Mohamed Ould Brahim Ould Siyyid : L'oiseau rare

9 August, 2018 - 14:41

Le 8 Juin 2003, à cinq heures dumatin, Nouakchott  vivait une nuit terrible. Des tirs d'armes en tout genre et les déflagrations continues assourdissaient les gens. Mais, alors que la plupart des hauts responsables et officiers se terraient chez eux ou avaient pris la fuite, un homme en tenue osa rejoindre son PC, en pleine zone de combat, malgré le sifflement, en tous sens, des balles et obus de mortier. Il alerta immédiatement, par radio et téléphone, les commissaires de police et les chefs de compagnie éparpillés dans la ville. En leur donnant consigne générale de tenir tous leurs agents en poste. Une heure plus tard, chaque commissariat de police, chaque compagnie avait son effectif au complet, en tenue et armé. Ainsi le chef de la police nouakchottoise n'avait pas suivi les conseils de sa hiérarchie qui lui enjoignait de ne pas prendre le risque de se déplacer dans la ville, en un moment si crucial.
Sans hésiter, il avait décidé d'aller de l'avant, par patriotisme, sens des responsabilités et courage inné. Protéger les populations et empêcher l'anarchie de régner dans la ville étaient ses priorités absolues.
L'instinct sécuritaire de ce commissaire divisionnaire, formé dans les grandes écoles européennes et arabes, ne l'avait pas trompé. Ses craintes se concrétisèrent en effet. Vers sept heures, le poste de garde de la prison civile de Nouakchott avait pris la poudre d'escampette, après avoir ouvert les portes du pénitencier. Sept cent récidivistes dont six cents grands délinquants s'étaient éparpillés en ville. C'était, pour eux, l'occasion rêvée de piller et semer la terreur.
Mohamed ould Brahim ould Siyid donna aussitôt l'ordre, aux compagnies de police, de sécuriser les édifices publics, les marchés, les banques et les magasins. Les véhicules de sécurité commencèrent à patrouiller partout dans la ville, malgré les tirs. Les premières tentatives de pillage, vers neuf heures, de deux édifices publics furent aussitôt matées par les policiers, plus que jamais déterminés et encouragés par leur chef qui se déplaçait partout, pour superviser cette téméraire opération.
Aucun marché, aucune banque, aucun commerce ne fut ainsi pillé, ce jour-là : la police veillait au grain. Suivant les instructions du DRS, tous les agents des commissariats entamèrent sans tarder la traque des prisonniers évadés dont la plupart fut récupérée dès la première journée, et enfermés dans les cellules des commissariats et aux sièges des quatre compagnies. Les plus dangereux - Kabila, Van Dam, etc. - furent repris en moins de vingt-quatre heures.
Lorsque les choses revinrent à la normale, ce sont Mohamed et ses hommes qui remirent les sept cents évadés en prison. Grâce à Dieu, aucun policier ne fut ni tué ni même blessé.

 

Un homme d'exception
Ce même commissaire qui avait, à trois reprises, dirigé la police à Nouakchott, fut le fondateur de la fameuse Brigade des Recherches du Banditisme (BRB). Sous ses soins et sa houlette, cette brigade d'élite mata la criminalité et la délinquance, entre 1998 et 2007, avant d'être décentralisée. Ce qu'il en reste dépend, aujourd'hui, de la CSPJ mais demeure le meilleur outil de lutte contre le crime. Surnommé " l'homme des missions difficiles ", Mohammed en réussit de fait beaucoup. En voici deux, à titre d'exemple. En 1989, l'exécution du plan de lotissement de la capitale économique Nouadhibou avait posé problèmes.
Plusieurs walis s'y étaient appliqués mais en vain car les conflits immobiliers, entre les autochtones et les ressortissants des autres régions installés là-bas, rendaient la chose délicate. Le dernier de ces administrateurs,
feu Sidi Mohamed ould Mohamed Lemine, chargea alors le DRS Mohamed de superviser l'impossible tâche. Grâce à son savoir-faire, sa diplomatie légendaire et sa rigueur, le commissaire réussit à lotir des centaines de parcelles, au profit de tous les habitants de Nouadhibou, à commencer par ceux des bidonvilles. Cette distribution consensuelle plut aux uns et aux autres, au grand bonheur de l'administration.
La deuxième mission fut la fondation de la police de l'immigration. Se révélant un des plus efficaces pionniers de la Direction de la Surveillance du Territoire (DST), Mohammed forma plusieurs agents et cadres de la lutte anti-migratoire. Durant les cinq années où il dirigea la DST, tous les étrangers qui entrèrent et sortirent du pays furent fichés. Ce qui facilita nombre d'enquêtes criminelles. C'est aussi sous son magistère que les premières cartes de résidence furent établies aux étrangers résidant en Mauritanie. Sous sa direction, la DST contribua beaucoup à la sécurité et à la stabilité du pays.
Sans conteste, le choix du commissaire à la retraite Mohamed ould Brahim ould Siyid, en tête de liste de candidats aux élections du conseil régional du Trarza, est des plus heureux. Un des rares bons choix de
l'UPR, selon beaucoup d'observateurs. Ce brillant cadre et grand lecteur à vaste culture a toujours été un homme sans problèmes, selon tous ceux qui l'ont connu. Disponible à tous et spontanément prêt à aider les plus pauvres, il est très apprécié, non seulement, de son groupe tribal mais, aussi, des autres de sa mouquataa. Issu de deux grandes villes du Trarza : Mederdra et Wad Naga, il y compte beaucoup de soutiens.
Ailleurs au Trarza et plus loin dans le pays, Mohamed compte de nombreux amis, alliés et sympathisants, politiques ou sociaux. Membre fondateur de son parti l'UPR, il l'a toujours bien servi. Lors du dernier referendum constitutionnel, il mobilisa et fit voter des centaines de personnes en faveur des réformes voulues par le pouvoir. Nul doute qu'avec sa riche carrière, son expérience et son talent, Mohamed ould Brahim ould Siyid ne sache diriger, avec compétence et dévouement, le prochain conseil régional du Trarza. " Il y réussira très certainement, comme il a toujours fait ! ", lance un militant de l'UPR à Tiguint.

SALMAN OULD MOCTAR ACHA