Mauritanie : vers des élections très décisives

22 August, 2018 - 11:44

Le pays du million de poètes  va vers des élections législatives, régionales et municipales décisives prévues le 01 septembre prochain. Celles-ci sont  caractérisées par « une explosion des ambitions politiques de la part des individus et des petits partis », selon une note du Centre  Mauritanien d’Etudes  de Recherches Stratégiques (CMERS), publiée lundi.
Un constat basé sur les chiffres clefs  d’un vote à tiroir,  avec cinq (5) scrutins d’un seul coup, impliquant une centaine de partis politiques, 143 listes au niveau des municipales, 67 listes pour les régionales, 96 listes aux législatives et  87 listes de femmes pour la seule ville de Nouakchott.
Une véritable  inflation (en référence  à l’histoire électorale du pays) dont l’explication est donnée par la participation de l’opposition dite radicale, qui avait boycotté les législatives et
municipales de novembre/décembre 2013, la présence de tous les courants de pensée, notamment les variantes  de la mouvance antiesclavagiste et  du  courant nationaliste négro-africain.
Signalons cependant  que seule l’Union  Pour la République (UPR) est présente dans toutes les circonscriptions et pour toutes les consultations.  Ce qui en principe donne un bonus politique non négligeable.
Un avantage à relativiser cependant,  du fait d’une autre réalité. En effet, pour  bien des observateurs,   la principale cause  du phénomène   de « l’inflation » des listes  en lice pour les  élections du 01 septembre 2018, est surtout imputable  aux nombreuses frustrations nées des investitures du principal parti de la majorité.
Celles-ci sont le  fruit  d’un choix vertical contesté à la base dans de nombreuses localités. Ce qui provoque  l’inévitable irruption de la donne tribale, massivement présente dans toute bataille politique locale, et même de dimension nationale.
Le document estime que ces élections vont se dérouler « dans des circonstances sociopolitiques exceptionnelles  qui font que leurs résultats directs ou indirects, donneront des indications sur l’orientation  que  prendra un pays à la croisée de nombreux questionnements  relatifs à l’alternance, la nature du contrat social entre les différentes composantes, la place des formations  politiques et leur rôle,  à moins  d’une année d’une  élection présidentielle décisive marquée par des supputations  relatives  à l’identité du dauphin du président en exercice ».
Mohamed ould Abdel Aziz   achève un deuxième et ultime mandat, du fait d’une disposition constitutionnelle  qui ne laisse  aucune perspective de révision de la loi fondamentale  du point de vue du droit.
Par ailleurs, le document du CMERS ajoute que ces élections coïncident avec « une montée en puissance de la politisation des revendications sociales  des catégories de la population ayant subi des injustices historiques, sur fond  d’une sourde compétition régionaliste pour le contrôle du pouvoir. Ces deux (2) facteurs nouveaux s’ajoutent au vieil  ancrage du tribalisme politique.
Un élément  qui constitue une menace  contre  l’exercice citoyen du vote ».

 

       Quelle future  majorité à l’hémicycle ?

 

La note de l’institution aborde enfin la lancinante question relative à l’identité du futur vainqueur qui disposera de la majorité à l’assemblée nationale. Le parti au pouvoir, l’Union Pour la République (UPR) « obtiendra-t-elle une  majorité écrasante  au vu de l’intérêt accordé au vote par le président Mohamed ould Abdel Aziz ? Cet intérêt serait-il   lié à une volonté de maintenir une influence active  sur la scène politique ? ».
Pour le CMERS, cette dernière interrogation « soulève la probabilité de l’évolution vers un régime parlementaire, et l’éventualité de faire élire un successeur  soutenu par une alliance dominante » dont la locomotive resterait  l’UPR.
Ou au contraire, la présence de l’opposition dite radicale, notamment le Rassemblement des Forces Démocratiques (RFD), le Forum National pour la Démocratie et l’Unité (FNDU) et des islamistes de TAWASSOUL, permettra-t-elle  à cette  mouvance,  de disposer d’un tiers bloquant à l’assemblée nationale pour s’opposer  à toute velléité  pouvant conduire  vers un changement de régime?
Le Centre Mauritanien d’Etudes et de Recherches Stratégiques (CMERS) est une institution officieuse considérée comme proche du gouvernement, dirigée par Dahane ould Ahmed Mahmoud, un officier à la retraite, qui fut directeur de la marine nationale et membre d’un organe militaire d’exception ayant  dirigé la Mauritanie au début des années 1980.
                         Cheikh Sidya, correspondant à Nouakchott
Source : 360 Afrique