Mauritanie : Gare aux pyromanes !

1 January, 2019 - 22:57

Depuis quelques années, la question nationale, pour certains,  la cohabitation entre les différentes communautés pour d’autres, est revenue avec force et inquiétude sur la scène nationale. La question de l’esclavage ou de ses séquelles  et le passif humanitaire constituent une épine dans les pieds de l’unité nationale. Les tenants du pouvoir  manifestent peu d’intérêt  pour apporter des solutions efficaces à ces deux questions majeures du pays. Si un arsenal juridique important a été adopté pour régler le problème de l’esclavage ou des séquelles, les organisations de défense des droits de l'homme ou de descendants d’esclaves exhibent de temps en temps  des cas  dans le pays ; l’agence Tadaamoun créée justement pour prendre ces questions en charge est accusée  de  travailler  sans concertation avec les intéressés, et  les  descendants d’esclaves, comme les négro-africains  accusent  le système qui gouverne le pays des les marginaliser dans tous les secteurs d’activités (économie, sécurité, administration...). Dans leurs manifestes  et autres communiqués, ces deux communautés épinglent les nominations  à « caractère  raciste ». Les propos  prononcés pendant la dernière campagne des municipales, régionales et législatives, selon lesquels certaines  personnes n’ont pas leur place à l’Assemblée Nationales  restent en travers la gorge de certains  responsables de partis politiques de la communauté noire.  La question s’est même invitée récemment  à l’Assemblée Nationale. Et la dernière  à sonner la charge a été Mme Coumba Dada Kane,  députée  de Sawab, vice-présidente de IRA  qui a  déclaré que les écoles d’excellence  et les écoles militaires sont la chasse gardée d’une seule communauté du pays. La communauté noire ne cesse de crier à l’exclusion depuis le règne d'Ould Taya phagocyté par des extrémistes.  Peu avant, c’est toute l’opposition réunie au sein du FNDU qui  a dénoncé, au cours d’une conférence de presse,  la marginalisation de la composante noire du pays, ceci après la publication de la liste du gouvernement de Mohamed Salem Béchir.  Et le  récent  Tweet  de  Samory Ould Beye secrétaire général de la CLTM et président du Mouvement El  Hor qui a suscité une levée de boucliers du côté du pouvoir, pour une passe d'armes intervenue au cours de la réunion au ministère de la fonction publique et du  travail  avec les syndicats, est venu rappeler aux uns et autres, les menaces réelles  qui pèsent sur la cohésion du pays. C’est dire que la tension est perceptible; des altercations auxquelles on assiste souvent  dans les transports en commun  et dans la rue invitent à la prudence. Et ce n’est probablement pas une simple marche d’un parti politique, fut-il du pouvoir qui va désamorcer la tension, d’autant plus que  c’est ce parti  qui  appelle  ouvertement, depuis quelques semaines,  à violer la Constitution  et  à parjurer.  Les militants de l’UPR  poussent le président de la République  dont le 2e et dernier mandat arrive à sa fin en juin prochain, à faire modifier la Constitution pour briguer un 3e mandat, avec tous les risques que cela pourrait comporter pour le pays.  Il  ne faut pas jouer  à la politique de l’autruche ; il faut  plutôt  oser mettre les   questions qui fâchent  sur la table et en debattre sans  arrière pensée.  L’appel au dialogue  lancé par le  FNDU, le 31 décembre,  pour débattre  des questions  qui  impactent sur l’avenir de ce pays  est à tout point de vue  à  saluer. On va vers une présidentielle et  il  est du devoir de tous les acteurs politiques  et  de tous  les  patriotes d’œuvrer  pour la préservation de   la cohésion de notre  pays.