Production de semences maraîchères : un défi à relever

17 August, 2017 - 02:07

Les régions du Gorgol, Brakna et Guidimakha sont connues pour leur potentiel agricole, maraîcher en particulier. Manifestée par un concentré  de nombreuses coopératives féminines, cette position devrait être un atout majeur de productivité agricole, si la chaîne d’exploitation ne souffrait pas de tant de faiblesses qui compromettent la gestion technico-administrative de ces entités. Tentant de résoudre certains de ces problèmes qui tiennent en laisse les producteurs, l’ONG espagnole MON-3 a déployé son projet « Production agricole  pour une sécurisation alimentaire  des plus pauvres », en neuf communes des régions précitées, pour orienter les maraîchers  vers la production, à grande échelle et sur le long terme, de semences maraîchères. Souvent citées comme une condition incontournable pour réussir les campagnes, les semences constituent un impératif de qualité autour duquel se greffent toutes les autres activités concourant à l’amélioration des rendements. Pour arriver à ses buts, l’ONG Mon-3 s’est attachée, en plus de la collaboration des coopératives, les expertises du CNRADA, du service de contrôle de la qualité des semences (SCQSP) et de l’ONG ASD (Association pour la solidarité et le développement), en ce qui concerne la mise en œuvre. Les trois délégations régionales de l’agriculture ont été également mises à contribution pour, non seulement, réaliser un suivi de proximité mais, également, agir en éléments dynamiques de pérennisation des acquis. Les résultats obtenus sur 15 des 22 coopératives expérimentales, lors des campagnes 2015/2016 et 2016/2017, constituent une source de motivation. Avec une progression notable de superficie cultivée, passée de 1930m², lors de la première campagne, à 2950m², lors de la seconde, la quantité produite a suivi une croissance proportionnellement beaucoup plus importante, avec, respectivement, 7,34 kg  et 40 kgs de semences, sur huit spéculations, et 224,5 kgs de bulbes d’oignon (violet de Galmi) dont 70 kgs écoulés sur le marché local. Même si cette démarche procure, aux  producteurs, la satisfaction de diversifier leurs productions, pour s’initier aux nouveaux créneaux d’innovation, il n’en demeure pas moins qu’ils restent confrontés à la récurrente question d’écoulement et de conservation des invendus. Mais, au-delà des impairs qui ne peuvent, de toutes façons, tous trouver des solutions, le projet a permis,  aux bénéficiaires, de se familiariser avec les techniques et itinéraires de production de semences maraichères, et d’intégrer, dans leurs activités, le compostage, la lutte biologique  contre les mauvaises herbes et la récupération des sols, toutes choses qui les initient aux techniques agro-écologiques. Et tous, principalement des femmes, de se réjouir du matériel agricole obtenu, des grillages aux dispositifs d’arrosage (système californien), en passant par l’équipement des puits qui leur ont facilité l’accès à l’eau, désormais beaucoup moins pénible.

Au cours de l’atelier de clôture, les voix autorisées se sont élevées, pour saluer et encourager cette politique de production semencière. Dans son intervention, le chef de service des semences et plants  du CNARADA, Habib Guèye, a souligné l’importance d’une démarche qui vient en appoint des efforts déjà fournis. Dans la foulée, le directeur du développement des filières et du conseil agricole, Mohamed Sidna Aly, a indiqué que son service ne se réjouit de cette initiative qui peut constituer une alternative aux montants qu’il dépense, chaque année, à ravitailler le marché local, en semences de bonne qualité. « 30% du rendement maraîcher est tributaire de la qualité des semences évitant les semis répétitifs », a souligné le directeur du CNARADA, Baba Ahmed ould Nagra, invitant, en suivant, les partenaires financiers et techniques (Union Européenne et FAO) à continuer de soutenir la filière, pour son expansion et sa durabilité, en capitalisant les résultats obtenus.

L’atelier de deux jours a permis de ponter les relations, entre les producteurs et les vendeurs agréés de semences, d’une part, et de dégager, d’autre part, les pistes possibles de capitalisation. Le représentant de l’Union européenne –principal bailleur – s’est félicité des résultats engrangés pour la cause de l’autosuffisance alimentaire, au profit de 3885 femmes membres des différentes coopératives. Le projet n’a duré que 44 mois et était accompagné d’un volet de sécurisation alimentaire, pendant les périodes de soudure, axé sur  les productions locales. Dix-huit magasins ont été construits ; neuf autres réhabilités, dont 60% ravitaillés en production locale et 45% désormais capables de diversifier leur stock, en fonction de la demande. En impliquant les maires dans la gestion des magasins, les encadreurs pensent que la stratégie de sortie de programme est en partie réussie. Et Mohamed Lemine Chérif, dont le service fut beaucoup sollicité, dans le suivi et l’encadrement, de conclure : « Le jumelage de la production des semences avec la consommation des produits locaux, à travers les magasins de stockage, permet, aux ménages vulnérables, de développer une capacité de résilience adaptée à leur mode de vie ».

B.Diagana

CP Gorgol