Autour d'un thé

10 August, 2017 - 02:25

Tout ce qui et que prend la tête finit. Un mensonge remplit un sac, alors que deux ne remplissent même pas un Mezoued (récipient traditionnel en cuir servant à garder les graines de mil ou d’une quelconque autre céréale). Qui se cache par les jours est nu. Tout ça pour dire que tout finit. Les jours diront qui a menti à qui. La fameuse banderole des pêcheurs, assurant le Président que les poissons le soutenaient et qu’ils allaient tous voter oui aux amendements constitutionnels, était prémonitoire. C’était comme si les pêcheurs savaient que la direction nationale de la campagne du président lui avait menti, en disant oui alors que non. Qui veut mentir éloigne ses témoins. Les bureaux de vote ont parlé. Même les morts ont été ressuscités, pour voter oui, quand nombre de vivants ont dit insidieusement non. Ce n’est pas que c’est l’opposition. Ce n’est pas que c’est la majorité. Ce n’est pas que c’est ceci ou cela. C’est que, tout simplement, il faut mieux écouter le dire de celui qui te fait pleurer que celui qui te fait rire. Par les mensonges. Par les inepties. Par les rodomontades. Visiblement, ce ne sont pas les sénateurs les mamelles du veau. Aucune chance d’en obtenir du lait. Même en poudre. Même pas celle d’escampette que les coordinateurs régionaux de la campagne nationale de l’Union Pour la République et des partis de la majorité et de l’opposition respectable, responsable, irréprochable ont prise, en prenant connaissance des premiers résultats du vote/sanction/mécontentement de la fraction du peuple qui a voulu aller aux urnes ou, plus exactement, qu’on a mené aux urnes. Nuance. Heureusement que l’opposition n’a pas fait campagne. Heureusement que les footballeurs ont produit une initiative. Que les blanchisseurs, les laveurs de voitures, les éboueurs, les gens des pompes funèbres, les bouchers, les poissonniers, les usiniers, les importateurs de légumes, de boîtes de conserve, de voitures d’occasion, de pièces détachées, les garagistes, les anciens et nouveaux retraités de l’armée, de la douane, de la Garde nationale, de la gendarmerie, des goumiers de Zouérate, les cadres de l’enseignement du fondamental, de l’enseignement secondaire, de l’enseignement supérieur, de l’enseignement originel, les rouleuses de couscous, les vendeuses de fatayas et de boulettes, les promoteurs, les promeneurs et promeneuses des environs de Sahraoui, les pompistes, les lutteurs traditionnels, les tanneurs de peaux, les artisans traditionnels, les chauffeurs, les Borom Tangana (café chaud/chaud), les muezzins, les imams, les associations d’oulémas, les mouftis et beaucoup d’autres encore ont décidé de soutenir les amendements constitutionnels. Heureusement que la radio, que l’Agence nationale d’information, que la Mauritanienne, que les TV privées ont parlé, à tort et à travers, en hassanya, en wolof, en poular et en soninké, pour faire entendre raison, aux citoyens, que tout le Bien est ici, avec le Président, contre tout le Mal, là-bas, avec les opposants, si bidons, si cons, si ronds. Bon. Comment ça va aller, avec les sénateurs qui sont la tête de toute la faute ? Si ce n’était pas eux, les carnassiers, qui ont claqué plus de seize milliards, redevenus quinze, au meeting dernier de clôture, le Président n’allait pas s’empêtrer dans cette histoire de vote, de taux de participation, de fraude massive, de ville morte ou vivante. Il faut ajouter les six milliards casqués, pour l’organisation du referendum, aux dégâts sonnants et trébuchants de ces gâteux sénateurs. Ils auront donc coûté, inutilement, seize plus six, ça fera vingt-deux milliards d’ouguiyas partis, comme ça, pour rien. Bon. Les ministres vont rentrer. La recréation est finie. Et comme le référendum est fini, l’opposition  sera désœuvrée. La majorité est déjà cadavérée. Ô rage, ô désespoir, ô vieillesse ennemie, n’ai-je donc tant vécu que pour cette infamie ?