Autour d'un thé

26 January, 2017 - 00:35

WallahI ! Par les nombrils de mon père et de ma mère et par la vérité de ce que le Prophète a emmené ! Et « sait » Allah que ce que je vais dire là ! Je le dis de bonne foi. Sans penser à rien du tout ; à « pas rien », comme dit mon autre ami. C’est juste que les adages populaires permettent de mieux comprendre certaines situations. Et puis y a rien de plus démocratique que la sagesse populaire de chez nous. Comme ça, chaque groupe social en a eu pour son grade. Pour les guerriers, c’est « l’attaque de wel Erab ». Comprenez ça comme vous voulez. Moi, je n’explique rien. Pour les marabouts, c’est quelque chose de tellement impudique que je ne puis le dire ici, de crainte de je ne sais quelle vindicte maraboutique. Les griots, les forgerons, les esclaves ou anciens esclaves et mêmes les africains de Mauritanie. La bastonnade de l’autre. La gourmandise de l’autre. L’armée des autres. Le fagot de bois de l’autre. La mariée des autres et leur chef, puis encore, puis encore, puis encore. Quand, là-bas, on parle des cordonniers qui sont, ordinairement, les plus mal chaussés, chez nous, on dit : « Hé, toi, tu deviens comme les autres qui réparent les calebasses des gens et laissent les leurs ! » C’est un peu comme ça que les deux supermen guinéen et mauritanien ont fait. C’est vrai qu’en Mauritanie et en Guinée, il n’ya personne qui s’entête à ne pas quitter le pouvoir. Il y eut un peu de ça, naguère, mais ça, c’est de l’histoire ancienne. La preuve. Débarquement de Banjul. « Hé, toi, mon frère Yaya, tu me connais, non? », questionne un expérimenté, sans interroger un praticien médical. « Tu reconnais celui- là, c’est Alpha et, moi, je suis l’Oméga. Donc, tu as, en face de toi, l’Alpha et l’Oméga de ta solution de sortie de crise. Moi, l’Oméga, tu es mon aîné de quatorze ans, en ce que tu connais. Ton promotionnaire, celui que j’ai fait renverser, en 2005, chez moi, là-bas en Mauritanie, n’a fait que vingt-et-un ans. Toi, al hamdoullilahi, tu as en a fait vingt-deux. Et voilà que tu as l’occasion de partir sain et sauf, avec voitures, femmes, chèques en blanc et détournement intempestif de tout l’argent public. Mon cher marabout, onze millions de dollars en liquide, ce n’est pas rien. Mes félicitations ! Tu viens d’inaugurer un nouveau mode de sortie du pouvoir. Quel génie. Quel esprit inventif. Quelle belle initiative. Repose-toi bien, tu feras des émules. Tes voisins et tes amis de la CEDEAO n’ont jamais entendu Zao dire que la guerre ce n’est pas bon, ce n’est pas bon. Que, quand il ya la guerre, tout le monde cadavré. Que, quand il y a la guerre, tout le monde « mouri oh ». Tout est bien qui finit bien. Bye Bye, Marabout Docteur et bon séjour ! Chaque chose retourne à son origine. La Gambie n’est pas loin de la Mauritanie. L’Afrique, c’est l’Afrique. Attendez que je finisse mon raisonnement. Je viens de loin. Moi, disait l’autre, mon père la « coupe » et la « raccommode » ! Moi, lui réplique sa copine, mon père la « prévient », avant que ça n’« arrive ». J’ai envie de vous raconter quelques frasques d’un ami inculte qui n’est, malheureusement pas, devenu président. Un malchanceux. Cet ami s’essayait très souvent au français. Il nous dit, un jour, que tel autre « culbutait comme un chien qui voit une arme ». Ça veut dire quoi ? Sais pas. C’est comme ce que disent beaucoup de gens chez nous, maintenant, sur le dénouement de la crise en Gambie. Oui, les soldats de la CEDEAO qui assiégeaient Banjul avaient bien des armes. Ainsi les présidents démis ou en fonction culbutent-ils. On ne sait jamais. L’avenir est devant nous. C’est tellement évident. Mon ami dit, un jour, impeccablement à un autre ami, en prenant soin de bien faire la liaison : « tu es un âne ! » Salve d’applaudissements et de rires. Il rempile en nous disant : « vous êtes tous des nanes ! ». Quelle malchance de ne pas avoir été président ! Maintenant, c’est une question de destin : Les céphalopodes, les quotas, le quorum, c’est compliqué tout ça. Quotas rapporteurs de céphalopodes : pour les proches, les amis et les « gros dialoguistes ». Terrains spacieux très vendables : pour les députés. Pour ne pas avoir à dépenser beaucoup d’argent public dans un référendum. L’espèce et la nature. C’est pas pareil, dé ! Et qui donne aux parlementaires, personnalités et autres notables l’emprunte aux électeurs. Salut.