Le Capitaine à la retraite Breyka Ould M’Bareck, ancien membre du CMSN : ‘’Le président a agi pour mettre fin au désordre provoqué par le démarche négative de certains députés pour tripatouiller la constitution’’

31 January, 2019 - 01:13

Le Calame : Le Président de la république a mis fin aux nombreux appels à un 3e mandat dont la dernière est celle des députés. Pourquoi maintenant alors que des ministres et autres personnalités avaient appelé à un 3e mandat ?

 

Breyka Ould M’Bareck : Je pense que l’important est le fait d’avoir mis fin à toutes ces initiatives et à tous les appels. Cette action a été entreprise par des forces gérontocratiques et autres qui plombent tout. Nous sommes dans une société folle, la folie est un décalage entre ce qu’on dit et ce que l’on fait.

Pour soigner cette société, il faudra travailler à réhabiliter ce qu’il y a de meilleur dans notre culture en essayant en même temps d’importer quelque chose. Il faudra revisiter nos pratiques.

Toutes les institutions sont en crise : la famille, l’école et même les relations interpersonnelles.

L’identité est en crise, l’institution religieuse est en crise. On ne sait pas où on va.

L’action de tripatouiller la constitution c’est encore une escroquerie.

Je parle d’une société anthropophagique qui ne veut pas changer et qui veut entraver tous les réseaux sociaux d’aspiration aux changements.

Personnellement je crois que Monsieur le Président Mohamed Ould Abdel Aziz se conformera aux  articles 28 et 29 de la Constitution afin de respecter le serment tenu lors de son investiture.

Monsieur le Président de la république a toujours souhaité que la Mauritanie soit classée parmi les pays émergents. Or dans l’Histoire de l’humanité, les pays se sont développés avec les ressources humaines.

Ce n’est ni le gaz, ni le pétrole, ni l’or qui développent un pays, ce sont les ressources humaines qualitatives capables d’inventer et de réinventer, capable de compétir dans un monde devenu cynique.

 

 

Cette décision a été prise par le Rais qui se trouve à l’étranger. Qu’est-ce qui a précipité cette décision ? Y’avait-il péril en la demeure ?

 

        A mon avis, avant le voyage de Président de la république aux Emirats, la situation au pays était à déjà à son paroxysme, c’est pourquoi, il a pris toutes les dispositions idoines pour agir le moment venu, même s’il est encore à l’étranger afin de préserver le climat politique et social.

Compte tenu du désordre provoqué par le démarche négative de certains députés pour tripatouiller la constitution, il a jugé nécessaire avant son retour de réagir énergiquement pour :

a – tenir compte de la dynamique de la classe politique qui pourrait voir se renforcer l’axe du front de refus.

b – réitérer  à la communauté internationale son engagement de respecter la Constitution.

c – rassurer toute la communauté des Forces Armées et de Sécurité (sur les rangs et retraités), mis en mal par le comportement et l’action des députés zélés de la Majorité présidentielle.

d – tenir compte éventuellement de l’avis de son partenaire dans le dernier dialogue inclusif le Président Messaoud Ould Boulkheir, Président de l’APP qui s’est retiré seul du Palais des Congrès pour protester contre l’introduction d’une modification éventuelle de la Constitution afin de déverrouiller l’article 29. 

Le retrait de l’APP a failli faire capoter tout le dialogue inclusif.

 

 

Pensez-vous, comme le disent les rumeurs que l’année à joué un rôle dans cette décision ?

 

J’ai effectivement remarqué que dans certains organes d’information, il y a des commentaires que je qualifierais de fantaisistes relatifs aux réunions des conseils et comité de défense nationale (article 34 de la Constitution).

Je précise que nul ne peut parler de ces organes s’il ne connait leur composition, leur rôle et leurs prérogatives.

A ma connaissance, il n’y a pas eu de réunion de ces organes en l’absence du Président de république, Chef Suprême des Forces Armées.

Propos recueillis par DL