Autour d’un thé : Cette année est une année

30 August, 2018 - 04:18

Il y a longtemps, très longtemps, au temps où les animaux parlaient et où les « portes » des tentes étaient « comme ça », vivaient paisiblement, dans un certain village, des populations complètement naïves et dépassées dont usait et abusait un puissant chef venu comme ça, par hasard, à la faveur de circonstances tellement exceptionnelles que personne de ce village ne pouvait véritablement rien en expliquer. Hommes, femmes et jeunes rivalisaient d’hypocrisie et de mensonges, pour plaire au chef qui était loin d’être le plus intelligent mais de loin le plus machiavélique qu’il arrivait à maintenir le cap, sans prendre l’avis de personne. Il n’en faisait donc qu’à sa tête. C’était comme ça, dans ce village. Le seul rival du puissant et omnipotent chef était un certain marabout en qui tout le monde croyait. En fait, une sorte de charlatan qui savait lire l’avenir. C'est-à-dire prédire les choses avant qu’elles n’adviennent. La prophétie de l’emblématique marabout des gens se limitait à une phrase : « cette année est une année ». Il ne prenait ainsi aucun risque de se tromper et le chef farfelu envoyait souvent ses naïfs sujets le consulter pour savoir comment serait l’année. Était-elle bonne, en termes d’abondance de pâturages et de récoltes, le marabout disait aux gens émerveillés : « c’est ça, je vous l’avais bien dit, cette année est une année ». Et quand rien n’allait : pas de pluies, donc pas de pâturages ni de récoltes, le marabout disait aux gens ébahis : ‘’C’est ça, je vous l’avais bien dit, cette année est une année ». Un peu comme un chauffeur avec qui je voyageais, un jour, vers Néma, et qui me dit, après avoir observé quelques nuages : Oh, oh, ce soir, il va pleuvoir ou il ne va pas pleuvoir ». Comme quoi, c’est depuis longtemps qu’on a ici, chez nous, avant la France et son général, notre Lapalisse national. Tout ça pour vous dire que, moi, je vais prophétiser comme le marabout des gens : l’année 2019 sera l’année 2019. Un peu comme l’année 2009. Pourquoi ? Parce que. C’est cyclique, le piège à cons où tombent nos oppositions. Qui croyait, en 2009, que le candidat Aziz qui venait à peine de s’auto-recycler en « démocrate » allait passer au premier tour ? Juste cinquante-deux pour cent. Histoire de laisser aux autres (les opposants) un certain pourcentage qui ne servait absolument à rien. Mais ils eurent, quand même, leurs yeux pour pleurer, d’abord, constater les dégâts, ensuite, et hiberner, enfin, en attendant de se faire « retromper », pour la énième fois, dix ans plus tard. Mais, bref, cette année sera une année. Comme disait le marabout des autres.  Si, au soir du 1er Septembre, il y aura un raz-de-marée de députés élus en faveur de l’Union Pour la République et de ses partis satellites, avec plus de cent vingt à cent trente sur les cent cinquante-six parlementaires, le second tour sera déjà joué. Mais si, comme le 17 Mars 2017 (affaire Sénat et amendements constitutionnels) il y a surprise, cette année sera une année. Il y a Ould Abel Aziz. Il y a Birame. Il y a Bouamatou. Il y a l’opposition. Le premier est en campagne. Le second est en prison. Le troisième est en exil. La quatrième est en erreur. Mais c’est de tout ça qu’est fait le monde. Pas d’élections sans campagne. La place des criminels transfrontaliers, c’est où la prison ou l’exil. Et l’erreur est humaine. Cette histoire d’il n’y a que les imbéciles qui ne changent pas ou que le « libre » « ne se fait pas mordre deux fois dans le même trou » est très discutable. La preuve. Les « libres », les esclaves, les guerriers, les marabouts, tous se sont fait mordre, plusieurs fois, du même trou. Puis ils se laissent aller des confusions, genre : le président ne doit pas aller en campagne. « Y a pas qui peut bien le gratter, pour le varioleux, que lui-même » Et « le messager peut faire refroidir le pied sans refroidir l’âme ». Puis la Direction, c’est comme un corps : y a le tronc, les membres et la tête. Ça doit aller ensemble. Et ce n’est pas pour dire que le poisson, ça pourrit par la tête. Salut. 

Sneiba El Kory