire à un tel autre, loin de plier l’échine à celui –ci ou de rendre la gifle à celui-là, frayons notre voix par nous, pour nous et avec nous-mêmes, le bout du tunnel n’est qu’à un doigt.

Propos recueillis par Dalay Lam