Congrès des FLAM: Samba Thiam à propos de l’autonomie des régions du Sud: «Cette autonomie demeure un projet de réorganisation territoriale et administrative, plus adaptée à notre réalité socioculturelle, ethnique et tribale, sans plus!»

3 September, 2014 - 02:29

Les Forces de Libération Africaines de Mauritanie (FLAM) ont finalement tenu leur congrès, à leur siège place, les 29 et 30 août 2014, en dépit de l’interdiction posée, par les autorités administratives. On a noté quand même une présence significative des forces de l’ordre qui ont bouclé le secteur tôt le matin, filtrant les entrées.

Occasion, majeure pour le mouvement rentré au pays, après un exil de 23 ans, de clarifier davantage sa vision des problèmes nationaux contemporains. Son président a prononcé un important discours-programme à l’intention, non seulement, des délégués venus de partout, mais, aussi et surtout, de l’opinion mauritanienne qui pourra désormais se faire une opinion sur les FLAM, longtemps diabolisées, aussi bien par le système que par les pouvoirs qui se sont succédé à sa direction, des indépendances à nos jours. En décidant de rompre leur exil, les FLAM se sont dit disposés à sortir de l’«illégalité » pour « combattre », désormais avec les « armes politiques » à l’intérieur du pays, à l’instar de forces similaires. Le vice-président des FLAM, Ibrahima Mifo Sow, missionné pour préparer le redéploiement du mouvement, puis leur président, Samba Thiam, dès son arrivée à Nouakchott, ont donné un avant-goût de cette vision, l’exprimant à leurs différents interlocuteurs, nationaux et étrangers vivant sur notre sol : « la disponibilité des FLAM à travailler avec tous les Mauritaniens qui partagent, avec elles, le souci d’édifier un Etat de droit consacrant la fin des discriminations et des injustices subies par l’immense majorité de notre population ».C’est dans cette optique que s’est inscrit le congrès d’août. Dans son discours, le président Samba Thiam a réaffirmé l’opposition de son mouvement au système politique en place. « Nous sommes une opposition hors système », avant d’ajouter « mais une opposition responsable. »

 

Un meilleur devenir en commun

Si l’opposition politique de la place, FNDU et autres, se bat pour « dégager » le pouvoir actuellement aux commandes du pays, les FLAM disent combattre pour une Mauritanie « débarrassée de son racisme d’Etat, de l’exclusion, de l’esclavage, pour une Mauritanie inclusive […] », estimant que « le rêve d’un meilleur devenir, en commun, est encore possible, à condition d’oser aller, résolument, vers le changement, vers une nouvelle Mauritanie, une Mauritanie inclusive. »

Pour ce mouvement négro-mauritanien, la Mauritanie est malade de sa « cohabitation ». Le cas récent de Niabina lui en paraît une éclatante illustration. « Osons reconnaitre l’existence, dans notre pays, de discriminations raciales et sociales, pour nous engager dans le nécessaire changement, salvateur, passant par la construction d’un pays qui combat les inégalités liées à la naissance, accepte sa diversité, cultive la solidarité, partage ses richesses », a proposé Samba Thiam car, avertit-il,« un problème sérieux existe, reconnaissons-le, dialoguons autour, débattons-en, plutôt que verser dans l’intimidation et la provocation ! »

En choisissant de jouer pleinement sa partition à l’intérieur du pays, les FLAM se disent, par la voix de leur président, disposées à apporter leur contribution à la résolution des problèmes liés à la cohabitation. Elles prônent « l’acceptation mutuelle, le respect réciproque, l’esprit de tolérance, l’égalité en droits et en devoirs, le respect de la diversité culturelle. »

 

L’autonomie, une étape transitoire

Parmi les solutions avancées pour régler définitivement le problème de la cohabitation, les FLAM avancent l’« autonomie », une proposition qui fut et fait encore l’objet, rappelle Samba Thiam, de « nombreuses conjectures.» Or, pour les FLAM, « l’autonomie demeure un projet de réorganisation territoriale et administrative, plus adaptée à notre réalité socioculturelle,  ethnique et tribale, sans plus ! Elle se fonde sur des critères objectifs, naturels, plus à même de réduire les tensions ethniques récurrentes et favoriser la cohésion sociale ; enfin, elle constitue, à nos yeux, juste une étape, transitoire mais nécessaire, vers la gestation de l’Etat-Nation, qui ne se décrète pas.» Ce congrès tenu, pour la première fois, en terre mauritanienne, aura donc consacré la mutation des FLAM en parti politique. Une mutation très attendue, depuis que le mouvement a abandonné l’option militaire.

 

DL

 

 

 

RESOLUTION

 

-         Considérant les conclusions du 7eme congrès ordinaire des FLAM du 30 mai à Champs-sur- Marne en France;

-         Considérant le retour effectif des FLAM en Mauritanie depuis le 26 septembre 2013;

-         Considérant l’escamotage par le régime actuel des dossiers du passif humanitaire et des Déportés,

-         Considérant le refus du régime actuel d’appliquer a la lettre les lois incriminant les pratiques de l’esclavage, loin d’être éradiqué

-         Considérant la crise endémique de notre système scolaire et l’échec cuisant des réformes de l’éducation jusque-là entreprises;

-         Considérant la poursuite de la politique  d’accaparement  des terres de la vallée du fleuve ;

-         Considérant l'enrôlent a caractère discriminatoire

-         Considérant la cherté de vie et la  paupérisation de plus en plus grande 

-         Considérant le taux de chômage accru des jeunes

-         Considérant la mainmise exclusive sur l’armée par une seule de nos composantes nationales;

-         Considérant le décalage  de l’administration territoriale par rapport aux réalités socio- culturelle de notre pays;

-         Considérant la faillite de l’Etat unitaire centralisée actuel dans sa mission de promotion de la république des citoyens;

-         Considérant les discriminations structurelles à caractère racial et social qui compromettent notre unité nationale;

-         Considérant le droit imprescriptible des peuples à défendre  leurs valeurs culturelles et leur bien-être social;

-         Considérant la mission patriotique des Flam et le devoir historique qui leur incombe d’encadrer les  composantes nationales  discriminées  dans leurs  aspirations légitimes à la liberté, à l’égalité, à la justice et à la prospérité ;

 

Les Forces de Libération Africaines de Mauritanie (FLAM), réunies en congrès extraordinaire les 29 et 30 aoûts 2014 à Nouakchott;

 

-          Réaffirment l’impérieuse nécessité du changement en Mauritanie pour préserver l’unité et la stabilité du pays;

 

-         Décident de se muer en parti politique, dénommé Forces Progressistes du Changement  (FPC), pour conduire et mettre en œuvre un projet politique qui refonde la Mauritanie sur des bases de partage, d’équité, de justice sociale  et de respect du droit à la différence.

 

-         Proposent l’autonomie régionale pour la refonte territoriale et administrative du pays. 

-          Attirent l’attention du pouvoir et de l’opinion nationale sur les risques que fait courir à notre unité nationale la poursuite par l’Etat de la politique d’exclusion   des communautés afro-mauritaniennes et haratines de notre pays;

-          Appellent  a  rétablir rapidement et définitivement les victimes de la déportation dans tous leurs droits, et a régler le dossier pendant du passif humanitaire en conciliant  les besoins de vérité, de justice  ,de réparation  et du pardon, pour une véritable   réconciliation  nationale ;

-         Condamnent la politique d’expropriation foncière des paysans de  la vallée;  proposent que la gestion de ces terres respecte le droit inaliénable des riverains (sans exclure les autres nationaux) tout en promouvant la modernisation de l’exploitation de ces terres par leur ouverture aux capitaux nationaux, régionaux et internationaux au bénéfice de tous les mauritaniens.

-         Exigent une réforme urgente de l’Armée nationale qui doit revenir a sa mission première, et de son  fonctionnement  qui doit refléter  tant  dans sa composition que  dans son corps de commandement les équilibres  ethniques de notre pays,

-         Se félicitent, enfin, du succès de leur programme de redéploiement et de l’accueil populaire dont ont fait l’objet le président des Flam et sa délégation;

 

 

                              Nouakchott, le 30 août 2014

                            Le congrès extraordinaire des Flam.