Tsunami en vue ?

21 March, 2018 - 01:33

Branle-bas de combat : Ould Abdel Aziz a déclaré, à Jeune Afrique, qu’il soutiendra un candidat à la présidentielle de 2019 ! Ça n’a pourtant rien d’un scoop, puisqu’il avait déjà annoncé, très explicitement en Novembre dernier, à la clôture du dialogue avec une partie de l’opposition : « Je ne toucherai pas aux articles limitant le mandat présidentiel ». Cela avait soulevé un tonnerre d’applaudissements dans la salle. Comme si ses soutiens se retrouvaient soudain délestés d’un poids dont ils ne savaient que faire. Ils avaient applaudi, comme un seul homme… mais n’y croyaient manifestement pas, à voir les réactions après la publication de l’interview de JA. Il aura fallu que le propos soit adressé via un journal étranger pour que les Mauritaniens lui accordent un tant soit peu de crédit.  Certes, il faut reconnaître, à leur décharge, que, n’ayant de compte à rendre à personne,  notre guide éclairé nous a tant habitués à lui entendre dire tout et son contraire qu’on pouvait, à bon entendeur, s’attendre à tout. Alors, cette fois, c’est la bonne ? On l’espère, on l’espère, la durabilité du moment de cette décision réputée définitive. Ould Abdel Aziz hors-jeu, les jeux n’en seront que plus ouverts.

Cela dit et même s’il a déclaré qu’il soutiendrait un candidat, cela ne change pas grand-chose. Il est sur le départ et n’a pas laissé que de bons souvenirs, y compris dans son propre camp. Nous ne sommes plus en 2007 où l’homme fort qui dirigeait le BASEP avait son mot à dire. Combien de temps lui faudra-t-il, maintenant, pour se rendre compte, si ce n’est déjà fait, que les Mauritaniens ont la mémoire courte ? Voyez le peu d’engouement que suscite son idée de redynamisation et de réimplantation de l’UPR, le parti qu’il porta sur les fonts baptismaux : un ressort est manifestement brisé. Les ministres, envoyés à Nouakchott et dans les chefs-lieux de régions, pour expliquer le fin mot de l’histoire, n’ont eu droit qu’à des accueils, soyons indulgents, « mitigés ». Dans la capitale, c’est à peine s’ils ont réussi à mobiliser quelques centaines de « militants ». Cahin-caha cependant, le parti vient de désigner les commissions chargées de superviser son redéploiement en chaque région. Un ultime baroud d’honneur pour une formation politique pas mieux implantée, ni plus solide, que le défunt PRDS qui vola en éclats dès le départ de son fondateur. C’est que ne semblent pas avoir compris les initiateurs de cette « brillante » idée, aspirant à transformer l’UPR en un parti comme les autres, alors qu’il ne peut l’être, de nature. Les mêmes causes produisant les mêmes effets, sa fondation, par le pouvoir, sans aucun passé militant, avec l’opportunisme en seule conviction, ne résistera pas à la première vague. Croire, un instant, qu’il sera l’exception qui confirme la règle, c’est faire preuve d’infantilisme primaire.

Enfin, bref, une fois l’UPR « redynamisé et réimplanté », saurons-nous, pour autant, à quelle sauce serons-nous mangés ? Les élections législatives, municipales et régionales, organisées, incha Allah, avant la fin de cette année 2018, lui seront, en tout cas, test grandeur nature. Si toute l’opposition y participe –  et il y a de fortes chances pour qu’elle le fasse – obtenir une majorité relèvera du parcours du combattant, pour peu que toutes les conditions de transparence soient réunies. Certes le pouvoir, qui a la haute main sur l’administration, mobilisera, comme à son habitude, tout ce qu’il peut, pour fausser le jeu. Mais jusqu’à quel point ? Quand on voit le maigre résultat de ses manœuvres, on ne peut plus flagrantes pourtant, lors du referendum, ça ne va pas lui être simple d’obtenir un résultat  à la hauteur de ses espérances… S’y entêter ne serait certainement pas une goutte d’eau. Le vase est plus que plein. Attention au tsunami !

Ahmed Ould Cheikh