Le CRSM pour des assises nationales autour de la cohabitation en Mauritanie

10 September, 2014 - 02:56

Les soninkés de Mauritanie ont parlé. Comme les Pulaar, les Harratines et les Wolof, hier. Ils ont parlé pour, disent-ils, « attirer l’attention de  l’opinion nationale et internationale sur les risques que le système politique qui gouverne la Mauritanie depuis son indépendance fait au courir au pays  à travers  la marginalisation  de la composante noire de ce pays, les soninké y compris donc»,  a  justifié au reporter du Calame  M. Diawara Gagny, ancien député et consul de Mauritanie à Paris, entouré des membres du CRSM, Pr Outouma Soumaré, Bakary  Wagué et Timéra Boubou.  Comme les autres composantes noires de ce pays, les soninkés de Mauritanie  se sentent « marginalisés » à tous les niveaux.

Mai  les soninké n’ont pas pris la parole pour verser dans le « communautarisme », précisent les membres du comité ;  ils ont décidé de prendre la parole pour  d’abord  faire  entendre leur voix, marquer leur différence d’approche, mais  ensuite et surtout   pour  contribuer  à la recherche de solution consensuelle  au problème de la cohabitation  en Mauritanie. Pour les membres du comité, « c’est une réalité  qu’on ne peut pas nier aujourd’hui,  sauf si  on veut  faire  courir  aux  pays des risque de tensions inter-ethniques » mettent en garde  les membres du CRSM. Et le Pr Soumaré d’ajouter:  « Nous avons écrit ce document, pris la parole maintenant parce que nous estimons que la situation est très préoccupante pour lancer un appel  sens concession à  des assises nationales autour de la problématique de la cohabitation dans notre pays, nous prônons  la refonte  de l’actuel   mode de gestion du pays pour nous acheminer vers  une Mauritanie de justice, d’égalité  et de fraternité»

 Pris à part, aucune composante seule ne peut résoudre le problème qui date, estiment les membres du comité  depuis 1958. « Le rouleau compresseur de l’exclusion, du racisme d’Etat a démarré depuis 1958, s’est cristallisé en 1966 pour atteindre son paroxysme  entre 1989 et 1991, avec les exécutions extra-judicaires », a fait observer Diawara Gagny. Et justement, notre souci est de faire éviter à notre pays ce qui se passe  en Libye, ce qui s’est passé  en Tunisie et en Egypte, affirment les membres du comité.

La sortie du comité représentatif des soninkés  de Mauritanie est contenue dans un document très fouillé, fruit d’une longue recherche  de ses cadres. Elle intervient après un examen très approfondi  de la situation politique, économique, culturelle et sociale du pays  ont-ils affirmé. Comme elle intervient après  la prise de la parole par ceux qu’on a appelé  les négro-africains, puis par les Harratine et tout récemment  par les Wolof.  « Nous sommes dans une ère de grandes revendications parce que le système dominant a créé, à travers sa politique d’exclusion  systématique de la composante noire, des soninké y compris, un appel d’air au communautarisme souvent hélas  terreau des tensions inter-ethniques. Nous  apportons notre contribution pour éviter des dérives dangereuses à notre pays », a indiqué Bakary Wagué.

 Dans différents manifestes  ou aide-mémoire, l’ensemble de ces composantes du pays  ont toutes dénoncé, à travers des statistiques  l’exclusion dont elles estiment être l’objet.  Toutes accusent le système politique de favoriser la composante Beidane ou arabe au détriment des négro-mauritaniens (Pulaar, Wolof, Soninké, Bambara et  Harratines).  ‘’L’exclusion, le racisme d’Etat’’ sont donc le dénominateur commun de ses composantes  noires.

Pour  Gagny Diawara, président du CRSM,  ‘’les  soninkés  sont  comme les autres noirs du pays, exclus  de la gestion des affaires publiques, du secteur économique (banques, entreprises de toutes sortes,  des médias,  de l’armée et des corps de sécurité…)  c’est une situation inadmissible, elle ne peut pas continuer parce qu’elle fait peser de lourdes menaces sur l’avenir du pays, nous avons besoin de  la refonte de notre Etat, de notre mode  de gouvernance  pour mieux vivre ensemble, pour retrouver l’idéal commun que les premiers acteurs politiques avaient tenté de construire. ‘’

 

Conscient du défi à relever, le CRSM a soumis sa « contribution » au président de la République, à certains membres de son gouvernement,  aux  partis politiques, aux acteurs de la société civile, à quelques chancelleries occidentales à Nouakchott.  L’objectif rappelle, le Pr Soumaré, est de créer une dynamique au sein au sein de la classe politique et des acteurs de la société civile, de susciter un débat autour de l’ensemble des questions liées à la cohabitation

Quelques exemplaires seront également envoyés à des chefs d’Etat de la sous -région.

 

Comite de Pilotage :

 

Gagny DIAWARA

Dramane Singale CAMARA

Ladji TRAORE

Tidiane Bah KOITA

Mahamadou TOURE

Boubou TIMERA

Outouma SOUMARE

Bakary WAGUE

Tacko N'DIAYE

Niouma BATHILY