Boubacar Messaoud à l’ouverture du 3e congrès ordinaire de SOS Esclaves

29 September, 2018 - 23:43

« SOS –Esclaves adopte une approche pacifique basée sur la légalité et le respect des textes et lois en vigueurs dans le pays, sans jamais accepter  ni la moindre concession, ni la moindre compromission »

C’est sous ce thème que s’est ouvert, hier vendredi 28 septembre 18, à son siège central de Nouakchott,  le 3e congrès ordinaire de l’Ong SOS Esclaves. La petite cour du siège a refusé du monde : des  responsables  des organisations  de défense des droits de l’homme, de la société civile,  des présidents de partis politiques, des  syndicalistes, des partenaires au développement et la presse ont  tous  honoré de leur présence cette cérémonie d’ouverture.

Ce fut l’occasion pour le président de SOS Esclaves, M. Boubacar Ould Messaoud  de renouveler, d’abord  l’engagement  de son organisation de demeurer, comme toujours, une organisation  de lutte pour la promotion  et pour l’éradication de l’esclavage en Mauritanie, en particulier, à travers, un soutien inconditionnel à toutes les victimes de violation, quelles que soient leur origine sociale, contre toutes les oppresseurs de quelques  communautés qu’ils  soient. Il a ensuite  dressé un bilan d’étape  de l’une  des organisations de défense des droits de l’homme, les plus dynamiques  du pays en particulier dans la lutte  pour l’éradication de  l’esclavage  dans  toutes  ses formes,  au sein de toutes les communautés en Mauritanie. Un processus  enclenché, rappelle Boubacar  Ould Messaoud  bien avant la création, en 1995 de SOS dont l’objectif est de contribuer à l’édification d’une Mauritanie réconciliée avec elle-même, départie de toutes les formes d’injustice. C’est donc, une affaire de tous, a-t-il martelé. En dépit des difficultés, pour ne pas dire des hostilités  rencontrées,  SOS  poursuit son combat, bon an mal an  et a réussi, contre vents et marées,  a entretenir l’espoir chez des  victimes de cette pratique abjecte, mais aussi  d’autres  violations des droits humains, ceci grâce à l’appui des partenaires au développement et au dynamisme de son équipe dirigeante et de ses démembrements, aussi bien à l’intérieur du pays qu’à l’extérieur. Boubacar Messaoud a profité de l’occasion pour adresser ses remerciements à l’ensemble des partenaires, qui, sans eux, SOS  n’aurait pas pu prospérer.

Au chapitre des réalisations  et donc des acquis, le président  a  indiqué la mise en  en œuvre de 18 projets  dans  8 régions du pays, grâce à l’appui de ses partenaires, notamment  Anti Salaverry  International  ou Minority Rights Group. Ces projets ont permis de prendre en charge , l’assistance juridique, la  libération et  le convoyage des victimes,  la mise en place d’un  fonds d’urgence contribuant à leur réinsertion, le renforcement  des capacités de groupes  d’aide et de soutien , la mise d’un plaidoyer  pour  les communautés  autour de la législation etc.

Au plan judiciaire,  SOS a, à son actif,  plusieurs  procès  opposant  des victimes d’esclavage  à  leur  maître,  comme  elle a  réussi à sortir  d’esclavage de nombreuses personnes.  Dans ce cadre,  Boubacar Messaoud  a cité  de nombreux cas dont  celui de  Said et Yarg, tenus  en esclavage par  Mme  Oumelmounine Mint Ahmed Vall, celui de  Salma Mint Ahmed kory  et Oumou el Id mint Salem Teyvour , de Rabi’a et de ses sœurs … SOS dispose  aujourd’hui  d’expertise en  matière de  questions liées à l’esclavage  par ascendance, d’une importante banque de données sur la question, se réjouit  son président.  Le président de SOS  a affirmé que   SOS  entretient 132 personnes  bénéficiant de rémunérations, d’indemnités  ou de contribution au transport et communication.

Au chapitre des difficultés, le président Boubacar Messaoud a  relevé  les  réticences du pouvoir à  nouer   un dialogue constructif  avec son organisation, déplorant  au passage,  l’absence  à la cérémonie de ses  représentants  pourtant officiellement invités,  excepté celui du ministère  de la justice. Autre obstacle, les   difficultés  à acquérir le  statut de partie civile, la non-indépendance de la justice, la requalification des cas  d’esclavage soumis  en  conflit de travail,  la complicité implicite ou explicite de nombreux responsables de l’administration, de la sécurité, de la justice  face aux pratiques esclavagistes, l’absence de fonds d’insertion, de centre d’écoute….

Boubacar Messaoud a  enfin saisi  l’occasion  pour rendre un hommage appuyé à ceux qui ont contribué à la création de SOS, à son expansion,  et  qui, héla,  ont tiré leur révérence. Il  a cité, entre autres,  l’ambassadeur Said  Hammody, Niang Abdoul Aziz,  mais aussi le juge du tribunal pour esclavage de Néma,  Me Bâ Aliou, rappelé à Dieu, la veille du congrès.

Le 3e congrès de SOS s’étale sur 3 jours pendant  lesquels, les  participants  venus d’un peu partout, plancheront sur différentes thématiques et procéderont au renouvellement des instances de l’organisation.