Nouvelles d’ailleurs : Merci mon Sultan

11 May, 2017 - 02:13

Mon Sultan m’aime. Oui M’sieur. J’en veux pour preuve cette info discrète que j’ai vu passer disant que nos autorités songeaient à synchroniser les appels des mosquées. Et comme c’est moi qui ait écrit en râlant (pour ne pas changer) pour dénoncer ce que j’appelle les « Mosquées Games » ou le championnat du monde local des appels décalés, à chaque muezzin son fuseau horaire et à chaque fuseau horaire son muezzin, grand n’importe quoi cacophonique peu propice à la paix intérieure nécessaire pour prier, je me dis que mon Sultan, là haut, tout là haut, a lu ma chronique.

Avant que de continuer ma chronique du temps qui passe je tiens à préciser 2 ou 3 petites choses : oui j’aurais pu parler de plein d’autres choses, genre Macron, genre les taximen, genre la CEDEAO, genre Biram dans le Guidimakha, genre le code de la route qui ne semble plus s’appliquer à nos psychopathes locaux, les taxis, genre «  femme mauritanienne au volant, accident au tournant », genre, genre, genre…. D’un je ne vois pas l’intérêt de m’énerver en ce début de semaine. De deux un peu d’amour ne fait du mal à personne…. De trois je tiens à remercier notre Sultan, qui est le mien aussi, de m’avoir écoutée.

Ce n’est pas tous les jours qu’une chroniqueuse a cet honneur…

Bref…

Merci mon Sultan. Merci. Vous me rappelez que je ne ponds pas que des âneries à usage des Nous Z’Autres. Que, parfois, il m’arrive de dire des choses sensées.

J’imagine que tant occupé à nous gérer, vous ne savez sûrement pas qui je suis ni à quoi je ressemble. Je ne suis pas grand chose. Juste une citoyenne comme une autre, peut-être un peu plus dodue que d’autres, sûrement plus bête je le reconnais, qui n’a pas inventé l’eau chaude ni le fil à couper les niébés, ni les biskits sarakollés, ni la bosse du chameau et encore moins le propriétaire de ladite bosse. Banale quoi….

Alors si vous cherchez à savoir à quoi je ressemble, regardez par ici. Oui, oui, dans cette direction. Vous voyez l’arbre en boule? Vous prenez à droite. Puis la piste sablonneuse qui se cache derrière la troisième dune à gauche. Puis vous prenez le goudron Aziz. De nouveau la piste. Vous voyez la mosquée? C’est que vous êtes presque. Non, pas la peine de vous attarder à contempler vos réalisations nouakchottoises. Je ne voudrais pas vous vexer mais il fait chaud aujourd’hui. Je suis en train de cuire au soleil en attendant votre regard royal. Et puis, de toutes les façons, vous avez toute une cour de gens qui ne sont là que pour chanter vos louanges et youyouter à gosier rabattu devant toutes les réalisations dont vous êtes le grand Manitou. Si vous retirez ça, la louange au plus fort, à nos laudateurs qu’est-ce qu’il leur restera à encenser? On a assez de chômeurs comme ça, non?

Bref, revenons à votre servante, la Derwichette….

Vous me voyez? Si, si la chose qui saute sur place ou qui tente de faire croire qu’elle saute, le truc là, melhafa au vent et sourire de la ravagée par la chaleur. Comment ça je ne saute pas assez haut? Oh mon sultan, avez- vous déjà essayé de sauter ou tout du moins, essayé de sautiller quand on est affublé d’un arrière train de bidhaniyya?

Voilàààààà, c’est moi. Je peux m’arrêter de sauter? Merci mon Sultan. Z’êtes trop bon…

Maintenant que nous avons rompu la glace protocolaire est- ce que chaque fois que je dénoncerai quelque chose, vous convoquerez l’atelier de prospection, de tord méninges, de validation, de validation de la validation, de validation non validée afin d’exaucer mes voeux? Vous savez, comme le génie de la lampe d’Aladin…

Ça serait bien… il y a tant de choses qui ne vont pas chez nous. Vous habitez tellement haut, si près des nuages que vous ne nous voyez plus trop bien nous les pousse cailloux nationaux…

Vos conseillers, pour justifier leurs salaires, vous suggèrent des trucs bizarres à chaque fois.

Un forgeron en prison pour blasphème et hop, on met une prof d’anglais issue de cette communauté et  dont la seule expérience « internationale » s’est résumée aux murs du Ministère de la Culture, à la tête de la diplomatie… Je ne flagorne pas, non. C’était sûrement grâce à ses compétences dans la langue de Shakespeare….

Nos poètes vous font la tête (faut dire que vous les avez quelque peu secoués)? Vous nommez le poète qui avait insulté notre justice devant vous et en direct à la télé en rimant sur le fait que si notre belle justice libérait Mkhaytir, il se chargerait de l’assassiner à coup de fusil…. Le voilà nommé au dernier conseil des Ministres…

Je m’étonne même que vous n’ayez pas encore, sur conseils judicieux de vos conseillers, nommé un taximan ministre de la route…

Mais bon, le populisme est une façon de gouverner et nous on adore ça dans notre Etat tribalo-féodal… Je n’ai aucune leçon à vous donner. Si j’étais intelligente et apte à conduire un pays vers un changement de la Constitution et des pots de peinture rouge, je serais présidente….

Moi, je ne suis rien, un grain de sable qui tente de survivre dans notre belle capitale Nouakchott Plage.

Ça occupe, être habitant de chez nous. Ça n’a pas le temps d’ergoter, de pinailler, de nommer, de diriger, de « référender »…

Voilà mon Sultan. Nous nous sommes enfin rencontrés. Du moins, vous avez enfin découvert la Derwichette… Ce fut un honneur et un plaisir.

Via mes prochaines chroniques, je vous tiens au courant des choses… Ainsi vous pourrez remédier à tout ce qui ne va pas…

Je suis devenue votre chroniqueuse attitrée, celle de votre règne. Je n’en demandais pas tant…

J’en suis flattée.

Faites pas attention aux fautes d’orthographes…Elles font couleur locale.

Merci encore pour la synchronisation des appels des mosquées…. Mille fois merci…

Je retourne à mes activités de fausse ménagère de plus de 50 ans… Je dois gagner ma croûte. Et les temps sont durs…

Merci….

 

Salut

 

Mariem mint DERWICH