Biram recouvre la liberté : Fin d’un feuilleton

1 January, 2019 - 17:41

Après une longue journée d’un procès  à rebondissements, Biram Dah Abeïd et son codétenu Abdellahi Hussein Messaoud ont été condamnés lundi 31 décembre 2018, par la Cour correctionnelle du tribunal
régional de la wilaya de Nouakchott Sud,à six mois d’emprisonnement dont deux fermes pour « incitation à la violence et menace sur la vie» de Dedde Ould Abdellahi, plaignant.La Cour n’a pas suivi le ministère public.Dans son réquisitoire, le procureur a réclamé une peine de cinq ans ferme à l’encontre de Biram Dah Abeïd et trois ans ferme contre son codétenu Abdallehi Houssein Messaoud.
Très tôt le matin, des milliers de mauritaniennes et de mauritaniens,
militants et sympathisants du mouvement abolitionniste sont venus pour assister au procès du député Biram Dah Abeïd. « Les autorités judiciaires et sécuritaires ont déjà planté le décor du procès inéquitable en refusant l'accès de la salle du jugement aux partisans des détenus et en procédant au remplissage de la salle déjà exiguë par des personnes acquises au régime en place », alerte la communication de IRA.
Plusieurs journalistes ont été empêchés par la police d'assister au procès.
Le procès a mis du temps pour démarrer. La défense du leader abolitionniste et député ainsi que son compagnon d’infortune avait soulevé des exceptions essentiellement relatives à l’immunité
parlementaire de Biram Dah Abeïd. « Certes si Biram avait été arrêté avant les élections, il fut plus tard élu député. Et sur la base de l’article 50 de la Constitution, on ne peut plus le poursuivre si deux conditions ne sont pas remplies à  savoir le flagrant délit ou la levée de son immunité par l’Assemblée nationale. Or, ces deux conditions ne sont pas remplies» a fait remarquer Me Cheikh Ould Hindi, bâtonnier de l’Ordre National des avocats.
Le pool de la défense, constitué des  ténors du barreau demande à la Cour  d’annuler la poursuite et de renvoyer le dossier au parquet afin qu’il rectifie la procédure. La Cour opposa un niet catégorique. Elle décidera néanmoins de juger le vice de forme avec le fond. Face à cette situation, la défense demanda une suspension d’audience afin d’étudier avec  son client la stratégie de contre attaque.
Après concertation, le leader abolitionniste, jugeant l’incompétence de la Cour à le juger, demandera à avocats de se retirer. Ses derniers ne se feront pas prier. Ils quitteront la salle d’audience. Ils seront suivis par les militants et sympathisants de IRA. « Nous ne pouvons pas cautionner une telle mascarade. En conséquence, le tribunal ne peut pas le (Biram) juger en tant que député», lâche Me Fatimata M’Baye du pool de la défense.
Au moment où personne ne s’y attendait, un coup de théâtre se produisit. Dedde Ould Abdellahi décida de retirer sa plainte. Après avoir matérialisé sur un bout de papier son acte, il quitta furtivement le parquet accompagné par un proche.
Face à cette situation inattendue, la Cour poursuivra son audience par le passage à la barre de Abdellahi Hussein Messaoud. Après un long délibéré, le président de la Cour livrera son verdict à 22h 26. Les
nombreux sympathisants de Biram restés toute la journée devant le parquet soulagés par cette sentence  se dirigeront aussitôt vers la prison civile de Nouakchott pour assister à la sortie de leur leader.
C'est vers minuit et demi que Biram, après s'être acquitté des formalités, est sorti de la prison civile où l'attendaient ses militants.  Après une brève déclaration faite par  le leader abolitionniste, le cortège s'est  ébranlé vers le domicile du député au pk 10. Biram va interjeter  appel contre cette condamnation.
Compte rendu THIAM Mamadou