Mauritanie : déclaration polémique d’un érudit sur le troisième mandat

11 May, 2018 - 02:15

La Mauritanie file tout droit vers une élection présidentielle prévue au milieu de l’année 2019, et à laquelle Mohamed ould Abdel Aziz, actuel  locataire du palais brun, ne devrait pas pouvoir postuler en
vertu du principe constitutionnel de la limitation des mandats.
Mais au-delà de ce contexte juridique, on entend  régulièrement des voix au sein des soutiens du chef de l’Etat, demander à l’homme de rester aux commandes en vue « de poursuivre son œuvre ».
Dans cette tendance, l’érudit Hamden Ould Tah, président de l’Association des Uléma de Mauritanie (AOM),  vient de jeter un énorme pavé dans la mare avec une déclaration potentiellement polémique.
Ainsi, après une rencontre avec le président Mohamed Ould Abdel Aziz, qui s’est déroulée mercredi,  le patron de l’association des ulémas, cité par la presse locale du jeudi  10 mai, déclare: «j’ai demandé au chef de l’Etat de poursuivre la marche pour compléter ce qu’il a commencé au profit du peuple mauritanien ».
Expliquant le sens de cette l’audience, le président de l’association des ulémas a indiqué: «il s’agit d’une rencontre annuelle au cours de laquelle  nous évaluons les réalisations, et nous l’avons remercié pour l’excellent travail accompli au profit du pays».
L’érudit Hamden ould Tah appréciait sur le même ton les actions et les progrès réalisés sous le règne du président Maaouya Ould Sid’Ahmed Taya, renversé en 2005 par une junte militaire au sein de laquelle l’actuel chef de l’Etat faisait figure de cheville ouvrière,  notent de nombreux observateurs.
Cette sortie suscite des réactions de désapprobation au sein de l’opposition, à l’image de cette déclaration sur les réseaux sociaux du Pr Lô Gourmo Abdoul,  vice-président de l’Union des Forces de
Progrès (UFP).
Ce spécialiste du droit interpelle   les religieux en ces termes; «que pensent nos ulémas de celui qui inciterait son prochain à commettre un parjure, en violant un double serment prêté sur le coran? Un troisième mandat-qui n’aura jamais lieu, vaut-il la peine d’un tel discrédit devant toute la communauté musulmane ».

                   

Cheikh Sidya, correspondant à Nouakchott

Source 360