Succession d’Aziz : Le puzzle

7 November, 2018 - 21:04

Après avoir  quitté la Primature, Ould Hademine qui dirigeait l’un des gouvernements les plus décriés de la République sous l’ère Ould Abdel Aziz, a hérité du poste de ministre d’Etat, avec, semble-t-il, un bureau assez exigu, près de  la salle des conseils des ministres. Il participera aux réunions hebdomadaires du gouvernement Ould Béchir.  Ould Hademine pourrait, comme le supposent certains observateurs, gérer la présidentielle pour le dauphin présumé d’Ould Abdel Aziz, le général Ghazwani. D’autres  croient déjà savoir qu’Ould Abdel Aziz aurait plutôt jeté son dévolu sur ledit ancien PM, Ould Hademine. Supputations, supputations…

Même si un ancien officier de l’armée parle de « repli tactique » du Président préparant, en bon officier, la réplique, après des ennuis de sa troupe,  Ould Hademine  ne  serait pas tombé en disgrâce, comme certains  voudraient  le faire croire. Fidèle et loyal à Ould Abdel  Aziz, Hademine n’aurait donc pas dit son dernier mot. Il compterait, dans le puzzle de celui qui l’a sorti de l’ombre de la SNIM, avant de le bombarder ministre  de l’Equipement  et des transports puis de le consacrer Premier ministre, après avoir réussi à pousser dehors son rival, Moulaye Mohamed Lagdhaf.

La nomination d’Ould Hademine en ministre d’Etat, avec bureau au Palais, et d’Ould Ghazwani  en  simple ministre de la Défense – troisième dans le rang gouvernemental – Ould Abdel Aziz  n’aurait-il décidé de réduire l’influence de son potentiel dauphin  tout désigné ? Que nenni, rétorquent  certains : le Président Aziz viserait plutôt à protéger son dauphin qu’il ne pouvait laisser « dans la rue », après son  départ de l’armée. Une position qui pourrait cependant  le fragiliser. Ou, tout aussi bien, l’endurcir : avec un poste  au sein du gouvernement, le général à la retraite assiste aux conseils des ministres et s’exerce aux  fonctions gouvernementales. Il pourra  ainsi recevoir, dans son bureau, toute l’élite politique persuadée que le Président a arrêté son choix sur lui. Cerise sur le gâteau, Ghazwani gardera l’œil sur l’armée et, au-delà, sur le G5 Sahel  qu’il  a contribué à mettre en place. Ses rapports avec les présidents de ce regroupement s’en raffermiront-ils ? Mais il ne faut pas oublier que le rôle de ministre de la Défense est mineur, comparé à celui de la Grande Muette dont le véritable commandement relève du chef d’état-major et du  président de la République. C’est pourquoi le choix du prochain patron des armées est-il très attendu. Mais en revanche, Ould Ghazwani  sera lui aussi sous l’œil  et la coupe de son ami Président  qui garde la main haute sur l’armée et son  BASEP.

Selon différentes sources concordantes, le général  Ghazwani  est considéré comme  le « meilleur successeur » d’Ould Abdel Aziz, en 2019, ce qui  prouve  le peu d’empressement des chancelleries occidentales, européennes surtout, à l’égard de l’opposition politique. L’homme  jouirait de grande estime et respect, au sein des corps de l’armée et de la sécurité. Il est  discret, comme doit l’être un chef. Il est issu d’un grand ensemble tribal de l’Est  du pays. L’homme jouirait également d’une certaine sympathie au sein même de l’opposition. Une aura qui risque fort de se transformer en  tendon d’Achille ? Le  PM et nombre de ministres viennent de ce  côté-là du pays, une partie de l’opposition pourrait lui prêter allégeance. Des rumeurs ont fait état du soutien que pourrait lui apporter un des plus  importants partis de l’opposition dite radicale, ce ne manquerait certainement pas d’irriter Ould Abdel Aziz. Il faut y ajouter que certains  partenaires  étrangers  verraient  en lui un bon successeur  d’Ould Abdel Aziz parce qu’il  maîtrise bien la géopolitique de la région, particulièrement en matière de sécurité.

DL