Autour d'un thé

8 June, 2017 - 00:36

Si nos oreilles sont aussi petites, c’est que chaque jour elles entendent des choses qu’elles n’ont jamais entendues. Elles sont fortes, nos oreilles. Elles sont mêmes très résistantes. Puisque, des indépendances à aujourd’hui, elles ont tellement entendu de choses, si étranges, si inédites, si extraordinaires qu’elles auraient dû, normalement, devenir rien. « Leur place serait, normalement, devenue froide » : plus rien. Comme ça, on n’aurait plus d’oreilles pour entendre, si tant les oreilles ne sont faites que pour cela. Imaginez-vous sans oreilles. Que serions-nous devenus, sans ce petit organe de sens. Un des cinq. Rappelez-vous vos leçons de petits écoliers, du temps où cela voulait encore dire quelque chose. Quels sont les cinq organes de sens ? Moi, monsieur ! Moi, monsieur ! Moi, madame ! Moi, madame !  Les cinq organes de sens sont : la bouche, le nez, la langue, la peau et les « horeilles », aurait dit un futur célèbre médecin, autour des années 70, dans un CP2 de l’école 1 d’Aleg. Extraordinaire Mauritanie. Il paraît que, bientôt, il y aura une usine de montage d’avions. Que le débat est lancé sur la possibilité ou la légalité de marier une diablesse. Après le mariage avec les poupées, avec les femmes ordinaires, bonjour, le diable ! Après avoir fini de le tirer par la queue, sans grand succès au demeurant, nous revoilà à tenter de le revisiter par autres endroits, SVP m’sieurs-dames ! Quand on n’a rien pu faire, en ce bas-monde, disons que sa fin est là. N’importe quoi. Comme l’autre à qui quelqu’un conseillait de prendre une deuxième femme. Il répondit : «Moi, je cherche à me débarrasser de celle avec qui je suis. Et tu voudrais que j’en prenne une autre ? » Aux grands maux, les grands remèdes. Comme les femmes diablesses qui feront foyer avec nous doivent faire vite, pour s’inscrire sur les listes électorales, via le recensement à telle vocation. Une belle bataille en perspective, entre les « pour » et les « contre » des amendements constitutionnels. C’est autant en emporte le plus de femmes diablesses, avec enfants majeurs nés avant mariage, qui gagnera la bataille du prochain referendum. Ne nous dites surtout pas qu’il y a eu fraude. Les diables, hommes, femmes et jeunes vont voter. Invisiblement, bien sûr. Qui oserait voir le diable ? Deux nez, un œil au centre, cinq pieds, quatre mains... Attention, les présidents des centres « Attrapez vos cœurs » ! Seuls les gens de Kobenni connaissent les diables. Ils les ont déjà vu voter. Si le nez est fait pour ajuster les lunettes, les oreilles sont faites pour mettre les écouteurs et écouter, discrètement, les Beïdanes et les Harratines s’invectiver, copieusement, via des vocaux incendiaires appelant à la guerre civile. Quelque chose comme ton père toi, ta mère toi, toi imbécile, toi moins que rien, toi vaurien. Moi pas comme toi, toi pas comme moi. Il a fallu une bonne occasion, autour d’un bon méchoui et d’enivrantes boissons pour se rendre compte du danger, après que les messages ont été complètement envoyés. Remède de cheval : stop Whatsapp ! Stop Messenger ! Stop Viber ! Stop Facebook ! Qu’Allah couvre Teyba de toute Sa miséricorde ! Comme elle était intelligente, Teyba, et expéditive ! Un jour, devant deux créanciers qui réclamaient chacun quelque dû, elle demanda à l’un et à l’autre : combien vous dois-je ? Comme le montant qu’elle devait, à l’un et à l’autre, était égal, Teyba leur dit : « Ah, ça tombe bien ! Que chacun de vous paye l’autre ! » Mes oreilles ont aussi entendu que, pour le F’tour présidentiel du premier jour du Ramadan, la Présidence a payé, rubis sur l’ongle à un hôtel de la place, une petite facture de vingt-cinq à trente millions d’ouguiyas. Histoire de faire manger juste une centaine de citoyens pas ordinaires, aux frais de la princesse. Trois cent mille ouguiyas pour « faire couper » une seule personne, c’est vraiment une histoire de diable ! Mes oreilles ont entendu que ce n’était pas seulement pour manger, boire, écouter et partir. Aziz était là, à côté de Mohcen qui était à côté des députés qui étaient à côté des ministres qui étaient à côté de l’opposition dialoguiste qui était à côté des pique-assiettes. Salut. 

Sneiba El Kory