Elections 2018 : Boghé risque de tomber

10 September, 2018 - 00:00

Selon les résultats provisoires proclamés par la Commission Electorale Indépendante tard dans la soirée du samedi 8 septembre 2018, l’Union Pour la République va affronter à Boghé dans un deuxième tour très aléatoire une très forte coalition AJD/MR/Tawassoul conduite par le colonel ophtalmologue retraité Sid ‘Ely Ould Ahmedou qui a failli  le faire chavirer dès le premier tour. Plusieurs raisons expliquent cette déroute du parti au pouvoir dans une ville qui dispose pourtant de beaucoup de cadres (le ministre de la défense, la ministre du commerce et du tourisme, le SG du ministre du pétrole, l’ambassadeur de la Mauritanie au Brésil, le trésorier général adjoint, trois généraux retraités et bien d’autres) qui n’auraient, de l’avis de beaucoup de ses ressortissants, pas voulu mettre la main à la poche pour sortir le magot nécessaire pour convaincre la réticence de leurs militants fatigués par des promesses ante-électorales généralement sans lendemain. Il ya aussi le fait  que le choix des candidats pour briguer les postes de députés et de maire de Boghé ne fait pas l’unanimité au sein même des cadres locaux de l’Union Pour la République. Le choix de l’UPR du transfuge de l’UFP Bâ Adama Moussa n’a pas été bien accueilli et a même été considéré comme un manque de confiance exprimé à l’égard de ceux qui n’ont jamais été que du côté du pouvoir depuis l’indépendance de la Mauritanie à nos jours. Il ya aussi que le profil de deux candidats à la députation dont l’un est imposé par le général Dia Adama Oumar (Ngaidé Hamath Abderrahmane) et l’autre (Malek Ainina Ould Maham) par la ministre du commerce ne convainc pas certaines tendances du parti, notamment celle dont le candidat (Yall Abdoulaye) déjà proposé a été remplacé sans autre forme de procès que celle de satisfaire la revendication du groupe des généraux. Il ya enfin que la coalition AJD/MR et Tawassoul est très représentative des populations de Boghé puisqu’elle puise dans le vivier électoral traditionnel des Halaybé et autres composantes négro-africaines historiquement opposées au pouvoir et s’allie la sympathie d’un grand électorat de la communauté Maure de la Moughataa de Boghé dont certains responsables estiment qu’ils ont toujours été lésés dans le partage des postes électifs et dans les nominations administratives. Aux élections de 2014, le parti de l’AJD/MR a trainé l’UPR à un deuxième tour dont il s’est défait très difficilement. Cette année, la campagne électorale de l’UPR a commencé tardivement à Boghé puisque plusieurs jours ont passé sans que rien ne bouge. Selon plusieurs observateurs comme D.M ou Z.A.B : ‘’la campagne n’a commencé qu’avec l’arrivée du général à la retraite Ndiaga Dieng. Avant lui, c’était très morose et on ne voyait personne bouger’’. Pendant la campagne, le général retraité a mobilisé son groupe politique de l’escale composé entre autres de Mohamed El Hadi Macina, ancien SG du Ministère de l’intérieur et de la décentralisation, du diplomate et ancien maire de Boghé, Massar Sissoko, du Dr Sy Baba Ould Hmeid, coordinateur du projet de la résilience de l’insécurité alimentaire au Sahel et autres cadres comme Daha Sy  Mohamed Ould Breihmatt, Aili Ould Abed et autres pour aller sillonner villages et campements et demander aux populations de voter en faveur de l’Union Pour la République. Cette action a certainement été salutaire et a évité au parti au pouvoir de se faire battre à plate couture au premier tour par la coalition AJD/MR/Tawassoul. Dans la perspective du premier tour, la ministre du commerce qui était coordinatrice de campagne UPR au Tagant est revenue en renfort à Boghé. Elle aurait tenu une réunion à la maison des associations où elle n’aurait pas été tendre envers les populations et les cadres sur lesquels selon les propos de la ministre une ‘’croix sera apposée’’ en cas de défaite de l’UPR. Des menaces déjà proférées en pleine campagne par le ministre de l’hydraulique qui coordonnait la campagne au Brakna au cours des meetings organisés dans les départements. A cinq jours du deuxième tour, les deux protagonistes affutent leurs armes pour une passe de celles-ci qui ne devrait pas été facile. Si d’aventure, la citadelle de Boghé tombe dans l’escarcelle de cette opposition très peu aimée par Mohamed Ould Abdel Aziz et son pouvoir, cela présagerait d’une révision de fond en comble de toute la stratégie du système dans une ville aussi symbolique que Boghé. Une nouvelle stratégie dans laquelle tous les gros responsables UPR actuels, notamment les ministres de la défense et du commerce ne devraient pas jouer des rôles prépondérants puisqu’ils devraient payer les frais d’une défaite qu’ils n’ont rien fait pour éviter.  

 

El Kory Sneiba