Le devoir arabe : plus que jamais dans le soutien à Mohamed b. Salmane, Mohamed b. Zaîd et Sissi (Troisème partie)/ Par Mohamed Yehdih O. Breideleil

20 September, 2018 - 10:39

III-      Les Nouveaux Sassanides

 

En 1975, après l’offensive des Hauts Plateaux de l’armée Nord-Vietnamienne, le dernier président du Sud-Viêtnam, installé par les Etats-Unis, Thieu, submergé par le cyclone de la débâche de son armée d’un million d’hommes et du corps expéditionnaire américain, n’eut pas d’autre issue que de s’envoler furtivement pour Taïwan , non sans avoir au préalable prononcé un violent réquisitoire contre les Américains qui l’ont lâché.

Quelques mois auparavant, le Général Lon Nol, chef de l’Etat du Cambodge, installé en 1970 par la CIA, avait fui la capitale à bord d’une machine  volante, à partir du toit de son palais, après que les implacables khmers rouges l’aient encerclé.

Sirik Matak, coauteur du coup d’Etat avec Lon Nol, eut ce mot quelques heures avant d’être saisi par les khmers rouges, devant le consul de France  en pleurs qui tentait de lui donner l’asile : ‘’je n’ai commis qu’une seule erreur : celle de croire les Américains’’.

A la même époque,  le pays le plus bombardé dans l’histoire, avant l’Irak, le Laos, connaissait la même fuite des Américains et de leurs alliés. Le prince rouge  Souphanouvong qui tient le maquis depuis douze ans à la tête des communistes du Pathet Lao sort de la grotte où il avait installé son PC. Il est proclamé président de la république. Le roi est envoyé en rééducation dans les rizières de la plaine des Jarres.

L’un des amis les plus fidèles des Etats –Unis était le chah d’Iran, Mohamed Reza Chah Pahlavi, que les Occidentaux avaient installé sur le trône du Paon en 1941, en destituant son père.

Lorsque le peuple iranien a vomi le Chah et sa corruption aux premiers jours de 1979, que les manifestations assiégeaient le palais impérial, quotidiennement , que l’armée impériale proclama sa neutralité, refusant de tirer sur le peuple, un  haut gradé américain, le Général Huyser, adjoint du Général Haig, commandant suprême atlantique en Europe, rendit visite au Chah, environ 40 jours avant l’arrivée de Khomeiny. Ce n’est, pas pour lui conseiller  de partir, mais pour lui demander quand il compte le faire. Il y’avait encore 50.000 militaires américains en Iran.

Les laquais dociles et les alliés accommodants des USA qui ont été lâchés en pleine tourmente par l’Oncle Sam ne se comptent pas, de l’Amérique latine à l’Indonésie et aux Philippines.

 

Extrêmes dévastateurs

L’un des plus pitoyables est sans doute Mobutu, un agent de la CIA, installé à la tête du Congo pour tenir ce grand pays si riche en dehors de l’histoire et du progrès. Lorsque son heure a sonné aux yeux des Occidentaux, il ne trouva même pas un ami compatissant pour essuyer ses larmes qui coulaient à flot, ni un hôte reconnaissant pour lui offrir le gîte. Il est mort dans une atroce solitude, dans la misère morale, rongé par les remords, la richesse accumulée par le détournement accentuant sa tristesse et sa peur, au lieu de les apaiser.

Voilà comment on peut finir  en comptant sur les USA et les Occidentaux en général.

Les initiatives de décision, en Amérique, ont deux sources. La première ce sont les institutions, c’est-à-dire les monstres froids qui n’ont pas de morale, ni de mémoire. L’autre source, qui est plus souveraine et plus imprévisible encore, c’est l’opinion publique. Elle est despotique. Si nous en croyons l’écrivain Stendhal ; ‘’l’opinion publique  est faite par les sots.’’ En Amérique plus que partout d’ailleurs.

En Amérique, il y a du tout, il ya certes de grands penseurs, de grands écrivains, des idéalistes de toutes les espèces et même  de celles qui se sont éteintes ailleurs. Mais toutes ces catégories ne sont pas représentatives de l’Amérique. Même les savants, les scientifiques, les ingénieurs, les chercheurs, en tous domaines, ne sont pas représentatifs. L’opinion est tenue par  l’Américain moyen et il n’est pas forcément  averti, ni instruit. C’est paradoxal, mais c’est ainsi.

Une étude publiée cette année même, 2018, fait ressortir que seize millions d’américains pensent que le lait chocolaté vendu dans les épiceries, provient des vaches marron.

Qu’est ce qui peut empêcher ces 16 millions auxquels s’ajouteraient  16 millions d’une autre espèce de croire que les Arabes sont anthropophages, d’assiéger  la Maison Blanche et d’exiger l’envoi de force et d’urgence d’une mission d’inspection pour vérifier que dans leurs congélateurs, il n’ y a pas de chair humaine ou que simplement l’horreur est avérée et qu’il faut envoyer sur leurs capitales des missiles ‘’intelligents’’ pour les dissuader d’une pratique interdite par la Bible et que les Mundugumor d’Océanie eux-mêmes, ont abandonnée.

Sans aller jusqu’à ce phantasme outré, toute rumeur moins fabulée, un tant soit peu plausible, ou toute manipulation malveillante peut entraîner une société pareille à des extrêmes dévastateurs, parce qu’elle ne craint pas d’autorité et elle n’est encadrée que par une Presse qui la caresse dans le sens du poil.

On ne peut donc se fier ni aux instances dirigeantes américaines, ni à leur opinion publique. On ne peut sortir indemne du commerce des Américains que par un miracle. Les Kurdes l’ont vérifié, l’année dernière, à l’issue d’une amitié de plus de 50 ans.

Une chose ne doit pas faire illusion : les gesticulations actuelles entre d’une part les USA et d’autre part les Iraniens et les Turcs. Elles peuvent même prêter  à conséquence pour l’Iran du fait de son verbiage démagogique à propos de la Palestine, destiné justement à amadouer les Arabes, mais aussi de l’hostilité des Israéliens à l’égard du régime des Mollahs. Mais il n’ya  pas d’incompatibilité fondamentale entres les Américains et les Iraniens, si on enlève à ces derniers leurs turbans. Enlevez aux iraniens le rôle d’épouvantail que joue Khamenei et la lune de miel revient entre les Américains  et notre voisin de l’Est  comme elle l’a toujours été, c’est-à-dire intime.

 

Obscurantisme politique

Les Iraniens et les Turcs n’ont jamais été allergiques à Israël et ont vécu en bonne intelligence avec l’Etat hébreu depuis son existence. L’incompréhension est due à leurs prétentions à diriger la région et à ne plus se contenter de manger dans la main d’un maître. Il y’a un prix à payer : celui de prendre ses distances à l’égard d’anciens alliés, déconsidérés dans la région  et de tenir un verbiage de nature à attirer les Arabes, en plein désarroi. Dans ce jeu, les Américains sont bien autorisés à pincer de temps en temps  l’oreille des Turcs et des Iraniens.

L’incompatibilité des Occidentaux avec les Arabes, elle, est fondamentale. Les Arabes sont rejetés, quels que soient leurs dirigeants ou leurs régimes politiques. C’est même une question de civilisation où entrent les réminiscences du passé lointain et des scories de la période contemporaine.

Quelle part ont les Sarrasins dans la conscience collective et les luttes des Croisés, bénis par le Pape, et rejetés de la Terre Sainte, il y a des siècles ? Quelle part à la diabolisation des ‘’Fellagas’’ dans les années 1950 au Maghreb et la haine que la Presse a entretenue  pendant si longtemps? Quelle peur injustifiée gardent les Occidentaux des discours incendiaires de Nasser, présenté comme un nouvel Hitler ?

Quelle surprise  amère a laissé dans les consciences occidentales la position de Fayçal et à sa suite les Emirs du Golfe, en 1973 – 74, sur le pétrole et la peur de retourner au transport à cheval et à l’éclairage à la bougie ? Toujours est-il que Fayçal a été assassiné sur ces entrefaites.

Il y a peut être plus. Il faut chercher d’où nous vient cette ‘’malédiction’’,  que notre zone est l’un des principaux foyers de tempête et d’inquiétude pour les Occidentaux et qu’ils refusent de dialoguer avec nous et n’acceptent l’amitié que nous leur offrons, sans même de conditions, que du bout des lèvres, et encore à un prix exorbitant, qui ressemble   fort à un chantage dans une prise d’otages.

Israël et son hostilité n’expliquent pas tout. Si c’était seulement Israël, c’eût été dans l’intérêt de ce protégé chéri qu’ils acceptent notre amitié pour mieux ménager, dans la confiance réciproque , une issue au différend  israélo-arabe.

Le problème risque d’être plus insoluble, d’être une appréciation prospective  qui considère notre potentiel humain, économique et stratégique quantitatif, voué, par nature à évoluer vers le qualitatif, dans 30 ou 40 ans, et d’être en lui-même un danger potentiel, une menace latente, pour leur position dominante, qu’il faut entraver  coûte que coûte, par une espèce d’obscurantisme politique avant qu’il ne se révèle une nouvelle Chine.

Mais nous n’en sommes pas là. Une nouvelle fois, pour notre existence en tant que peuple autonome, qui peut se moderniser, qui peut se développer, qui peut résoudre simplement ses problèmes élémentaires de vie, il faut d’abord échapper  aux tentatives immédiates, à l’offensive d’autres sous-développés de nous dominer, de nous diriger.

Si nous sommes prédestinés  à être dominer, mieux vaut  l’être par des gens civilisés et intelligents qui y mettent au moins les formes, en enrobant leurs agissements et leur rhétorique de quantité de considérations comme les droits de l’homme, les droits des peuples et qui ne piétineront pas l’Habeas Corpus.

Il est temps pours les Arabes de prendre leurs responsabilités, tous les arabes, dirigeants et citoyens.

Lorsque les Arabes se sont ressaisis après la tombée de la nuit turque sur eux- sous le nom de califat Ottoman – et ont compris quelque peu la nouvelle marche du monde, ils se sont jetés, quels que soient leurs positions, dans la lutte anti-Ottomanne. Même les théologiens, avant que les nationalistes arabes d’étiquette ne se constituent, ont pris leurs responsabilités. Les prêches du fameux théologien Mohamed Abdel Wahab ont été les premières, selon les historiens, à ébranler la domination turque dans la presqu’île arabique.

A l’heure actuelle, quelques rares dirigeants ont eu la lucidité et le courage de prendre la tête du combat : Le Prince Mohamed Ben Salmane, le Prince Mohamed Ben Zaïd et le Président Sissi n’ont pas accepté de baisser la tête devant le danger. Ils ont ranimé l’espoir et créé la confiance. Le grand penseur, théoricien  du nationalisme arabe, Michel Aflaq, que beaucoup ne connaissent que de nom, mais dont l’œuvre est une source incomparable de force pour celui qui pense à la Nation arabe dit : ‘’ il suffit qu’un seul individu arabe ait confiance en lui-même pour que toute la nation arabe ait confiance en elle-même ‘’.

Le devoir de tout arabe sincère et honnête vis-à-vis de sa partie arabe, dans cette étape si cruciale, est d’être  de corps et, s’il  ne peut, de cœur avec Mohamed ben Salmane, Mohamed ben Zaïd et Sissi.

Dans ce combat, la sagesse élémentaire exige que tous les facteurs et tous les tuteurs de résilience soient renforcés.

D’aucuns voient ce renforcement par une action informelle mais suivie, sous la forme de congrès sectoriels ou généraux arabes visant à créer la cohésion et l’appui au Prince Mohamed ben Salmane, au Prince Mohamed ben Zaïd et au Président Sissi et à éclairer le chemin pour tous les citoyens arabes.

D’autres ont tendance à croire que la force viendrait, serait extraite, de réformes institutionnelles au niveau des Emirats Arabes Unis et du Royaume d’Arabie Saoudite et notamment par la promulgation de Constitutions et la création de parlements élus, ses réformes pouvant aller jusqu’à la suppression du terme saoudite dans le nom du royaume.

D’autres encore estiment que la force de Mohamed ben Salmane est tributaire de l’amélioration des conditions de vie de la masse populaire dans les campagnes, les villages et la périphérie des villes.

Ce genre de politiques et de réformes relève naturellement de la seule appréciation et de la seule responsabilité des dirigeants concernés.

Ce qui est général, et concerne tous les Arabes, la tâche actuelle la plus urgente et la plus exaltante, est de faire front commun et d’apporter appui et soutien aux hommes qui refusent que les Arabes, une nouvelle fois, perdent leur âme et la notion même de leur nationalité, de leur appartenance civilisationnelle, devant l’arrogance et la perfidie des nouveaux Sassanides, en mal de revanche.

C’est seulement en rejetant les Perses hors de nos frontières que notre existence aura un sens et que nos aspirations à la dignité et à la liberté seront fondées. A ce moment-là, le projet majeur qui veut réconcilier les Arabes avec l’histoire , c’est-à-dire la marche créatrice du temps historique, les réconcilier avec  les exigences de la vie et les réintroduire dans l’axe de la civilisation, prendra pleinement toute sa signification.

 

M.Y.B