Le mouvement sioniste mondial/par AHMED BEZEID OULD BEYROUCK

31 May, 2018 - 05:09

Permettez-moi de présenter à vos lecteurs un exposé objectif, sans passion, sur les aspects juridiques, politiques et racistes de ce qu'on appelle ‘’le Mouvement Sioniste Mondial’’ dont le but, défini en 1898, consistait à créer un foyer national juif en Palestine, et qui est un mouvement raciste puisqu'il préconise l'union nationale de tous les juifs sur la base de leur appartenance à une origine commune. Dans une interview publiée le 22 Avril 1969 par le journal israélien « Lamerhav », le premier ministre israélien Golda Meir répondait à la question suivante : « Que pensez-vous du plan Dayan » prévoyant l'intégration économique des territoires occupés à l'économie israélienne et visant à permettre aux Arabes de ces régions de travailler en Israël ? « Je pense » dit-elle, que nous devons nous intéresser au sort des habitants de ces territoires. Néanmoins, l'idée d'en faire travailler des dizaines de milliers en Israël ne me tranquillise guère. Car, en agissant de la sorte, Israël risquerait de perdre son caractère juif. Dans une interview au Jérusalem Post, le 17 juin 1969, le ministre des affaires Etrangères Abba Eban, devrait déclarer : ‘’Des autres critères que je viens d'énumérer, le plus important est celui de la préservation du caractère juif d'Israël et du pouvoir de décision juif. Ceci a été très simplement exprimé par certains de mes collègues et par moi-même. N'injectons pas un autre million d'Arabes dans les artères de l'Etat de telle sorte qu'ils puissent eux-mêmes déterminer son caractère, sa culture et son destin. Ceci signifie que nous devons apporter des modifications aux frontières et obtenir des arrangements de sécurité et aussi aspirer à une carte qui nous permettrait de nous assurer une sécurité plus large sans pour autant détruire le pouvoir de décision juif en Israël’’. Au cours d’une intervention au programme « Face the Nation du Colombia Broadecasting System », le 11 juin 1967, le général Dayan, prié de donner son avis sur la capacité d'Israël d'absorber la capitale arabe de territoires nouvellement conquis, répondit: « Economiquement, nous ne pouvons ; mais je pense que ceci ne s'accorderait pas avec nos plans futurs. Il en résulterait, pas un état juif, mais un Etat binational ou un Etat arabo-juif. Or, ce que nous cherchons, c'est un Etat juif tout comme la France est un Etat français. » Cinquante ans plus tôt, le premier président d'Israël, Chain Werzmam, déclarait qu'il prévoyait l'établissement en Palestine d'un Etat « qui serait juif que l'Angleterre est anglais » et définissait le but du programme sioniste comme étant de « créer une nation qui serait aussi juive que la nation française est française et la nation anglaise est anglaise. A l'occasion d'une conférence sur Israël en 1965 à Londres, le Mouvement Sioniste Mondial a distribué une carte géographique d'Israël imprimée sur une carte postale. On y trouve imprimées deux cartes géographiques, l'une représentant les frontières d’Israël en 1965, l'autre le « grand Etat d'Israël » qui englobe la Palestine, toute la Syrie et le Liban, une partie de l'Irak jusqu'à l'Euphrate et tout le désert du Sinaï jusqu'au canal du Suez. Cette carte distribuée à Londres représente le rêve d'hégémonie du sionisme qui veut qu'Israël s'étende du Nil jusqu'à l'Euphrate. Ils ont même inclus dans cette carte la Mecque et Médine. Nous nous demandons comment le monde Musulman tout entier ne voit pas le danger comme nous et n'agit pas en conséquence. Le racisme n'est pas un trait acquis par l'état de colons sionistes. Il n'est guère non plus une caractéristique accidentelle ou passagère sur la scène israélienne, il est congénital même du sionisme et au mobile fondamental de la colonisation de la création de l'Etat Sioniste. Le Sionisme est la foi en l'unité nationale de tous les juifs qui sont ainsi identifiés en fonction de leur supposée origine ancestrale commune. Selon le credo sioniste, ni la religion ni la langue ne constitue le présumé « lien national » des juifs. Car les sionistes qui sont en effet des juifs croyants ou pratiquants sont relativement peu nombreux, et la langue hébraïque ne fut ressuscitée qu'après la naissance du sionisme. La récente législation et la décision judiciaire servant de précédant dans l'Etat sioniste, ainsi que la littérature politique du mouvement sioniste depuis ses débuts, semblent dénoter son caractère social. Le simple fait biologique d'être un descendant de juifs rend aux yeux des sionistes, une personne « juive

Auto-ségragation raciale

L'identification sioniste à une race donne lieu à trois corollaires : l'auto-ségrégation raciale, l'exclusivisme racial et la suprématie raciale. (Comme les apôtres Afrikander de l'apartheid en Afrique du Sud), ces principes constituent le cœur de l'idéologie sioniste. L'impulsion primordiale de la colonisation sioniste est la poursuite de, par la « nation juive » d'une «autoréalisation nationale » à l'aide d'un regroupement territorial et d'un Etat indépendant. L'auto-ségrégation raciale est, par conséquent, la quintessence du Sionisme. De par sa nature, l'auto-ségrégation raciale exclut l'intégration ou l'assimilation. De Herzl à Weizmam, de Ben-Gourion à Goldman, les leaders du sionisme ont tous cru et prêché que le principal ennemi du sionisme n'est point l'antisémitisme » des gentils, mais « l'assimilation » juive. L'antisémitisme méprise les prétendues « caractéristiques nationales » des juifs et se délecte des souffrances juives. Le sionisme idéalise ces caractéristiques imaginaires et s'efforce de rassembler tous les juifs en un seul Etat juif auquel les sionistes même modérés attribuent une mission spéciale. Selon la croyance sioniste, « l'assimilation est considérée comme la perte de « l'identité juive » et constitue le prélude à la dissolution et à « l'élimination de la nation juive ». L'auto-ségrégation » est l'unique chemin de la « Rédemption » du « salut » et de « l'accomplissement» de la nation. La lumière de cette même logique, en vertu de laquelle le sionisme repousse sans compromis, l'assimilation des juifs par des sociétés non juives, le principe fondamental sioniste d'auto-ségrégation raciale exige aussi la pureté de la race et l'exclusivisme racial dans le territoire. L'auto-ségrégation rejette nécessairement la coexistence des communautés juives et non-juives y compris la population indigène dans le territoire où se ressembleront les juifs et qui constitue une tare sur 1' image du pur racisme sioniste autant que les séjours continus des juifs dans la terre des gentils, nommée la terre de l'ex juif. L'idéal sioniste d'auto-ségrégation raciale provient d'une exigence également impérative, le départ de tous les juifs des terres de leur « exil » aussi bien que l'éviction de tous les non-juifs de la terre à « destination juive » à savoir la Palestine. Ce sont là deux conditions essentielles pour « l'accomplissement du sionisme » et la « rédemption nationale juive ». Le sionisme c'est du pur et noir racisme, c'est pour cette raison que l'assemblée des Nations unies a voté en 1975 un texte assimilant le sionisme au racisme. En ce qui concerne un Etat laïc, les Palestiniens le Fatah notamment, l'ont maintes fois proposé. Mais dites-mois, pensez-vous sérieusement que les sionistes acceptent cela ? J'ai mantes fois répété que c'est au sionisme, et non aux juifs, que nous en voulons, avec les juifs, et nous sommes après tous des cousins, nous pouvons parfaitement cohabiter. Dans son étude « Zionisme, Tribalisme, ou Libéralisme, » Morris R-Cohen, professeur de philosophie à l'université de Harvard, écrit : « la tendance constante à faire ressortir la conscience raciale tragiquement exacerbée par les persécutions multipliées des années récentes a amené les juifs émancipés à adopter la très populaire philosophie raciale de l'histoire représentée du côté Teuton par « les fondations du XIXème siècle » de Chamberlain et du côté russe par des Slavophiles tels que Katkoff. Fondamentalement les sionistes rejettent l'idéologie raciale de ces anti-sionistes mais ils en tirent des conclusions différentes. Au lieu du teuton, c'est le juif qui forme la race pure ou supérieure. Les sionistes se qualifient toujours d'idéalistes...

Suprématie imaginaire

Le mot « idéalisme » couvre une multitude de péchés dont une répugnance à affronter les problèmes difficiles et une tendance idéaliste à ignorer les droits de la population non-juive de la Palestine à peu près comme les idéalistes teutons avec leur culture supérieure. Selon les enseignements du sionisme, c'est seulement à cette condition d'auto-ségrégation complète que la « supériorité juive » pourrait enfin se manifester. Car le « Peuple Elu » ne pourra atteindre son ‘’destin spécial" que lorsqu'il sera regroupé et seul...Les colonisateurs sionistes désireux d'imposer la suprématie de leur race en Palestine, expriment leur suprématie imaginaire sur les « indigènes » arabes, d'abord en s'isolant des Arabes en Palestine et ensuite en les évinçant de leur patrie. Ainsi, bien que le but sioniste ne se réalisera qu'en 1948 par la violence expulsion de la majorité des Arabes Palestiniens de leur patrie, l'objectif de « désarabiser » la Palestine (en vue de « sioniser » ce pays) a été nourri par le mouvement sioniste depuis ses débuts. Le concept sioniste de la « solution finale » du problème arabe en Palestine et le concept nazi de la « solution finale » du problème juif en Allemagne, contiennent essentiellement le même élément de base : l'élimination de l'indésirable élément humain en question. Mais si la création d'une « Allemagne sans juifs » poursuivie par le Nazisme par des méthodes plus impitoyables et plus inhumaines que ceux utilisés par les sionistes pour la création d'une « Palestine sans Arabes » derrière ces différentes techniques, résidaient en revanche, des desseins identiques. En appliquant la discrimination raciale à l'encontre des vestiges des Arabes Palestiniens, l'Etat de colons sionistes a appris, en effet, toutes les leçons que pouvaient lui enseigner les différents régimes discriminatoires des Etats de colons en Asie et en Afrique. Et dans cette tâche, l'Etat sioniste s'est montré un disciple averti et plein d'ardeur, capable de surpasser ses maîtrises.

AHMED BEZEID OULD BEYROUCK

Chroniqueur Politique